LM pour PCN-MAKP/ 2017 01 05/

« Erdogan pense qu’il est un caliphe »
– Bachar al Assad.

Les turcs disent “le nouveau sultan”. Erdogan s’est fait bâtir un palais de 4.000 m2 et est gardé par des soldats en uniformes des différents empires turcs et des janissaires ottomans des XV-XVIIe siècle (l’apogée de l’empire des Osmanlis). Chacun de ces soldats de musée symbolise un des seize «empires» de l’histoire turque, des nomades Xiongnu de Mongolie venus jusqu’en Anatolie, au 2e siècle avant notre ère, jusqu’aux Ottomans (1299-1923), en passant par ses périodes mongoles et seldjoukides. Ceux-ci sont désormais intégrés au protocole. D’autres observateurs ont noté que le personnage qui représente l’Empire ottoman dans le détachement présidentiel est un guerrier en armes. Il est « typique de sa période de conquête plutôt que de celle de sa modernisation ». Une preuve de plus, selon le politologue Ilter Turan, « des arrière-pensées très politiques » d’Erdogan. « Il lui paraît important de capter l’imaginaire de la population en donnant l’impression que c’est le gouvernement au pouvoir qui porte la Turquie vers un statut de grande puissance ».

LA NOSTAGIE OTTOMANE COMME PROGRAMME POLITIQUE

« Depuis leur première sortie (avant le coup d’état avorté), ils sont la risée des réseaux sociaux. Mais qu’importe. Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan l’a décidé: il ne recevra plus ses hôtes de marque sans une haie de guerriers en moustaches et costumes d’époque. Pour les commentateurs, l’affaire est entendue. L’apparition de ces vaillants soldats tout en épées, boucliers et cottes de mailles est le nouveau signe d’une volonté constante du chef de l’Etat: exalter la fierté nationale et la glorieuse histoire de la Turquie ». « Cela fait quelque temps déjà que le président mobilise tous ces éléments du passé », explique Ilter Turan, professeur de sciences politiques à l’université privée Bilgi d’Istanbul. « Le symbolisme en fait incontestablement partie », dit-il.

La controverse a pris un tour plus politique (avant le tournant dictatorial du régime après le coup d’état avorté) lorsqu’une des élues du parti de M. Erdogan, Tulay Babuscu, s’était exprimée. Selon elle, cette escorte d’apparat marque le retour de l’Empire ottoman après une « oupure publicitaire de 90 an », avait-elle dit pour qualifier la République fondée par Mustafa Kemal Atatürk en 1923. Outré, un des chefs de file de l’opposition kémaliste, Umut Oran, avait immédiatement annoncé le dépôt d’une plainte contre cette « insulte ». Les commentateurs étaient aussi entrés dans la danse pour critiquer la vision de l’histoire, à leurs yeux biaisée, entretenue par M. Erdogan. « La moitié de ces seize empires datent de la période pré-islam ou d’une époque où les Turcs étaient des chamanes ou des païens », avait noté Cengiz Candar dans le quotidien en ligne Radikal. Il a reproché au chef de l’Etat sa « tendance excessive à l’affichage ».

C’est le prix fort que payent les turcs pour les rêves nostalgiques du Sultan islamiste néo-ottoman Erdogan, qui a liquidé la politique européiste réaliste des Kémalistes laïques avec son régime islamo-conservateurs AKP.
Le premier ennemi de la Turquie c’est Erdogan et son régime !

LM / PCN-MAKP – PCN TURQUIE
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