LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 10 15/

J’ai débattu ce 10 octobre sur PRESS-TV, la Télévision d’Etat iranienne francophone, du triangle Iran-Chine-USA dans la guerre économique mondiale engagée par Trump.

Théme du Débat :
« Les relations sino-américaines entreront dans une nouvelle phase de la crise, le 4 novembre où de nouvelles sanctions américaines contre la RII devraient entrer en vigueur dans l’objectif déclaré de réduire à zéro les exportations de pétrole iranien. La Chine, client d’un quart du brut iranien, sera le centre de la résistance mondiale face à la démarche unilatérale de Washington. »

* Voir video de « UNE » : PCN-TV/
PRESS TV DEBAT AVEC LUC MICHEL :
L’IRAN, FUTURE GUERRE SINO-AMERICAINE
(10 OCTOBRE 2018)

Débat autour de questions centrales :
La question des sanctions américaines contre l’Iran va-t-elle accélérer la guerre commerciale entre Washington et Pékin, alliée de Téhéran ?
Les échanges financiers et économiques entre les USA et la Chine sont-elles une garantie qu’une guerre réelle n’arrivera pas entre eux ?
Pourquoi les sanctions de Trump touchent au noyau dur même de l’économie chinoise et poussent-elles Pékin à durcir ses positions ?

# LE DOSSIER :
COMMENT LA CHINE EST-ELLE DUREMENT FRAPPEE PAR LA GUERRE COMMERCIALE DE TRUMP ?

« Derrière la confrontation entre Washington et Pékin se joue le statut de la Chine en tant que pays en voie de développement. Et l’avenir de la gouvernance économique mondiale (….) La guerre tarifaire entre Washington et Pékin connaît une escalade qui menace la stabilité du commerce mondial. Si elle devait faire boule de neige, l’onde de choc protectionniste pourrait mettre fin à une longue période de globalisation économique avec des conséquences incalculables. On n’en est pas là. Mais c’est bien un rapport de force sans précédent qui s’est engagé entre la première puissance du monde «développé» d’un côté, et la première économie du monde «en voie de développement» de l’autre. Son enjeu? La gouvernance économique mondiale »
– Le Temps (Genève, 19 sept. 2018).

En Chine, la guerre commerciale de Trump fait ses premières victimes
Les tarifs imposés par les Etats-Unis sur les produits chinois font ressentir leurs premiers effets concrets, surtout sur les multinationales étrangères présentes en Chine. Entre juillet et septembre, l’administration de Donald Trump a imposé des taxes sur 250 milliards de dollars de biens en provenance de Chine. Dans l’Empire du Milieu, cette guerre commerciale sans précédent produit ses premiers effets. En août, la croissance des profits dans le secteur industriel a ralenti, s’établissant à 6%, contre 16,2% un mois plus tôt. ‘Le Temps’ (Genève) dresse l’état du champs de bataille …

I-
L’ETAT DU CHAMPS DE BATAILLE EN CHINE …

CROISSANCE CHINOISE RALENTIE

L’index Caixin/Markit, qui mesure la croissance auprès des usines chinoises, est passé de 50,6 à 50 entre août et septembre, sa première chute depuis mai 2017. Le chiffre 50 marque la limite entre une progression et une contraction. Les nouvelles commandes ont quant à elles ralenti, passant sous la barre des 50 pour s’établir à 48, selon un autre index publié par le Bureau national de la statistique. Et ce n’est que le début. «Ces tarifs vont probablement faire perdre 0,5% au produit intérieur brut (PIB) chinois, estime Lawrence Lau, un économiste à l’Université chinoise de Hongkong. Si on inclut les effets indirects, la baisse pourrait atteindre 1,1%.» La banque chinoise CICC a de son côté calculé que la croissance des entreprises chinoises n’atteindra que 10 à 14% sur les douze prochains mois, bien moins que les 16 à 28% initialement prévus.

Les firmes étrangères basées en Chine seront les plus durement touchées. «Quelque 60% des biens chinois exportés aux Etats-Unis sont en fait fabriqués par des groupes étrangers», relève Martin Chorzempa, du Peterson Institute for International Economics. Il faut dire que les multinationales qui possèdent une partie de leur chaîne de production en Chine se feront taxer deux fois: sur l’importation des matières premières entrant dans la composition de leurs produits, puis à nouveau lorsque ces derniers sont exportés aux Etats-Unis. L’américain Ford a d’ores et déjà annoncé qu’il renonçait à commercialiser sur sol américain son modèle Focus Active, un petit véhicule fabriqué en Chine.

COMPOSANTS ELECTRONIQUES FRAPPES

Les régions abritant une vaste industrie d’exportation, comme la province du Guangdong, au cœur du Delta de la rivière des perles, seront aussi très affectées, estime Lawrence Lau. Quant aux secteurs les plus touchés, l’industrie des composants électroniques arrive en tête de toutes les estimations. «Les fabricants de semi-conducteurs, qui exportent majoritairement aux Etats-Unis, vont particulièrement souffrir», juge Iris Pang, une économiste chargée de la Chine élargie auprès de la banque ING. Les usines produisant des automobiles, du textile ou des chaussures pour des marques étrangères vont également subir l’impact des tarifs de plein fouet, d’après elle.

Parmi les autres industries affectées figurent les producteurs de métaux, de caoutchouc, de plastique, de machines, de matériel médical, de meubles et de biens alimentaires. A titre d’exemple, l’entreprise Yantai China Pet Foods, qui réalise 30% de ses revenus aux Etats-Unis, s’attend à voir son rendement passer de 16,5% en 2017 à 13,2% cette année à cause des tarifs. Lorsque ceux-ci seront relevés à 25%, à partir de janvier 2019, son rendement atteindra à peine 4,6%.

MESURES ETATIQUES DE PEKIN

Soucieux d’éviter une détérioration de son économie, le gouvernement chinois a introduit une série de mesures pour adoucir l’effet des tarifs. «L’argent récolté grâce aux taxes décrétées par Pékin sur les biens américains sera redistribué aux entreprises en difficulté», note Iris Pang. Au 1er novembre, 1585 produits – notamment des machines, du textile, du papier et des matériaux de construction – verront leurs taxes à l’importation réduites, afin de diminuer les coûts de production des entreprises chinoises. «Et les banques recevront des rabais fiscaux si elles prêtent aux PME», complète l’économiste.

Signe de leur nervosité, les autorités chinoises ont même revu à la baisse les ambitieuses mesures antipollution annoncées l’an dernier. Les industries lourdes situées dans la région entourant Pékin ne devront plus baisser leurs émissions de particules fines que de 3%, contre 15% durant l’hiver dernier.

II-
CE QUI VA TOUT CHANGER ENTRE PEKIN ET WASHINGTON :
COMMENT LES SANCTIONS DE TRUMP FRAPPENT LE NOYAU DUR CENTRAL DE L’ECONOMIE DIRIGEE CHINOISE ?

« Beaucoup croient que la Chine pratique un capitalisme d’Etat. En fait l’économie chinoise est une Economie dirigée, où l’Etat-parti du PCC commande. Mais où les opérateurs économiques sont des firmes indépendantes, dont le noyau dur est celui des multinationales chinoises puissantes, qui opèrent sur un marché chinois étroitement encadré et un marché mondial libre, sous le contrôle de fer du Leadership chinois »
– Luc MICHEL (Press TV, ce 10 oct. 2018).

« Les temps sont durs pour les multimilliardaires chinois, constate l’AFP ce 10 oct.) : ils s’éloignent du haut du podium à mesure que la guerre commerciale avec l’Amérique de Donald Trump fait plonger la Bourse… et donc leur fortune, selon un classement publié mercredi. La Chine reste depuis 2015 le pays du monde qui compte le plus grand nombre de milliardaires en dollars, devant les Etats-Unis ».

Mais la chute des places boursières depuis le début de l’année (-20 % à Shanghai) a vu fondre les grandes fortunes. Le pays ne compte plus que 1.893 richissimes pesant plus de 2 milliards de yuans (250 millions d’euros), soit 237 de moins que l’an dernier, selon le rapport annuel du magazine, spécialisé dans le monde du luxe. La fortune de plus de la moitié d’entre eux s’est soit contractée soit est restée inchangée, et 456 individus ont été carrément exclus des rangs des plus de 2 milliards, soit la plus forte chute depuis que le classement a commencé il y a 20 ans.

L’industrie chinoise souffre particulièrement des droits de douane punitifs, imposés ces derniers mois par un autre milliardaire, Donald Trump, aux produits chinois à leur entrée aux États-Unis. En conséquence, la part des industriels dans le classement des super-riches est tombée à 26,1 % du total, contre 27,9 % l’an dernier. En dollars, les milliardaires chinois au sens large (y compris Taïwan, Hong Kong et Macao) ne sont plus que 620, contre 647 en 2017. Il restent tout de même les plus nombreux du monde.

(Sources : Press TV – PCN-TV – Le Temps, Genève – AFP – EODE Think Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

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