LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/

Luc MICHEL pour EODE/

Flash géopolitique – Geopolitical Daily/

2017 11 16/

« Ce terme de soft power possède une connotation particulière : il sous-entend l’expansion, la violence, la contrainte. Ce n’est pas par hasard que cette notion va de pair avec le hard power. Et ce n’est pas par hasard, non plus, que ce terme nous vient des États-Unis »

– Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France.

Il y a une conception russe du « soft power », basée sur la dimension culturelle ou ce que les Français appellent « la diplomatie culturelle ». Bien loin de la version agressive du « soft power » américain, dimension de la puissance géopolitique agressive et de la guerre culturelle. C’est l’agression occidentale qui a mené Moscou à développer une dimension du « soft power » qui réponde à cette agression, en matière de riposte médiatique, ou encore de contre-mesure aux tentatives inlassables de « révolutions de couleur » (voir la première partie de moin analyse) en Russie ou dans les autres pays de l’OTSC (L’Organisation du Traité de Sécurité Collective, la contre-OTAN de l’Est).

CONCEPTIONS DU « SOFT POWER »

Le soft power (puissance douce, pouvoir de convaincre) est un concept utilisé en relations

Internationales au départ, puis en Géopolitique. Développé par le professeur américain Joseph Nye, il a été repris depuis une décennie par de nombreux dirigeants politiques. Colin Powell l’a employé au Forum économique mondial en 2003 pour décrire la capacité d’un acteur politique – État, firme multinationale, ONG, institution internationale (comme l’ONU ou le FMI), voire réseau de citoyens (comme le mouvement altermondialiste) ; c’est là les « nouveaux acteurs transnationaux non-étatiques » de la scène géopolitique avec leur intrusion dans la « diplomatie parallèle » – d’influencer indirectement le comportement d’un

autre acteur ou la définition par cet autre acteur de ses propres intérêts à travers des « moyens non coercitifs » (structurels, culturels ou idéologiques).

Si le concept a été développé aux États-Unis vers 1990, la notion est née au XIXe siècle au Royaume-Uni. C’est, en partie, à travers la culture britannique, sa littérature (Shakespeare, les enquêtes de Sherlock Holmes, Lewis Carroll et Alice au pays des merveilles) ou, par « l’adoption par de nombreux pays, de normes comme les notions de fair-play et d’amateurisme », que le Royaume-Uni a pu exercer au XIXe siècle et au début du Xxe une forte influence. Le concept a permis aux USA de développer un « impérialisme culturel » (via les productions d’Hollywood notamment), qui a débouché sur une « guerre culturelle » (l’imposition de la civilisation de Hollywood, Disney, Coca Cola et Mc Do », selon les principaux vecteurs de cet « impérialisme culturel yankee »), bien avant qu’on ne théorise la notion de « soft power ».

La Russie a développé son « soft power » en investissant dans divers instruments de « diplomatie publique » tout au long des années 2000, mais le terme a été utilisé pour la première fois dans un document officiel en 2010, lorsque le président Medvedev a approuvé un addendum au « Concept national de politique étrangère ». Le terme n’ a pas été défini, mais il a été décrit comme étant lié à la « diplomatie culturelle ». En 2013, l’expression est apparue dans une nouvelle version du Concept de politique étrangère où le « soft power » a été défini comme « une boîte à outils complète pour atteindre les objectifs de la politique étrangère en s’appuyant sur le potentiel de la société civile, l’information, la culture et d’autres méthodes et technologies alternatives à la diplomatie traditionnelle ». En 2007, le président russe Vladimir Poutine a été nommé « Time Person » de l’année. En 2013, il a été nommé par le magazine Forbes comme « la personne la plus puissante ».

« L’URSS d’hier nous a habitués à la pratique du hard power… La Russie d’aujourd’hui, au-delà des démonstrations de force (Géorgie, Crimée), s’initie aux vertus des nouveaux pouvoirs. Pouvoir de convaincre plus que de vaincre. Agence d’informations plus que VPK. Dans les deux cas, un même dessein : restaurer les valeurs impériales de la Russie », commente un analyste. La Russie, elle, a donc développé une conception culturelle du « soft power », basée sur la prestigieuse Culture russe. C’est ce qu’explique Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France …

DOCUMENT :

AMBASSADEUR ORLOV : « DU SOFT POWER RUSSE »

(LA RUSSIE FRANCOPHONE, SEPT. 2016)

« Commençons par une déclaration, qui pourrait paraître paradoxale : la Russie n’a pas de soft power. La Russie a une culture, des idéaux et des valeurs, des traditions séculaires et, bien sûr, des intérêts. Mais elle n’a pas de soft power. Ce terme de soft power possède

une connotation particulière : il sous-entend l’expansion, la violence, la contrainte. Ce n’est pas par hasard que cette notion va de pair avec le hard power. Et ce n’est pas par hasard, non

plus, que ce terme nous vient des États-Unis. Ces dernières années, à plusieurs reprises, les États-Unis ont fait usage du soft power pour promouvoir, voire imposer, leur idéologie, en faire un instrument de domination géopolitique, d’élargissement de leur sphère d’influence, de diabolisation des « régimes incommodes ». Et si le soft power ne suffisait pas, le hard power

était là pour l’épauler. Aujourd’hui, les conséquences en sont visibles en Irak, en Libye, en Syrie ou encore en Ukraine.

La Russie moderne, elle, n’impose rien à personne. Elle n’est pas moins attachée que les États-Unis aux idéaux de la démocratie et aux principes de l’économie de marché. Contrairement aux années de guerre froide, lorsqu’il s’agissait d’une confrontation de deux systèmes socio-politiques différents, la Russie, aujourd’hui, n’a aucun

antagonisme idéologique avec l’Occident. Elle est respectueuse des particularités historiques

et culturelles des autres peuples et considère qu’aucune valeur, aucun modèlesocial ne peut être imposé par une décision arbitraire. Chaque pays est libre de choisir et de suivre son propre chemin. Les particularités et les traditions russes doivent être, elles aussi, respectées. Il est inutile de vouloir imposer une vision du « bien » et du « mal ». L’expérience de l’Union soviétique, de ses ambitions d’exporter ses valeurs  idéologiques partout dans le monde, ne doit pas être occultée – rien de bon n’en est sorti. La Russie est prête à défendre ses intérêts et sa sécurité, mais cela ne signifie pas qu’elle suit une logique de lutte pour les sphères d’influence.

Du soft power au rayonnement :

C’est pourquoi le terme soft power  est inapproprié pour évoquer la Russie contemporaine. Il est d’ailleurs à noter que, ces derniers temps, les hommes politiques français cherchent, eux aussi, à  éviter cette expression, lui préférant la formule du « rayonnement de la France ». Contrairement aux instruments du soft power qui visent une expansion politique et idéologique, le sens du terme rayonnement est tout à fait différent. Il sous-entend la création des conditions propices pour le développement de relations mutuellement avantageuses avec d’autres pays. Ainsi, le rayonnement de la Russie en France s’appuie sur des bases historiques solides, sur des liens séculaires et une sympathie mutuelle entre nos peuples, sur l’interpénétration profonde de nos cultures.

Notre mémoire historique commune nous est chère. Sans remonter à l’époque du Moyen Age et à la princesse russe, Anne – fille de Iaroslav le Sage, devenue il y a presque 1 000 ans reine de France –, il suffit de rappeler qu’au cours des deux derniers siècles la Russie a sauvé la France pas moins de trois fois : en 1814 – lorsque Alexandre Ier a empêché la division de la France, la maintenant dans ses frontières historiques ; en 1914 – quand l’offensive de l’armée russe sur le front de l’Est a rendu possible le « miracle » de la Marne ; et, enfin, durant la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’URSS a joué le rôle décisif dans la victoire sur le nazisme. Il y a un an, une salle dédiée au légendaire régiment Normandie-Niemen, rappelant ainsi une page glorieuse de la fraternité d’armes franco-russe, a été inaugurée au Musée de

l’air et de l’espace du Bourget. Cette année, ce sont les 100 ans de l’arrivée en France du

corps expéditionnaire russe qui seront célébrés. Des stèles commémoratives seront inaugurées à Marseille et à Brest, les deux ports français où ont débarqué les brigades russes. Il est important de ne pas oublier que la Russie a toujours été une alliée fidèle et fiable de la France. Force est de reconnaître pourtant que la majorité des Français connaissent assez peu les réalités russes. L’image de la Russie est systématiquement ternie, pour ne pas dire diabolisée, par les médias français. C’est pourquoi la Russie attache, aujourd’hui, tant d’importance à la diffusion internationale de ses médias audiovisuels. Ceci n’est pas dans un but de « propagande », mais tout simplement pour rendre accessible une information objective sur le pays, pour expliquer le sens et les raisons de son action sur la scène internationale (…)

Pour une image objective :

Un bon moyen de donner aux Français une vision objective et réaliste de la Russie d’aujourd’hui est incontestablement le tourisme. Un adage russe dit : « Mieux vaut voir une fois, qu’entendre cent fois. » Nous travaillons beaucoup avec nos partenaires français pour faciliter les formalités de visa, anachronisme au XXIe siècle. Les années 2016-2017 ont aussi été proclamées « années croisées du tourisme culturel et du patrimoine ». Il est à espérer que ce projet contribuera à augmenter le nombre de touristes français en Russie. Il est largement connu que le cinéma est d’une efficacité redoutable pour promouvoir sa culture. Hollywood en est la meilleure des preuves. Le cinéma russe suscite de plus en plus d’intérêt chez les Français et le nombre de festivals du cinéma russe en France ne cesse de croître – Honfleur, Paris, Bordeaux, Strasbourg, Marseille. Un autre projet hautement significatif pour les relations franco-russes est la construction, à Paris, d’un grand centre spirituel et culturel. Espérons qu’il devienne un vrai pôle d’attraction pour tous ceux qui s’intéressent à la Russie, à sa culture, à son histoire, à ses traditions et à son présent.

L’avenir des relations franco-russes se construit aujourd’hui, y compris par l’enseignement

aux jeunes de la langue et de la culture de l’autre. Malheureusement, ces dernières décennies, l’enseignement de la langue russe dans le système éducatif français recule. Nous essayons de remédier à cela.

Aujourd’hui, il existe en France une diaspora russe importante : ce sont les descendants de ceux qui avaient quitté le pays après la révolution de 1917, et aussi ceux qui ont cherché une vie meilleure lors des années troubles de 1990 ; ce sont souvent des familles mixtes. Comme toutes les diasporas, la nôtre fait le pont entre la France et la patrie historique, contribue à renforcer la compréhension entre nos peuples et à promouvoir l’image positive de la Russie. Les citoyens russes de France sont en quelque sorte, eux aussi, des « ambassadeurs » de Russie. Ces dernières années, on a pu constater une croissance rapide des échanges entre les

sociétés civiles russe et française. »

(A. Orlov)

ANATOMIE DU SOFT POWER RUSSE

Voir mon Entretien à bâtons rompus accordé le 13 mai 2017 à une étudiante de l’ULB (Université libre de Bruxelles), Jekaterina J., pour son mémoire sur « le soft power russe » :

* Sur EODE-TV/ LUC MICHEL:

A BATONS ROMPUS SUR LE ‘SOFT POWER RUSSE’ ET LA ‘DIPLOMATIE PARALLELE’ D’EODE –

(SOFT POWER PARTIE 1)

sur https://vimeo.com/242079030

* Sur EODE-TV/ LUC MICHEL:

A BATONS ROMPUS SUR LE ‘SOFT POWER RUSSE’ ET LA ‘DIPLOMATIE PARALLELE’ D’EODE –

(SOFT POWER PARTIE 2)

sur https://vimeo.com/242637227

(Sources : La Russie Francophone – EODE Think-Tank)

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