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Maduro n’a pas ménagé ses efforts pour renforcer les relations avec l’Iran ces dernières années, et l’a qualifié de défi aux États-Unis.
Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications.
Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d’explications.

APRES LE PROCHE-ORIENT, LA MER NOIRE ET L’AFRIQUE, LA GUERRE HYBRIDE ATTEINT L’AMERIQUE LATINE …

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a confirmé dans une interview en 2019 que l’administration Trump pensait que le « Parti de Dieu », comme on appelle le Hezbollah, « maintient des « cellules actives » au Venezuela. Il a poursuivi en disant que « les Iraniens ont un impact sur le peuple vénézuélien », car le Hezbollah est formé, financé et équipé par Téhéran ».

Le 15 octobre 2018, le ministère de la Justice (DOJ) US a classé le Hezbollah parmi les cinq principales organisations criminelles transnationales d’Amérique latine (sic). Le chef vénézuélien Tareck El Aissami a été ministre de l’Intérieur entre 2008 et 2012, coïncidant avec la période où pas moins de 173 Moyen-Orientaux, dont certains soupçonnés d’avoir des liens avec le Hezbollah, ont reçu des passeports vénézuéliens, des actes de naissance, des pièces d’identité nationales et d’autres documents. L’associé clé d’El Aissami pour ce projet est Ghazi Nassereddine, qui était en poste en Syrie en tant que diplomate vénézuélien. Ghazi a créé la structure du réseau clandestin pour fournir une double identité aux partisans et sympathisants du Hezbollah.
Le réseau de soutien du Hezbollah au Venezuela opère depuis l’île de Margarita, au Venezuela, via le commerce transfrontalier avec Maicao, en Colombie, précédemment géré par Ali Mohamad Saleh, un financier du Hezbollah, sanctionné par l’OFAC en 2011 et 2012 .

Certains analystes des politiques de sécurité ont semblé surpris par les affirmations de Pompeo, mais ils ne devraient pas l’être. Le Hezbollah a longtemps maintenu une présence en Amérique latine, en particulier dans la zone des trois frontières, une région semi-sans-droit où convergent l’Argentine, le Paraguay et le Brésil. Mais même au-delà de la zone des trois frontières, le Hezbollah est bien implanté au Venezuela, où le groupe chiite travaille depuis longtemps à établir une vaste infrastructure pour ses activités. Par exemple, l’île de Margarita, située au large des côtes du Venezuela, est un foyer criminel bien connu où les membres du Hezbollah ont établi un refuge. Sous le régime de l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez, le gouvernement a adopté une approche plus active pour offrir un sanctuaire aux partisans du Hezbollah basés au Venezuela. Le Hezbollah a une longue histoire au Venezuela. réalisant entre 8 et 14% des bénéfices.

La dépendance du Hezbollah à l’égard des sympathisants au sein de ses communautés de la diaspora, y compris au Venezuela, a considérablement minimisé l’exposition potentielle du groupe à la détection.

Le Venezuela a maintenu des liens étroits avec la Russie sur le plan militaire. Il y a aussi la question de l’Iran. Le Hezbollah est soutenu par Téhéran qui lui fournit plus de 700 millions de dollars par an, selon certaines estimations. Le Venezuela sert de point d’entrée de l’Iran en Amérique latine, une emprise que les Iraniens ne cèderont probablement pas sans combattre. De plus, la Russie a tout intérêt à soutenir le président vénézuélien Nicolás Maduro et à le maintenir au pouvoir, compte tenu des relations de longue date entre les deux pays. Moscou a récemment mis en garde les États-Unis contre une intervention militaire au Venezuela. De plus, après avoir coopéré étroitement en Syrie, le Hezbollah est désormais une quantité connue du Kremlin et une organisation que le président Vladimir Poutine pourrait considérer comme un atout qui, à tout le moins, n’interférera pas avec les plans de la Russie pour étendre son influence dans l’hémisphère occidental. .

LA GUERRE ASYMETRIQUE DE L’IRAN :

Contrairement ce que beaucoup écrivent, la guerre asymétrique n’a pas été inventée par la Russie en Ukraine en 2014, mais par le parti-milice non-étatique Hezbollah, pro-iranien, au Liban en 2006 contre Israël… Laura-Maria HERȚA, chercheuse atlantiste, constate l’émergence des acteurs non-étatiques dans la guerre hybride au Liban : « Le terme guerre hybride est associé à des acteurs lançant des campagnes militaires contre les États. La guerre menée par Israël contre le Hezbollah basé au Liban en 2006 a été celle qui a déclenché la préoccupation pour la capacité d’un acteur non étatique, comme le Hezbollah, de constituer une menace sérieuse pour les Forces de défense israéliennes conventionnelles (FDI) non pas parce qu’il employait simplement des stratégies, mais parce que sa force force militaire combinée avec sa « politique, sociale, diplomatique et informationnelle. Des composants qui fournissent le substrat du soutien à son organisation militaire » (Hybrid Warfare – A Form Of Asymmetric Conflict », 2017). Depuis, via les partis-milices pro-iraniens Hezbollah (Liban), Ansarallah (Yemen) et Al-Hashd Al-Shaabi (Irak), l’Iran, « puissance pauvre » comme la Russie, mène une guerre hybride efficace contre ses adversaires de l’axe géopolitique Wshington-Ryad-Tel aviv et de l’axe naval Paris-Abu Dabi.

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