La crise coréenne a remis à l’ordre du jour un des grands acteurs géopolitiques asiatiques, la Japon, bien oublié par Trump et les médias internationaux. Mais la Géopolitique a horreur du vide, elle déteste aussi les perspectives tronquées. Ce qu’est la question coréenne sans le joueur japonais. Nous entamons donc une série d’analyses sur le « retour de la Géopolitique japonaise » sur le devant de la scène en Mer de Chine …

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/

Luc MICHEL pour EODE/

Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/

2018 06 17/

Résumé français d’une analyse de Luc MICHEL

publiée originellement en anglais.

* Version anglaise complète (avec l’article intégral de G. Friedman) sur :

LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/

BACK TO THE GEOPOLITICS OF JAPAN (I): SEEN FROM THE USA

sur https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel/posts/1301539253313823

« La diplomatie en tant qu’œuvre d’art:

Il s’agit de créer des illusions et de convaincre les autres qu’ils sont réels « 

– «Futurs géopolitiques», Weekly Digest, 16 mai 2017).

« Vouloir faire de la Géopolitique sans raisonner sur les cartes et les atlas, à commencer par les atlas historiques, c’est comme vouloir naviguer sans regarder les étoiles »

– Jean Thiriart (1922-1992),

le géopoliticien de « l’Empire euro-soviétique ».

Le Japon est la pièce manquante du puzzle de la crise coréenne. Où plutôt la « Stratégie nationale du Japon », qui depuis la défaite japonaise de 1945 pour la domination du Pacifique et de l’Asie, est étroitement, intimement liée aux USA. Comprendre comment Washington voit la question japonaise dans la crise coréenne est donc essentiel. George Friedman (l’ancien patron du Think Tank ‘Stratfor’, qui dirige maintenant ‘Geopolitical Futures’) vient de publier une analyse importante sous le titre “The Trap in Japan’s National Strategy”, qui recentre l’analyse sur la Corée autour du point de vue japonais. La quatrième grande puissance autour de la question coréenne, où tout le monde parle des USA, de la Chine et de la Russie, mais oublie la puissance japonaise. Au moment même où Tokyo est entré dans une phase de recherche et de réflexion sur précisément sa « stratégie nationale ». Et où la puissance militaire et le militarisme, y compris dans ses aspects révisionnistes sur l’impérialisme japonais d’avant 1945, est à nouveau à l’agenda nippon.

LES DILEMMES QUI SE POSENT AU JAPON

J’ai esquissé pour PRESS TV (Iran) les questions qui se posent au Japon, à la fois dans sa stratégie nationale, mais aussi quant à son avenir, où la crise coréenne n’est qu’un des aspects des choix qui se posent à Tokyo :

* Voir sur PCN-TV/

PRESS TV (IRAN) INTERROGE LUC MICHEL:

LE JAPON, L’OUBLIE DU SOMMET DE SINGAPOUR, PREND POSITION

sur https://vimeo.com/275422034

QUE DIT FRIEDMAN ?

Friedman commence par analyser le rôle des USA qui garantissent la sécurité japonaise depuis 1945, en échange d’une souveraineté limitée. Le Japon est en fait un porte-avion américain en Mer de Chine : « Depuis la Seconde Guerre mondiale, le fondement de la stratégie nationale japonaise a été le recours aux Etats-Unis pour protéger les intérêts nationaux du Japon. Les États-Unis veillent à ce que les voies maritimes alimentant le Japon en matières premières essentielles restent ouvertes. Il garantit la sécurité physique du Japon – contre les menaces de l’Union soviétique pendant la guerre froide, et de la Chine par la suite. Et cela donne au Japon un accès aux marchés américains, d’abord pendant sa reprise financière après la guerre, puis dans le cadre de son développement dans la troisième plus grande économie du monde. En retour, les Japonais ont accepté la présence des forces américaines au Japon, fournissant une base d’opérations visant à préserver le contrôle du Pacifique Nord-Ouest que les États-Unis ont atteint pendant la Seconde Guerre mondiale. De ces bases, les États-Unis pourraient bloquer la flotte soviétique à Vladivostok, soutenir des opérations en Corée du Sud et ainsi de suite (…) La stratégie a bien fonctionné pour le Japon pendant plus de 70 ans, jusqu’à ce que le solde de la péninsule coréenne montre des signes de changement. Au début, à mesure que la menace nucléaire augmentait en Corée du Nord, les États-Unis sont devenus plus alertes et agressifs face à la menace. Les Sud-Coréens ont soutenu une politique américaine agressive, et l’appel pro forma aux Chinois à raisonner avec la Corée du Nord n’a pas apporté de solution. Les États-Unis ont menacé d’une action militaire pour détruire les armes nord-coréennes et, bien que des bases japonaises puissent être utilisées, le Japon ne serait pas impliqué militairement. »

COMMENT LA CRISE COREENNE A CHANGE LE ROLE STRATEGIQUE DE LA PENSINSULE VU DE TOKYO ?

Mais la crise coréenne, et paradoxalement le rapprochement – possible – entre les deux Corée, pose un défi stratégique au Japon, car il change le rôle stratégique que joue la péninsule pour la protection du Japon. Et ceci que ce soit avant ou après 1945 !  Friedman expose clairement ce changement, décisif pour Tokyo : « Mais la stratégie japonaise a commencé à déraper récemment avec une tentative de rapprochement entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Dans sa stratégie d’avant la Seconde Guerre mondiale, le Japon considérait depuis longtemps la péninsule coréenne comme un tampon entre lui et le continent. Les Japonais ont occupé la péninsule pour s’assurer que ce tampon reste. Après la guerre, la division de la péninsule et la présence américaine au sud garantissent le tampon. Mais le rapprochement olympique de l’année dernière s’est produit, et il a modifié une hypothèse stratégique significative des Japonais: que le statu quo était acquis. Il y avait soudainement un potentiel d’accommodement entre le Nord et le Sud et même potentiellement, avec le temps, une influence chinoise accrue. Même comme une possibilité lointaine et improbable, c’était un problème sérieux pour le Japon. Si les États – Unis acceptaient une entente entre le Nord et le Sud, et si cette entente comprenait le retrait de certaines ou même de toutes les troupes américaines de Corée, alors l ‘équilibre stratégique changerait. « 

LA FRONTIERE CHINE-JAPON EN MER DU JAPON OU EN MER JAUNE ?

Telle est la conséquence stratégique des évolutions de la crise coréenne pour le Japon : « Le Japon perdrait son tampon contre la Chine. La mer du Japon, et non la mer Jaune, deviendrait le centre naval, et avec l’intérêt décroissant des États-Unis pour la région, ce serait la marine japonaise qui aurait pour mission principale de contrôler la mer du Japon. La Corée du Nord pourrait abandonner ses missiles intercontinentaux, qui menacent les États-Unis, mais garder ses missiles à courte portée capables d’atteindre le Japon, et le Japon devrait donc créer ouvertement sa propre force de dissuasion nucléaire. Et en fonction de l’ampleur du recul de la région en provenance des États-Unis, le Japon pourrait ne plus pouvoir compter sur les États-Unis pour garantir son accès aux matières premières. »

LE JAPON PIEGE DANS LA NOUVELLE EQUATION STRATEGIQUE – POSSIBLE – EN COREE !

« Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, le Japon doit se demander si la réalité stratégique dans sa région pourrait évoluer dans une direction » pas nécessairement à l’avantage du Japon « , selon le discours de capitulation de Hirohito en 1945. Un tel changement obligerait le Japon à repenser il se voit et son rôle dans le monde (…) si la réconciliation se produit, le Japon n’aura peut-être pas le temps de créer la force militaire dont il aura besoin pour défendre ses intérêts. Le Japon ne peut pas attendre jusqu’à ce qu’il y ait une clarté, ni ne puisse aller de l’avant sans une crise politique. Le Japon est pris au piège entre une nouvelle réalité et sa vieille stratégie. »

C’est cela le véritable arrière-plan du nouveau round diplomatique autour de la crise coréenne, entre le Japon et la Corée du Nord. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a appelé ce samedi le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à surmonter ensemble leur méfiance mutuelle, et confirmé que des efforts étaient en cours en vue d’un sommet. Dans un entretien télévisé, Shinzo Abe a expliqué que son gouvernement avait contacté la partie nord-coréenne « par différents canaux » afin de mettre sur pied une rencontre avec Kim Jong-un. Lors d’un sommet historique mardi à Singapour avec le président américain Donald Trump, le leader nord-coréen s’était montré, selon des médias japonais, prêt à rencontrer Shinzo Abe. « Pendant le sommet, M. Kim a dit à M. Trump « Je peux rencontrer le Premier ministre Shinzo Abe » », a notamment rapporté le quotidien ‘Sankei’. Le Japon était resté à l’écart de l’intense ballet diplomatique des derniers mois …

* Voir aussi sur :

LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/

DEBAT : COMMENT INTERPRETER LA RENCONTRE KIM JONG UN – TRUMP ET LEURS POURPARLERS DIPLOMATIQUES SUR LA PENINSULE COREENNE ?

sur http://www.lucmichel.net/2018/06/13/luc-michels-geopolitical-daily-debat-comment-interpreter-la-rencontre-kim-jong-un-trump-et-leurs-pourparlers-diplomatiques-sur-la-peninsule-coreenne/

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :

Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –

Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme

(Vu de Moscou et Malabo) :

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