Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2022 09 12/ Série IV/

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En Irlande, des scènes bien différentes de celles observées au Royaume-Uni rappellent aussi la fracture avec l’ancienne souveraine britannique.

Adulée par certains et détestée par d’autres, la reine d’Angleterre a également provoqué des scènes de liesse après l’annonce de sa mort jeudi 8 septembre. Derrière La soit-disant « émotion de toute une nation », un sombre passé ressurgit. Si « l’émotion et la tristesse se seraient emparées du peuple britannique après l’annonce du décès de la reine Elizabeth II », en Irlande du Nord, la disparition de la monarque a été accueillie d’une tout autre manière.

Ce jeudi 8 septembre, ce ne sont pas les cloches qui ont sonné en Irlande du Nord mais plutôt les klaxons. Pour ce territoire rattaché au Royaume-Uni, l’étourdissante annonce de la mort de la reine d’Angleterre avait des airs de fête, comme en témoignent plusieurs scènes observées à Derry. Dans cette ville, théâtre de violents affrontements entre armée britannique et militants indépendantistes ayant fait 14 morts en 1972, les habitants sont sortis dans la rue pour célébrer cette disparition au son des klaxons de voitures et des chants de célébration, près de 50 ans après le Bloody Sunday.

Ces scènes de liesse ont également été observées à Dublin, au cours d’un match de Ligue Europa entre Shamrock Rovers et Djurgårdens au Tallaght Stadium. Les supporters irlandais ont célébré la mort d’Elizabeth II à l’aide de chants comme « Lizzy in a box » (« Lizzy dans une boîte/un cercueil »), détournement du titre « Give it up » du groupe américain KC & the Sunshine Band.

Dans le monde du football, cette fracture avec la monarchie britannique était également visible -de manière plus anecdotique -sur le réseau social Twitter, où de nombreux clubs ont modifié les couleurs de leur écusson pour signifier le deuil de la reine. Une démarche qui n’a semble-t-il pas emballé le club du Celtic Glasgow, arborant toujours son logo vert et blanc.

DERRIERE LES DORURES DE BUCKINGHAM PALACE, UN RAPPEL FLAGRANT QUE LA REINE ET L’INSTITUTION MONARCHIQUE NE FAISAIENT PAS L’UNANIMITE.

D’ailleurs, dans les heures qui ont suivi le décès de la souveraine britannique, l’introduction d’un article du Irish Times publié en mars 2021 a refait surface et en ligne.

« Avoir une monarchie à côté, c’est un peu comme avoir un voisin qui aime vraiment les clowns et qui a recouvert sa maison de peintures murales de clowns, affiche des poupées de clowns dans chaque fenêtre et a un désir insatiable d’entendre et de discuter des actualités liées aux clowns. Plus précisément, pour les Irlandais, c’est comme avoir un voisin qui aime vraiment les clowns mais, en plus, votre grand-père a été assassiné par un clown », écrivait le contributeur et écrivain Patrick Freyne pour ouvrir cet article au sujet de l’union -très médiatique- entre le prince Harry et Meghan Markle.

Sur le trône britannique durant 70 ans, la reine d’Angleterre a traversé les époques ainsi que les crises politiques et sociales qui ont ébranlé une bonne partie du XXe siècle. Après son accession au trône en 1952, la reine a pris la tête du Commonwealth, un groupe d’anciens territoires de l’Empire britannique qui s’étend sur six continents.

UN PASSE COLONIAL DIFFICILE A FAIRE OUBLIER

Et si bon nombre des 56 pays membres du bloc ont obtenu leur indépendance sous le règne d’Elizabeth II, les stigmates de la domination coloniale du Royaume-Uni sont toujours présents pour bon nombre d’entre eux. Dernier exemple en date : cette visite du prince William et Kate Middleton en Jamaïque en mars, où une simple photo du couple princier en tournée dans plusieurs pays du Commonwealth avait suscité une vive polémique.

Sur un terrain de football situé dans le quartier de Kingston, les deux membres de la famille royale avaient provoqué l’indignation après qu’une image les montrant en train de serrer des mains à travers un grillage a été publiée. Et ce, alors même que la visite de Kate et William était tournée autour de l’idée de reconnaissance du passé esclavagiste de l’Empire britannique et du désir d’émancipation vis-à-vis de la couronne britannique.

Un bon nombre d’internautes a également souligné le fait que les richesses engrangées par la famille royale provenaient en grande partie de l’esclavagisme issu du commerce triangulaire durant plusieurs siècles. Tout comme la construction ou la rénovations de certains bâtiments royaux grâce à l’argent de la traite négrière, à l’instar du Palais de Kensington à Londres, la résidence officielle du prince William et de sa femme Kate.

Gage que le sujet est particulièrement important outre-Manche, en 2020 plusieurs établissements bancaires ont demandé pardon pour leurs liens avec l’esclavage.

SOUPÇONS DE RACISME

Enfin, la séquence sur la prise de distance de Meghan et Harry avec la famille royale n’a pas vraiment arrondi les angles. La mère d’Archie et Lilibet avait dénoncé lors d’une interview avec Oprah des saillies racistes au sein même de la famille royale.

En 2021, une enquête du Guardian avait également mis en lumière les pratiques discriminatoires des institutions de la royauté. Grâce à des documents exhumés par le journal, on apprenait notamment que Buckingham Palace a longtemps interdit (jusqu’aux années 60) aux minorités ethniques d’occuper des fonctions officielles. Cette enquête levait aussi le voile sur un passe-droit accordé à la cour royale et selon lequel ses membres sont exemptés des lois portant sur la discrimination raciale et sexuelle, ravivant une nouvelle fois les critiques et les débats sur le passé controversé de la couronne d’Angleterre à travers les âges.

SA MAJESTE INHUMEE : LA FACTURE?

« Alors que le peuple et le gouvernement britanniques subissent de fortes pressions économiques, les funérailles et l’inhumation de la reine Elizabeth II et l’intronisation de Charles III, le nouveau roi de ce pays, coûteront plus de 6 milliards de livres sterling », rapporte The Economic Times. Selon The Economic Times, après la mort d’Elizabeth II, il en coûtera cher d’apporter les changements qui s’imposent. Bien que le coût des funérailles de la reine ne soit jamais officiellement annoncé, le coût du couronnement et des funérailles de la reine coûtera à lui seul à la nation britannique plus de 6 milliards de livres sterling.

Après avoir annoncé la mort d’Elizabeth II, le gouvernement britannique a annoncé 10 jours de deuil national. « Outre le fait que les funérailles de la reine coûteront des milliards de livres, les effets de sa mort sur l’ensemble du système financier britannique seront énormes », nous apprend le rapport du journal indien. Selon The Economic Times, pendant la période de deuil public, de nombreux commerces seront fermés. La Premier League a reporté tous ses matchs pour les prochains jours et le jour des funérailles, toutes les banques à travers l’Angleterre seront fermées et la bourse sera également fermée pour la deuxième fois en deux semaines.

Le journal anglophone indien a également ajouté qu’en plus de la fermeture des banques, des frais funéraires et du couronnement du roi Charles III, la mort de la reine coûtera encore des milliards de dollars au Royaume-Uni. Au cours des prochains mois, de nombreux changements doivent être apportés en Angleterre, ce qui coûtera des millions de dollars. Le changement des billets et pièces de monnaie à l’effigie de la reine et son remplacement par le profil du nouveau souverain, Charles III, ainsi que le changement des passeports, des timbres et des uniformes de police sont parmi les autres mesures coûteuses citées par The Economic Times.

Liz Truss, la nouvelle première ministre d’Angleterre, qui a officiellement commencé ses travaux la semaine dernière avec le vote des membres du Parti conservateur et l’approbation de la reine Elizabeth II, a annoncé dans un discours après son élection que « la crise de la hausse du coût de la vie » des Britanniques est la priorité de ses plans et qu’elle présenterait également « d’ici une semaine un plan global pour faire face à l’augmentation du prix des factures énergétiques (gaz et électricité) et garantir l’approvisionnement en réserves de carburant ».

RETOUR SUR L’HERITAGE CONTROVERSE DE LA REINE ELISABETH II QUI HANTE LES CARAÏBES

La vie suit son cours normalement dans les rues de Half Way Tree, un quartier populaire de Kingston en Jamaïque, ici l’annonce du décès de la reine Élisabeth II n’a pas ému les habitants, mais a plutôt rendu plus fort le désir d’indépendance auquel aspire cette colonie britannique. « Je pense que c’est malheureux, elle a vécu très longtemps et je suppose que cela en dit long sur la façon dont la famille royale est traitée au Royaume-Uni. Mais vraiment, je ne me soucie pas vraiment de la mort de la reine » souligne un habitant.

Si le pays a obtenu son indépendance en août 1962, il a été sous domination de la reine Élisabeth. En effet, la Grande-Bretagne a régné sur la Jamaïque pendant plus de 300 ans, forçant des centaines de milliers d’esclaves africains à travailler dans des conditions horribles. À La Barbade, ce passé colonial est toujours vif dans les esprits même si l’île a fait ses adieux à la reine Elizabeth II et est devenue une république en novembre 2021.

« C’est un peu bizarre, parce qu’elle a encouragé, promue et fondamentalement défendu beaucoup de choses haineuses et mauvaises, terribles, mais cependant elle a été pendant si longtemps ce symbole de pouvoir, et c’est ainsi depuis si longtemps, donc ça fait très bizarre surtout à notre époque donnée, nous avons vécu tellement de choses ces dernières années », explique un autre.


Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire – Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
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