LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2019 01 04/
 
« La question de Taïwan concerne la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine. C’est le dossier le plus important et le plus sensible des relations sino-américaines »
– Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois
des Affaires étrangères (22 oct. 2018).
 
# PARTIE II :
COMMENT LA NOUVELLE POLITIQUE ETRANGERE DE TRUMP PROVOQUE PEKIN SUR TAIWAN ?
 
Dès novembre 2016, j’avais analysé le programme de Trump, mais aussi les lobbies qui l’ont porté au pouvoir (1), et pronostiqué une future « grande crise concernant Taiwan » (2) …
 
A peine élu, et pas encore en fonction, Donald Trump avait déjà suscité le mécontentement de Pékin après avoir reçu début novembre 2016 un appel téléphonique de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, dont le parti est traditionnellement considéré comme favorable à l’indépendance de l’île. Le président élu des Etats-Unis Donald Trump avait alors menacé « de ne plus reconnaître le ‘principe de la Chine unique’ », qui a conduit Washington à interrompre en 1979 ses relations diplomatiques avec Taïwan, « si Pékin ne fait pas de concessions surtout en matière commerciale ».
 
TRUMP CONTRE ‘LE PRINCIPE DE LA CHINE UNIQUE’
 
« Je ne veux pas que la Chine me dicte ce que je fais », avait-il alors déclaré sur la chaîne Fox (la TV neocon, très anti-Pékin), défendant avec véhémence sa récente conversation téléphonique avec la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen. Il avait expliqué « qu’il aurait été insultant de pas répondre à l’appel de Mme Tsai qui voulait le féliciter pour sa victoire ». « Je ne sais pas pourquoi nous devons être liés à une politique d’une Chine unique, à moins que nous passions un accord avec la Chine pour obtenir d’autres choses, y compris sur le commerce », a-t-il estimé.
 
Outre Taiwan et les questions commerciales, Trump avait accusé la Chine « de ne pas coopérer avec les Etats-Unis sur sa politique en matière de taux de change ainsi que sur les armements nucléaires ou encore sur les tensions dans la Mer de Chine méridionale, où Pékin renforce fortement sa présence militaire ».
 
L’EPICENTRE DU CONFLIT : LA MER DE CHINE
 
Le président élu Donald Trump avait encore fait savoir en novembre 2016 son « mécontentement après la saisie par Pékin d’une sonde de la marine américaine en mer de Chine méridionale ». Trump voulait souligner son mécontentement vis à vis de la Chine, dont un navire s’était emparé d’un drone sous-marin appartenant à la marine américaine, qui évoluait à quelque 50 milles marins au large des Philippines, selon le Pentagone. Cet incident était survenu dans un contexte tendu entre la Chine et Trump, qui devait entrer en fonctions le 20 janvier 2017. Le milliardaire républicain avait multiplié les déclarations contre Pékin, menaçant notamment de mettre un terme à la reconnaissance de la « Chine unique » en se rapprochant de Taïwan, ou encore accusant la Chine de manipuler son taux de change.
 
LA QUESTION (REDEVENUE BRULANTE) DE TAIWAN :
FIN DU CONCEPT CENTRAL DE « LA CHINE UNIQUE » ?
 
Un journal chinois avait alors mis en garde « l’ignorant » Donald Trump contre toute reconnaissance officielle de Taïwan, après les propos du président élu américain semblant vouloir s’affranchir du principe de la « Chine unique » qui régit les relations sino-américaines depuis 1979. La Chine impose à tout pays voulant établir des relations diplomatiques avec elle la reconnaissance du principe de la « Chine unique ». En clair: il n’existe qu’un seul représentant officiel de la Chine, sous-entendu Pékin. Cette formulation empêche toute indépendance formelle de l’île de Taïwan, séparée politiquement du continent depuis 1949 et que Pékin souhaite réunifier au reste de la Chine. Selon ce principe, les Etats-Unis ont coupé en 1979 leurs liens officiels avec les autorités taïwanaises, qu’ils considéraient jusqu’alors comme les représentantes officielles de la Chine, afin d’établir des relations avec la République populaire, à Pékin. Washington continue cependant de vendre des armes à Taïwan. Et un puissant lobby pro-Taiwan (sur le modèle de l’AIPAC pro-israélien) « travaille » le Congrès et le Sénat US.
 
« La politique de la Chine unique ne peut être négociée », avait alors tancé une tribune non signée publiée sur le site internet du quotidien nationaliste chinois ‘Global Times’, jugeant Donald Trump « aussi ignorant en diplomatie qu’un enfant ». « Si le prochain président américain soutient ouvertement l’indépendance de Taïwan et accroît les ventes d’armes à l’île, Pékin pourrait alors « soutenir des forces hostiles aux Etats-Unis », menaçait l’auteur de l’article. « Pourquoi ne pourrions-nous pas les soutenir, ou leur vendre secrètement des armes? », menacçait-il.
 
LE LOBBY PRO-TAIWAN PROCHE DE TRUMP
 
L’appel avec Tsai Ing-wen avait été le fruit de « longs mois de préparations et de délibérations » au sein de l’équipe du futur 45e président, assurait en novembre 2016 le ‘Washington Post’, citant différents conseillers proches de Trump. La présidente de Taïwan « figurait très tôt dans la liste des dirigeants étrangers à contacter », expliquait ainsi Stephen Yates, ex-responsable de la sécurité nationale, assurant que « le prévisible courroux de Pékin avait été pris en compte » et que Donald Trump était « déterminé à tenir tête à la Chine ».
 
Le président élu était d’ailleurs « entouré de plusieurs fervents défenseurs de Taïwan soucieux d’intensifier la relation avec l’île », dont le futur secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus. « Cet appel n’était pas un accident », abondait Trey McArver, analyste du ‘China Politics Weekly’, dans une note transmise à l’AFP. « Il est évident que les collaborateurs de Trump, à commencer par Priebus, ont eu des contacts répétés avec Tsai ces derniers mois et savaient exactement ce qu’ils faisaient ».
 
DES FIN 2016 UNE POSITION TRES DURE DES CHINOIS EN REACTION
 
Contre les « gaffes » pas si involontaires de Trump, la Chine sortaits griffes
Trump, qui a parlé avec la présidente de Taïwan selon son équipe, et risqué la colère de Pékin, « fait fausse route s’il entend soumettre la Chine à sa vision fantasmée », avertissait la presse chinoise dès novembre 2016, sortant les griffes « à l’heure où les gaffes du futur président américain apparaissent comme les prémisses d’un éventuel changement stratégique ». « Les tweets de Trump camouflent sa véritable intention: traiter la Chine comme si c’était une pièce de mouton et en trancher une portion (…) Il veut piller d’autres pays pour assurer la prospérité des Etats-Unis », s’énervait le journal ‘Global Times’, proche du Parti communiste chinois.
 
Le gouvernement et les médias officiels chinois avaient, dans un premier temps, largement ménagé Donald Trump, mettant ses sorties sur le compte de la simple « inexpérience ». Changement de ton très rapidement, où des avertissements très sévères ont été adressés au magnat de l’immobilier: la presse s’alarmait désormais de ses positions et l’accuse d’en sous-estimer les conséquences. Un éditorial du ‘Quotidien du peuple’, porte-voix du Parti communiste chinois, conseillait « de ne pas voir seulement dans les tweets incriminés inexpérience ou naïveté ». « Certains disent que Trump n’a pas d’expérience en diplomatie ou en affaires militaires (… ) mais en réalité, il a ses propres positions », et le souci, c’est qu’elles « ne sont pas compatibles avec la logique fondamentale des relations sino-américaines », insiste-t-il. A retardement, la presse chinoise semblait prendre acte mardi du revirement stratégique à anticiper. Ainsi, si le ‘Global Times’ continuait de s’insurger, dans sa version chinoise, contre les « provocations » d’un dirigeant incapable de fermer sa bouche », il dénonçait surtout dans un éditorial au vitriol les « intentions cachées » du président élu.
« Il n’aura pas les moyens de mettre en pratique ses tirades (…) Trump fait beaucoup de bruit mais il ne peut s’abstraire des règles du jeu des grandes puissances. Il n’a pas les ressources suffisantes pour manipuler la Chine à sa guise ». Pékin « répliquera si les décisions de Trump affectent les intérêts chinois » …
 
De son côté, le quotidien étatique ‘China Daily’ enjoignait à ce « bleu en diplomatie » de prendre un cours accéléré en realpolitik. « Trump peut bien mépriser le personnel diplomatique traditionnel de Washington, mais il devrait d’abord maîtriser la réalité des relations internationales, non pas seulement une vision fantasmée, avant de manier le scalpel », soulignait-il. A en croire le ‘China Daily’, si le régime communiste réagissait « pour le moment avec modération aux ballons d’essai de Donald Trump, cela pourrait ne pas durer. En tant que président élu, Trump peut tabler sur une certaine indulgence quand il s’exprime. Il en sera autrement quand il sera président, au risque de « coûteuses complications pour les Etats-Unis », avertissait le journal.
 
FIN 2018 ONT EST PASSE A LA REALITE GEOPOLITIQUE
 
Il y a eu tout d’abord la grande manifestation séparatiste à Taipei, appuyée par la ‘nouvelle Alliance Formose’ et les lobbies pro-Taiwan aux USA. ais il y a pire. Car cette manifestation a été appuyée par une démonstration de force de l’US Navy dans le détroit de Taiwan, ce 22 octobre 2018 (la manifestation ayant eu lieu le 20 octobre) !
 
La Chine avait alors déclaré avoir fait part aux Etats-Unis de ses vives préoccupations » après le passage le 22 octobre de deux destroyers américains dans le détroit de Taïwan qui sépare la Chine continentale de l’île, revendiquée par Pékin. « L’envoi de ces navires de guerre de l’US Navy renforçait des tensions bilatérales déjà exacerbées par la guerre commerciale et les différends en mer de Chine méridionale, où Chinois et Américains se livrent une lutte d’influence », commentait l’AFP. C’était la deuxième fois en trois mois que des navires de guerre américains passent par le détroit de Taïwan.
 
« La Chine a exprimé ses vives préoccupations aux Etats-Unis », avait indiqué alors Hua Chunying, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Elle avait appelé Washington à « gérer les questions relatives à Taïwan de manière prudente et appropriée ». La question de Taïwan concerne la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine. C’est le dossier le plus important et le plus sensible des relations sino-américaines », a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse régulière.
 
WASHINGTON ARME TAIWAN
 
Washington a rompu ses relations diplomatiques avec Taipei en 1979 pour reconnaître Pékin, mais reste l’allié le plus puissant de l’île et son fournisseur d’armes numéro un. Les Etats-Unis ont notamment récemment approuvé une licence permettant la vente de technologies de sous-marins à Taïwan. En septembre, Washington a annoncé un projet de vente de pièces détachées et de pièces de rechange pour les avions de chasse et de transport F-16, C-130 et F-5 à Taïwan pour un montant de 330 millions de dollars, contre lequel Pékin a vivement protesté.
 
La Chine a mené une série de manoeuvres militaires, dont un exercice à tir réel dans le détroit de Taïwan en avril 2018, déclarant sa volonté de faire face aux « forces indépendantistes » taïwanaises. Le Premier ministre taïwanais a déclaré mardi au Parlement que Taïwan respectait le droit de passage américain dans les eaux internationales et reconnaissait « les divers efforts des Etats-Unis pour maintenir la paix dans la région Asie-Pacifique (sic) …
 
NOTES ET RENVOIS DE LA PARTIE II :
 
(1) Dès novembre 2016, j’annonçais ce que serait vraiment la présidence Trump, parce que je savais qui était derrière Trump :
– les milieux radicaux de l’Armée et du Lobby militaro-industriel,
– le cœur du pouvoir WASP (White Anglo-Saxon Protestants, cette oligarchie qui domine les USA depuis sa fondation) lassé des projets globalistes démocrates et effrayé du changement de population aux USA avec les Latinos (c’est dans les analyses de Friedman le patron de Stratfor),
– le lobby pro-israélien AIPAC (le plus puissant des lobbies aux USA),
– les marchands d’armes et l’industrie militaire (la course aux armements était dans le programme de Trump, dont l’augmentation de 25% de l’US Navy),
– le lobby des pétroliers, lancé dans l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste (au prix d’un désastre écologique), ne voulant que les USA cesse d’exporter leurs hydrocarbures (depuis 2015 les USA sont redevenus exportateurs), derrière le climatosceptique Trump,
– les réseaux et les idéologues du Think Tank Stratfor (lisez Friedman dans ses livres et vous aurez des idées de l’idéologie de la présidence Trump), ou encore les partisans des théories fascisantes de Samuel Hunttington (« le choc des civlisations », mais aussi « le remplacement des populations »),
– les réseaux influents de la droite dure, nostalgiques de Reagan et de Bush II …
– et cerise sur le gâteau conservateur, son conseiller sorti de sa retraite (mais pour celui qui a l’argent, l’âge n’est plus un naufrage), le sulfureux et influent Henry Kissinger, le « Richelieu américain », l’homme qui a été précisément le mentor de Brzezinski …
 
(2) Cfr. mes analyses sur EODE THINK TANK :
* LA PRESIDENCE TRUMP : VERS UN NOUVEAU STADE DE L’IMPERIALISME AMERICAIN …
* LA PRESIDENCE TRUMP (II) : QU’ANNONCE DEJA LA FUTURE POLITIQUE ETRANGERE DE TRUMP ?
* Et LES MEDIAS OCCIDENTAUX ET ‘STRATFOR’ CONFIRMENT MES ANALYSES. TRUMP CE SERA LE MILITARISME ET LA GUERRE !
 
(Sources : AFP – Xinhua – EODE Think Tank)
 
 
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
 
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
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* Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :
PAGE OFFICIELLE III – GEOPOLITIQUE
* EODE :
LM.GEOPOL - Taiwan II (2019 01 04) FR (2) LM.GEOPOL - Taiwan II (2019 01 04) FR (3) LM.GEOPOL - Taiwan II (2019 01 04) FR (4)

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