2019 04 22
Sri Lanka, un attentat islamiste serait « totalement inédit »
(La Croix, Paris)
Régulièrement victimes de violences de la part de la majorité bouddhiste, les musulmans du Sri Lanka se sont toujours tenus à l’écart du conflit entre Cingalais et Tamouls. Cette communauté évolue cependant depuis le départ massif de Sri-lankais musulmans comme travailleurs dans les pays du Golfe, d’où certains reviennent avec une pratique accrue de leur religion.
Des attaques « complètement déroutantes ». De l’avis d’Éric Meyer, professeur émérite à l’Inalco, spécialiste de l’Asie du Sud, les attentats perpétrés contre des églises et des hôtels au Sri Lanka, dimanche 21 avril, jour de Pâques, sont « très difficiles à analyser ». Le mode opératoire ne correspond pas à celui des bouddhistes extrémistes qui sévissent dans le pays. Si la piste islamiste, évoquée par le gouvernement sri-lankais, était confirmée, cela serait « totalement inédit ». En effet, dans ce pays sorti en 2009 d’une terrible guerre civile entre Cingalais et Tamouls, deux groupes culturellement et linguistiquement distincts, les musulmans sont toujours restés « à l’écart » du conflit. Répartis dans toute l’île du fait de leurs activités commerciales, les musulmans parlent généralement tamoul dans les familles, même s’ils sont la plupart du temps bilingues. En tout cas, ils ne se sont jamais identifiés aux revendications séparatistes tamoules, à la différence des hindouistes (tous d’origine tamoule) et des chrétiens. Ces derniers, qui représentent 7 % de la population totale, répartis entre les deux groupes, ont d’ailleurs souvent joué un rôle de « pont » entre communautés pendant la guerre.
La communauté musulmane du Sri Lanka – environ 8 % de la population globale – est composée de différents groupes dont le plus important (90 %) est celui des descendants de convertis par les commerçants arabes qui s’établirent dans le pays dès le VIIe siècle, avec une forte expansion entre le XIIIe et le XVe siècle. De ce fait, les musulmans sri-lankais vont maintenir par la suite, durant la période coloniale et jusqu’à nos jours, un « profil bas », décrit Éric Meyer. « Cette situation a commencé à évoluer avec le départ de nombreux travailleurs du Sri Lanka vers les pays du Golfe, il y a une quinzaine d’années », relève le spécialiste. « À leur retour, ces Sri-lankais pratiquent leur religion de façon plus marquée. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se voiler. Certains se radicalisent. Pour beaucoup, ils reviennent également enrichis. La conséquence est que la communauté est davantage visible. »
D’où des réactions virulentes de la part des bouddhistes radicaux. Au Sri Lanka, environ 70 % de la population est bouddhiste et le facteur religieux constitue une composante importante du nationalisme cingalais. « Depuis quatre ans, des attentats sont perpétrés contre des musulmans, mais aussi contre des chrétiens, de la part de personnes se revendiquant du bouddhisme », explique ainsi Éric Meyer. « Mais il n’y a aucune histoire de tensions communautaires entre chrétiens et musulmans », ajoute-t-il.
Autre élément : quelques dizaines de Sri-lankais sont partis combattre dans les rangs de Daech, preuve d’une radicalisation d’une minorité au sein de la communauté musulmane…
* Info intéressante. MAIS A lire avec esprit critique …
REVUE DE PRESSE …

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