2023 12 24

Le Kremlin «s’est félicité» lundi 18 décembre de la victoire revendiquée la veille par le parti du président Aleksandar Vucic aux élections législatives en Serbie, pays «amical» et «fraternel» selon Moscou. «Nous nous félicitons du succès d’Aleksandar Vucic», a déclaré à la presse le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.

«Nous espérons que la trajectoire d’un renforcement de l’amitié et de notre coopération (…) se poursuivra», a-t-il ajouté. Dimanche soir, le président serbe Aleksandar Vucic, en poste depuis 2017, avait revendiqué la victoire de son parti (SNS, droite nationaliste) aux élections législatives, un scrutin qui faisait office de référendum sur sa personne.

Moscou et Belgrade entretiennent des relations historiques et la Serbie, qui aspire à rejoindre l’UE, avait condamné aux Nations unies l’assaut russe de l’Ukraine, tout en refusant de prendre part aux sanctions contre Moscou.

En même temps, Belgrade compte sur le soutien de la Russie – et de la Chine – au Conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher le Kosovo, son ancienne province qui a proclamé en 2008 son indépendance, à obtenir une place au sein de l’organisation internationale.

VISION CRITIQUE DE L’OTAN

Souvent accusé de faire le jeu du Kremlin en Europe, Aleksandar Vucic, 53 ans, s’était entretenu fin août en Grèce avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, dont le pays n’a jamais reconnu l’indépendance du Kosovo. Les Occidentaux, États-Unis en tête, voient d’un mauvais œil les bonnes relations entre la Russie et la Serbie, où une partie de la population soutient Moscou et partage sa vision critique de l’Otan.

Début novembre, le directeur prorusse des services de renseignement serbes (BIA), Aleksandar Vulin, avait démissionné de son poste, quatre mois après avoir été visé par des sanctions américaines pour son implication présumée dans le «crime organisé transnational».

Washington l’avait aussi accusé d’avoir aidé la Russie à étendre son influence dans les Balkans, au détriment de la sécurité régionale. Proche du président Vucic, Aleksandar Vulin, avait été l’un des rares responsables politiques européens à s’être rendu à Moscou, en tant que ministre de l’Intérieur, après le début de l’offensive militaire russe en Ukraine en février 2022.

EN SERBIE, LE RETOUR EN GRACE DE VOJISLAV SESELJ

Le Parti progressiste serbe du président Aleksandar Vucic et le Parti radical serbe de son ancien mentor, Vojislav Seselj, se présentaient ensemble aux élections municipales du 17 décembre.

Le Parti progressiste serbe (SNS) du président Aleksandar Vucic et le Parti radical serbe (SRS) de son ancien mentor, Vojislav Seselj, se présentaient ensemble aux élections municipales du 17 décembre prochain. Et ce alors que Seselj a été condamné à dix ans de prison par le Tribunal pénal international de La Haye pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) en 2018.

En théorie, ce front uni ne vaut pas pour les législatives, du fait de la «différence des programmes». Le leader des radicaux a pour slogan «Pour la Patrie Serbie et la Mère Russie» alors que le président Vucic, en équilibriste, a annoncé que «la Serbie doit protéger sa voie européenne, ainsi que ses relations traditionnelles avec la Russie et la Chine».

En pratique, cela fait bien longtemps que l’homme fort de Belgrade, a mis en place un régime «hybride»…

LUC MICHEL /
EODE – OBSERVATOIRE DES ELECTIONS/


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