Le MEMORANDUM rendu public ce 13 mai, une date qui marque le refus de toutes les formes de haine, le refus du renversement d’institutions démocratiquement élues. Le peuple burundais a dit NON à la violence sous toutes ses formes, qu’elle soit physique ou verbale. Le Burundi a connu des périodes sombres dans son histoire, depuis l’indépendance, à cause de la négation de la démocratie. Comme si tout ce sang versé ne suffisait pas, des hors-la-loi sont venus en rajouter, 2015. Nous avons frôlé la catastrophe.

En votre nom à vous tous, qui avez géré la communication lors de tout le cheminement douloureux qu’on nous a imposé, mon hommage va s’adresser à tous les vaillants burundais qui ont payé le prix du patriotisme et ont donné ce qu’ils ont de plus cher : la vie. A ce jeune, Léonard Misigaro brûlé vif à Nyakabiga, à ce jeune Komezamahoro tué à Mutakura, à cette jeune fille Jacqueline Hakizimana violée et atrocement mise à mort à Musaga, à notre confrère Christophe Nkezabahizi, cameraman à la RTNB, son épouse et ses enfants, au Lieutenant Général Adolphe Nshimirimana à qui nous devons cette victoire, au Général de Brigade Kararuza, son épouse et sa fille, au Lieutenant-Colonel Darius Ikurakure, à ces vendeuses de légumes fauchées autour du marché central de Bujumbura, et à tous ceux qui, chaque matin, se retrouvaient emportées … je m’en voudrais de ne pas citer ces hommes de conviction et d’engagement et de ne pas mentionner leur nom dans mon allocution. Dans ce Mémorandum, nous démontrons le rôle prépondérant du Rwanda dans la préparation, l’accompagnement et l’accomplissement des opérations de déstabilisation des institutions burundaises en vue d’opérer un changement de régime favorable, avant tout, aux intérêts idéologiques du FPR et à d’autres intérêts géopolitiques et géostratégiques de certaines puissances occidentales, certes inavoués mais visibles.

Comme partout ailleurs en Afrique, ce processus de déstabilisation du Burundi s’appuie sur un contexte socio-politique marqué par :
* les frustrations de la jeunesse urbaine, fortement touchée par le manque d’emploi et malléable aux manipulations politiciennes ;
* le mécontentement d’une partie de l’ancienne élite sociale qui digère peu la consolidation d’un modèle de gestion de la société burundaise basée sur la démocratie ;
* la mise à nue des responsabilités individuelles lors des différentes tragédies qui ont endeuillé le Burundi à travers la CVR et la CNTB, instruments qui interfèrent directement sur des intérêts vitaux de certains individus qui ont géré la chose publique depuis les années des indépendances, en passant par l’épuration ethnique, en 1965, 1969, le Génocide des Hutu de 1972 et la spoliation des citoyens forcés à l’exil.

Ce Mémorandum rendu public aujourd’hui entend démontrer comment le principe de neutralité auquel adhère fortement le Burundi a été utilisé par le leadership militaire du Rwanda voisin pour planifier la mise à mort du « modèle consensuel » burundais issu des Accords d’Arusha signés en 2000 et de l’Accord de Cessez-le-feu global de 2003 qui ont défini une feuille de route dans le partage du pouvoir entre les composantes ethniques au Burundi (Hutu, Tutsi et Twa) dans l’administration politique et les forces de défense et de sécurité. Nous ne voudrions pas faire office d’historiens. Toutefois, le commun des mortels n’a aucune difficulté à saisir que dans la bourrasque des guerres fratricides qui ont endeuillé le Burundi, il y a toujours eu l’ombre du Rwanda. Nous revisitons les événements de novembre 1959, au Rwanda, Jean-Paul Harroy décrit comme « la secousse déterminante » de la révolution paysanne Hutu et la contre-révolution Tutsi, , « laquelle devait, la Belgique aidant, aboutir à la disparition du monopole Tutsi ». Cette collision meurtrière entre Hutu et Tutsi au Rwanda fit plusieurs morts et des dizaines de milliers de réfugiés qui s’éparpillèrent dans la région, Hutu compris, au Burundi. Plusieurs immigrés rwandais Tutsi s’établirent donc dans certaines régions du Burundi. En mairie de Bujumbura, certains quartiers furent littéralement envahis, comme au quartier alors appelé OCAF, actuelle Ngagara, à Mutakura, à Cibitoke, à Nyakabiga et à Musaga.

Cela expliquerait pourquoi l’insurrection atteignit des sommets de violence clairement inimaginables de nos jours, au Burundi et qu’ils soient pratiquement les seuls à s’être soulevés. Encore qu’il faut souligner que ce n’était pas tous les habitants de ces quartiers qui participaient à cette insurrection, mais ils étaient pris en otage par des individus armés qui barricadaient les routes et menaçaient d’éliminer physiquement quiconque irait au travail ou enverrait son enfant à l’école. Avant 1962, même si le Rwanda et le Burundi étaient asservis par un même colonisateur, la Belgique, n’empêche que rwandais et burundais se regardaient, à cette époque, en chiens de faïence, si l’on en croit toujours Jean-Paul Harroy qui décrit les difficultés qu’il a eu à organiser un match de football « le premier de l’histoire » entre les deux pays, le 8 février 1959 au Stade de Ngozi. Ce match se soldat par un score sévère de 4 à 1 en faveur de l’équipe burundaise.

Détails dans le document à télécharger : Mémorandum – Actes d’agression du Rwanda contre le Burundi.

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