2021 10 08

* Lire aussi l’analyse de Luc MICHEL :
COMMENT APRES LA CENTRAFRIQUE, LA RUSSIE VA LIBERER LE MALI !?
Sur http://www.lucmichel.net/2021/09/23/magazine-international-afrique-media-courrier-confidentiel-comment-apres-la-centrafrique-la-russie-va-liberer-le-mali/

Après le sommet de Sotchi en 2019, les accords de coopération bilatérale entre la Russie et des pays d’Afrique subsaharienne se sont multipliés… Après la Centrafrique, le Mali est au centre de toutes les attentions, avec notamment la livraison jeudi dernier de quatre hélicoptères russes et les discussions avec le soi-disant groupe Wagner. « Le groupe wagner est un scénario médiatique occidental, explique le géopoliticien Luc MICHEL. Mais les firmes de sécurité russes existent. Comme en centrafrique. Et elles arrivent au Mali ! Macron et Biden-Harris paniquent. La guerre hybride russe continue en Afrique … »

On parle également de possibles accords avec la Mauritanie. Un intérêt accru de la Russie pour les pays d’Afrique subsaharienne qui pose question.

UN CORRIDOR GÉOGRAPHIQUE RUSSE ENTRE L’AFRIQUE DU NORD AVEC LA LIBYE OU LA MER ROUGE AVEC LE SOUDAN, VERS L’AFRIQUE CENTRALE ET LA ZONE SUBSAHARIENNE

L’intérêt de la Russie s’est tourné ces derniers mois vers l’Afrique subsaharienne. Igor Delanoe, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe à Moscou, estime que les actions de la Russie à la fois en Libye et au Soudan montrent « que les Russes cherchent à se ménager un corridor géographique entre l’Afrique du Nord avec la Libye ou la mer Rouge avec le Soudan, vers l’Afrique centrale et la zone subsaharienne. » Un intérêt qui peut être lié « tout simplement à une demande réelle de sécurité – qui peut être contestable ou discutable – de la part d’acteurs locaux qui ne sont plus forcément satisfaits de ce que leur proposent les pays occidentaux, les Américains et d’autres acteurs. »

Bien qu’il y ait la volonté d’accéder à cette zone, il y a aussi un enjeu géopolitique avec « la volonté de faire sentir à la communauté euro-atlantique – et là, c’est la France qui est la première concernée – que toute cette zone-là est un moyen pour les Russes de rééquilibrer le rapport de force par rapport à l’Europe orientale et à la zone que la Russie estime relever de sa sphère d’influence et de son pré carré qui est l’espace post-soviétique avec en premier lieu l’Ukraine, mais pas seulement, le Caucase et pourquoi pas, demain, la Biélorussie. »

DES SIMILITUDES ENTRE LA SITUATION AU MALI ET EN CENTRAFRIQUE

Après son intervention en Centrafrique, aujourd’hui c’est vers le Mali que les regards sont tournés. Les discussions autour de la signature de contrat avec une société privée de sécurité russe font couler beaucoup d’encre et, jeudi 1er octobre, le ministre malien de la Défense, le colonel Sadio Camara, a réceptionné quatre hélicoptères militaires, des armes et des munitions fournis par la Russie, saluant au passage « la fiabilité et le sérieux de ce partenaire qui nous a toujours donné satisfaction dans le cadre d’échanges gagnant-gagnant » (notre photo).

Le directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe à Moscou dresse des parallèles entre la situation centrafricaine et malienne, rappelant qu’il s’agit « du même modèle ». D’une part, souligne Igor Delanoe, « il vous faut un pays où le contexte politique intérieur est passablement perturbé, avec un pouvoir aux abois, parce qu’il fait face à une contestation populaire plus ou moins grave, en tout cas une perte de contrôle d’un certain nombre de territoires. » A cette propagande françafricaine sur les « pouvoirs aux abois » (sic), il faut rappeler ques les populations de Bangui et de Bamako manifestent depuis des mois pour l’arrivée des russes et le départ des français.

« La Russie suit le même schéma, avec une crispation française d’une part, une opération militaire qui se termine ou est déclinante. On avait le cas sur la Centrafrique, on a le cas aujourd’hui sur le Mali. On voit donc un peu le même scénario se reproduire », analyse Igor Delanoe.

LA CENTRAFRIQUE, NOUVEAU SYMBOLE DU RETOUR DE LA RUSSIE EN AFRIQUE

Depuis le début de sa coopération militaire avec le gouvernement centrafricain de Faustin-Archange Touadéra il y a trois ans, la Russie est de plus en plus présente dans le pays, de l’instruction militaire à la protection des mines et de la présidence, en passant par les douanes. La République centrafricaine est devenue en quelques mois un symbole fort de la présence russe sur le continent.

C’est une des manifestations les plus spectaculaires de la présence russe en République centrafricaine. Nous sommes ce 15 octobre 2020 sur l’une des artères les plus fréquentées de Bangui. Des centaines de taxi-motos et une foule curieuse accompagnent au son des klaxons l’arrivée de six blindés sur lesquels flottent drapeau russe et centrafricain. Ces BRDM-2, véhicules de transports de troupes, doivent désormais équiper une armée centrafricaine toujours soumise à un embargo sur les armes depuis 2014 et dépourvue d’équipement lourd. Dix autres blindés supplémentaires sont attendus alors.

Cette livraison est intervenue à quelques mois de l’élection présidentielle du 27 décembre, alors que les trois quarts du territoire centrafricain étaitalors occupés par des groupes armés qui terrorisent la population civile, avec la complicité de l’ONU.

Cette livraison russe d’armes, un don, n’est pas une première. Les premières armes en provenance directe de Moscou ont atterri sur le tarmac de l’aéroport de Bangui en janvier 2018 après des discussions entamées en novembre 2017. « La vente d’armes a donc constitué une porte d’entrée pour le Kremlin en République centrafricaine » selon Roland Marchal, spécialiste atlantiste de la Centrafrique au CERI de Sciences-Po Paris et chargé de recherche au CNRS. « Les conditions de l’arrivée des Russes en Centrafrique sont connues. Elles sont liées aux sanctions onusiennes sur la Centrafrique qui interdit l’achat d’armement. La réalité, c’est que les groupes armés étaient capables de s’approvisionner en armes via le marché d’armes du Darfour. On a eu également des armes et des munitions qui provenaient du Tchad. Et seul le gouvernement face aux groupes armés n’avait pas la possibilité de s’armer. On a voulu réformer l’armée et l’appareil sécuritaire sans donner la possibilité à cette armée nationale de réellement s’équiper », explique le chercheur. Pour se procurer des armes, le gouvernement centrafricain devait obtenir l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU. Une traçabilité des armes était exigée.

Selon Roland Marchal, les Français se sont rendus compte de ce dysfonctionnement mais de manière insuffisante et tardive. « Emmanuel Macron a proposé de donner les armes saisies à la piraterie en mer par la Marine française aux forces armées de Bangui »,et a livré des armes privées de leurs chargeurs !

«Les Russes sont présents depuis plusieurs années au Soudan et donc ils ont proposé leurs services à l’époque par l’intermédiaire de Omar El Béchir alors président. C’est Omar El Béchir qui les a aiguillés vers la Centrafrique », estime pour sa part Thierry Vircoulon, un autre chercheur atlantiste à l’IFRI, auteur d’une note sur les groupes armés en RCA.

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