LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2019 04 26/
 
« Le dilemme européen. Quasi absente de la première édition du forum, l’Union européenne sera fortement représentée, même si c’est en ordre dispersé. Officiellement, Bruxelles qualifie la Chine de ‘rival stratégique’. Mais, en quête d’investissements, plusieurs pays (d’Europe de l’Est, Portugal, Italie, Grèce) participent à la nouvelle Route de la soie »
– Le Temps (Genève, ce 26 avril).
 
* Voir la partie I de mon analyse
NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE :
SOMMET BIENNAL ‘BELT AND ROAD’ A BEIJING CES 26-27 AVRIL SUR FOND DE PUISSANCE MARITIME CHINOISE
 
Certains journalistes russes, qui « font de la Géopolitique » comment on fait du vélo et du tricot, n’ont strictement rien compris au mouvement unificateur eurasiatique. Et opposent stupidement l’Union Européenne, la petite Europe occidentale de Bruxelles, à Moscou et à Pékin. En qui ils voient un adversaire de leurs rêveries culturelles issues du XIXe siècle. Oubliant que le Bloc continental eurasiatique  – issu des travaux théoriques des géopoliticiens Hausofer (1), Thiriart (2), von Lohausen (3) – est un outil de puissance géopolitique et géoéconomique, décliné dans deux projets connexes, l’Espace eurasiatique « de Vladivostok à Lisbonne » de Poutine (4) et Lavrov (qui ébauche un « monde bipolaire dans lequel la Russie affronte les États-Unis en élargissant son propre domaine d’influence politique et de pouvoir. De l’Atlantique vers le Pacifique, dans le cadre d’une nouvelle entité politique – L’Eurasie ») (5), et les « Nouvelles routes de la soie » de Xi Jinping (6).
 
Et que dans cette vision continentale, l’UE, la petite-Europe croupion de Bruxelles, n’est pas un adversaire de Moscou et Pékin (Et ceci quelles que soient les actes hostiles des politiciens atlantistes assujettis par l’OTAN) (7). Mais elle est un enjeu ! Arracher l’Europe occidentale au Bloc américano-atlantiste, c’est pour Pékin et Moscou enlever à Washington la moitié de sa puissance, son « second poumon » (dixit Jean Thiriart) !!! Comme l’expliquent très bien chacun de leur côté Thiriart et Brezinski (avec son « Grand Echiquier ») (8) …
 
Ces journalistes russes ne connaissent même pas la pensée théorique de leurs propres dirigeants ! Le ministre Lavrov (qui est un des théoriciens de l’unification néoeurasiste « de vladivostok à Lisbonne ») a en effet pour leitmotif préféré dans ses écrits théoriques : « La Russie n’est pas l’outsider politique de l’Europe, mais elle fait partie intégrante du contexte européen. » Ce que je dit depuis 1983 ! (9) Ce concept a été longuement abordé dans son traité « Russia’s Foreign Policy: Historical Background » le 3 mars 2016. Dans lequel Lavrov, insistant sur « l’identité eurasienne de la Russie », a expliqué que « la Russie a joué un rôle important dans l’histoire européenne et les politiques européennes contemporaines. » Dans son discours à Munich en 2018, Lavrov a appelé l’UE à « Arrêter d’essayer de nager à contre-courant de l’histoire » et de renouveler le système des relations internationales sur une base « équitable ». Il a conclu en demandant à l’UE de « se joindre aux travaux de l’Union économique eurasienne ».
 
On l’a bien compris en Suisse !
Comme le faisait remarquer ironiquement ‘Le Temps’ (Genève, ce 26 avril), « Ueli Maurer, président de la Confédération Helvétique, n’a jamais mis les pieds à Bruxelles. Mais en cette dernière semaine d’avril, il brille en Chine » …
 
LA SUISSE AU SOMMET DE PEKIN :
« LA PETITE CROIX BLANCHE (SUISSE) SUR LA NOUVELLE CARTE DU MONDE » (‘LE TEMPS’)
 
« Le président suisse Ueli Maurer devrait s’inscrire à l’Initiative de la ceinture et de la route (ndla : OBOR, de son acronyme anglais) de la Chine cette semaine lors de sa visite officielle dans ce pays asiatique ». S’adressant aux médias d’Etat chinois avant le voyage, Maurer a décrit le projet de reconstruction des routes commerciales terrestres et maritimes historiques entre l’Asie et l’Europe comme un « projet de 100 ans ». Il participera également au deuxième sommet OBOR à Beijing »
– The Monocle Minute’ (ce 24 avril).
 
Dans un dossier consacré à la présence remarquée du président suisse à Beijing pour le 2e « Sommet biennal Belt and Road », le quotidien ‘Le Temps’ (Genève) publie un Dossier consacré à la Suisse dans l’intégration eurasiatique sous le titre « La petite croix blanche sur la nouvelle carte du monde ».
 
Que dit ‘Le Temps’ ?
 » ‘Le chantier du siècle’: l’expression n’est pas exagérée pour qualifier les envies d’expansion chinoises matérialisées dans la Belt and Road Initiative – ou «nouvelles Routes de la soie». C’est 1000 milliards d’investissements sur dix ans pour compléter un réseau d’infrastructures pharaoniques – routes, voies ferrées et maritimes, gazoducs et oléoducs, corridor numérique – censé faciliter les échanges de marchandises, de services et de capitaux entre l’Empire du Milieu, le reste de l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe. L’Europe… qui craint tant cette «colonisation»: risques liés à l’endettement, à l’opacité, à la sécurité, à la protection des données. La Suisse? Elle veut profiter des courants, exister sur cette nouvelle carte du monde. Le président de la Confédération Ueli Maurer, présent à Pékin pour ce grand forum qui réunit 40 chefs d’Etat et de gouvernement, signera un protocole d’accord en matière de commerce, d’investissement et financement de projets. Plusieurs entreprises helvétiques – ABB et SGS en tête – profitent déjà de cette aubaine. Lisez notre dossier. Et parcourez l’infographie vertigineuse schématisant ces futurs flux internationaux ».
 
« LA NOUVELLE CARTE DU MONDE, VUE DE PEKIN » …
 
Ecoutons encore ‘Le Temps’ parler de « la nouvelle carte du monde, vue de Pékin » :
« Une quinzaine de trains chargés d’énormes conteneurs quittent chaque semaine la gare de Chongqing, à 1500 kilomètres au sud-ouest de Pékin, traversent le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie et la Pologne avant d’arriver à destination à Duisburg, ville portuaire sur le Rhin, dans la région industrielle de la Ruhr allemande. Le parcours de 10 000 kilomètres dure dix jours. Les trains amènent des marchandises chinoises, notamment électroniques, et repartent avec des produits européens: lait, pièces automobiles, machines-outils, produits chimiques ou encore du vin. Ouverte en 2014, la ligne Chongqing-Duisburg n’est qu’un fragment de l’immense projet d’infrastructures baptisé la nouvelle Route de la soie. Lancé en 2013 par le président chinois Xi Jinping, il comprend un réseau de routes et de voies ferrées (anciennes et nouvelles) ainsi qu’une voie maritime qui relie la Chine à l’Europe en passant par l’Asie centrale, l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique. Le coût de l’investissement est estimé à 1000 milliards de dollars et le projet lui-même devrait durer au moins une dizaine d’années ». Voilà un bel exemple de l’outil de puissance que j’évoquais !
 
UN SUCCES TRI-CONTINENTAL MALGRE LES CRITIQUES ET L’HOSTILITE DU BLOC AMERICAIN
 
L’assistance à ce 2e Sommet marque son succès ! Face à Vladimir Poutine et une quarantaine de dirigeants mondiaux réunis en sommet à Pékin, le président chinois, confronté à une guerre commerciale avec les Etats-Unis, a fustigé le protectionnisme. Il n’y avait dans la salle aucun représentant américain. Mais une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement et des représentants de 150 pays. Sans oublier les organisations intergouvernementales comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et autres banques et organisations de développement !
 
Parmi les dirigeants de l’UE, l’exception notable est l’Italie, premier pays du G7 à avoir rejoint l’initiative en mars. Le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, était ce 26 avril présent à Pékin, aux côtés du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, de Mahathir Mohamad, le Premier ministre malaisien (qui a pourtant subit d’immenses pressions pour abandonner le projet), du Président serbe Aleksandar Vucic, du Premier ministre grec Alexis Tsipras, du premier ministre hongrois Orban (voir la Partie I de notre analyse, hier) ou encore du président suisse Ueli Maurer. La France était représentée par son chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian. Les Etats-Unis, eux, n’ont pas envoyé de délégation. En Europe, on observe une diversité de position vis-à-vis du projet chinois. Certains pays, tels que la Hongrie, la Grèce, la Roumanie, la République Tchèque ou plus récemment l’Italie, ont signé des accords-cadres sur les nouvelles routes de la soie. D’autres pays, tels que la France, le Royaume-Uni ou l’Allemagne n’en ont pas signé.  » La Suisse est représentée à Pékin par son président, Ueli Maurer. En effet, elle signera un protocole d’accord concernant les marchés tiers qui permettrait de développer la collaboration sino-suisse. Que ce soit en matière de commerce, d’investissement et de financement de projets sur les tracés de la nouvelle Route de la soie, plus particulièrement dans les pays d’Asie centrale qui font partie du club suisse au sein du Fonds monétaire international », commente ‘Le Temps’
 
Les grands absents sont les Etats-Unis et l’Inde. Washington qualifie le projet chinois de « stratagème politique et géostratégique de la part du gouvernement chinois qui consiste à s’immiscer dans la politique des pays et à faire progresser les options d’implantation de bases militaires sous couvert de l’aide au développemen », a récemment critiqué un haut responsable américain. Quant à l’Inde, qui a des différends frontaliers avec Pékin, elle rejette la nouvelle Route de la soie, notamment en raison d’un projet routier dans le Cachemire pakistanais qu’elle estime être le sien (10).
 
« Pékin se félicite déjà du succès de la manifestation », commente ‘Le Temps’. La raison à cela est que la première édition, en 2017, n’avait réuni qu’une quarantaine de pays. Autant dire que les doutes étaient vifs quant aux ambitions politiques et économiques chinoises, de même que sur les coûts et risques d’endettement pour les pays parties prenantes. Les critiques mettent toujours en exergue le manque de consultation et de transparence autour des infrastructures liées à la nouvelle Route de la soie. Ils relèvent que de nombreux projets ont été contestés, annulés ou renégociés, notamment au Sri Lanka, en Malaisie, au Pakistan, en Ethiopie. Pékin ne nie pas les problèmes ». Selon Geng Wenbing, ambassadeur de Chine en Suisse, « l’objectif du forum de ce week-end est de dégager davantage de consensus axé sur le respect, l’équité, la justice ». « Après avoir développé durant six ans de multiples projets, il faut décider des nouvelles priorités, discuter de nouveaux mécanismes de coopération », a-t-il confirmé au ‘Temps’.
 
« EN FINIR AVEC LA PEUR DE L’HEGEMONIE CHINOISE » (‘LE TEMPS’)
 
 » En finir avec la peur de l’hégémonie chinoise » dit encore le quotidien genevois, au moment où la presse occidentale aux ordres (voir AFP, Libé et cie) crie au loup chinois affamé : « Alors que les Etats-Unis et l’Union européenne voient la Chine comme un ‘rival stratégique’, la Suisse fait confiance à l’initiative chinoise qui promet de plus grands échanges de marchandises, de services et de capitaux. Ueli Maurer, président de la Confédération en 2013 et de nouveau en 2019, n’a jamais mis les pieds à Bruxelles. Mais en cette dernière semaine d’avril, il brille en Chine. Il sera reçu, samedi et dimanche, en visite d’Etat et aura un entretien avec le président Xi Jinping. Mardi, il a parrainé un accord de collaboration entre les bourses chinoise et suisse. Et jeudi, il a officialisé l’adhésion de la Suisse à l’énorme chantier de la nouvelle Route de la soie. La Suisse a en effet tout à gagner à s’investir dans ce projet du siècle. Même si, à ce stade, il n’est pas prévu qu’elle soit reliée directement par la Route de la soie. Elle collaborera plutôt avec la Chine pour mener des projets d’infrastructures en Helvétistan, ce groupe de pays d’Asie centrale que Berne représente au sein du FMI et qui lui permet de maintenir son siège à son comité directeur » …
 
 
NOTES ET RENVOIS :
 
(1) Influencé par les travaux de Friedrich Ratzel, Rudolf Kjellén et Halford John Mackinder, Karl Haushofer (1869-1946) développe ses théories géopolitiques et fonde en 1924 la revue ‘Zeitschrift für Geopolitik’ (La Revue de Géopolitique). « Ouverte aux chercheurs en géographie de nombreux pays, notamment l’Union soviétique, celle-ci obtient rapidement une audience internationale. S’adressant à un large public, la revue ne présente cependant que la position de la géopolitique allemande6, les membres du comité de rédaction se montrant tous favorables à la révision des clauses territoriales des traités mettant un terme au Premier conflit mondial5. Durant ces années, Haushofer souhaite faire de son approche « une science appliquée et opérationnelle ». » Partisan d’une alliance avec l’Union soviétique, il la défend dans les colonnes de son journal; il réserve un accueil chaleureux au Pacte germano-soviétique (Août 1939), puis, cohérent, condamne le déclenchement de la guerre à l’Est, ce qui entraîne l’arrêt de la publication de son journal en 1941. Après la tentative d’assassinat de Hitler du 20 juillet 1944, la Gestapo fait interner Karl Haushofer à Dachau tandis qu’Albrecht Haushofer, son fils, lié aux conspirateurs, disparaît dans la clandestinité. Ce dernier est toutefois arrêté quatre mois plus tard. Deux semaines avant la fin du conflit, un commando SS l’exécute, de nuit en pleine rue. On retrouve sur lui le recueil de poèmes Les sonnets de Moabit — du nom de la prison berlinoise où il a été incarcéré — qui est considéré comme un témoignage important de la littérature résistante allemande.
 
(2) Géopoliticien de l’Empire eurasiatique (ou « euro-soviétique »), Jean THIRIART axe ses réflexions sur l’intégration de la Russie et de l’Europe occidentale dans un Etat continental eurasien unitaire :
1.  THIRIART insiste sur le fait capital que l’Union Soviétique dans ses frontières maximales, puis après la catastrophe géopolitique de 1991 tous les états issus de l’implosion de l’URSS, sans aucune exception, doivent faire partie de l’Europe. Les frontières orientales, caucasiennes et sibériennes, de l’URSS devront demain être celles de la Grande-Europe.
2.  THIRIART développe sa thèse sur la construction de l’Europe contre les Etat-Unis et son bras armé de l’OTAN.
3.  THIRIART insiste sur la nécessité de l’organisation économique de l’Europe sur une base autarcique, reprenant les théories de Friedrich LIST.
4.  THIRIART dénonce les vues limitées des politiciens européens, qui à la suite du général de Gaulle, envisagent une Europe tronquée jusqu’à l’Oural. L’Empire européen devra inclure la Sibérie et l’extrême-orient ex-soviétique.
 
Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (I) :
LES CONCEPTIONS GEOPOLITIQUES DE JEAN THIRIART, LE THEORICIEN DE LA ‘NOUVELLE ROME’
Et GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (II) :
L’ECOLE EURO-SOVIETIQUE DE GEOPOLITIQUE (1982-1991)
 
(3) Le général et géopolitologue autrichien Lohausen (1907-2002), ancien membre de l’Etat major du Maréchal Rommel, proche des patriotes anti-nazis du 20 juillet 1944, s’inscrit dans la suite des thèses géopolitiques de Jean Thiriart sur « l’Europe de Vladivostok à Dublin ». Jordis VON LOHAUSEN a écrit des pages élogieuses sur le projet européen de THIRIART dans les Années 1960-75, sous le titre « REICH EUROPA », en Français « L’EMPIRE D’EUROPE ». Mes EDITIONS MACHIAVEL ont largement diffusé dans les Années 1980 cette longue analyse publiée en Allemand et l’avons traduite en Français, Anglais, Italien, Espagnol et Russe.
Le livre principal de géopolitique du général, « MUT ZUR MACHT. DENKEN IN KONTINENTEN » (Vowinckel, Berg am See, 1979), traduit pour la petite histoire en Français par une des secrétaires de THIRIART, s’inscrit dans l’Ecole d’HAUSOFER, mais reprend aussi de nombreuses conceptions de THIRIART.  LOHAUSEN parle notamment de « l’Europe de Madrid à Vladivostok ». Dans l’exemplaire offert par LOHAUSEN à THIRIART en 1983 (et qui m’a été légué avec sa bibliothèque en 1999)  figure la dédicace suivante : « En respectueux hommage à un grand Européen ». Pour Lohausen, « l’Europe puissance passe par la réunion de la grande communauté de peuples européens au sein d’un espace continental allant de ‘Cadix à Vladivostok’, il s’agit donc de construire une ‘Europe grand-eurasienne’. »
 
LOHAUSEN a aussi visiblement été influencé par le concept du « Grand Espace continental de Flessingue à Vladivostok » de Ernst NIEKISCH. Dont on méconnaît profondément l’influence sur les jeunes officiers allemands des Années 1930-34, qui recherchaient une alternative au Nazisme (notamment avec les initiatives du Général SCHLEICHER, le « général rouge »  qui voulait barrer la route à HITLER avec un Front uni des syndicats, de la Reichwehr et des nationalistes à la gauche du NSDAP », le « Querfront », le Front Transversal) :
 
Niekisch est le père du concept géopolitique dit du « Grand Espace continental de Vladivostok à Flessingue » (Pays-Bas). Un bloc continental germano-slave. Sa perspective est celle d’Haushofer, mais d’Est vers l’Ouest, depuis Vladivostok comme la nôtre ;
Niekisch est aussi le premier des résistant à Hitler :
Dès 1932, Ernst NIEKISCH, idéologue du « National-bolchevisme allemand », publie ce qui est considéré encore aujourd’hui comme le plus important et le plus virulent des pamphlets anti-hitlériens « EINE DEUTSCHES VERHÄNGNISS », en français « Hitler une fatalité allemand » », illustré de dessins d’André Paul WEBER. Sa publication provoquera en riposte une campagne de presse nazie contre NIEKISCH. Dès cette époque, sa revue « WIDERSTAND » est citée fréquemment dans la revue de presse mensuelle de Heinrich HIMMLER, Reichführer SS, comme « un des principaux organes de l’adversaire ». Dès 1933 et l’arrivée au pouvoir des nazis, le mouvement de NIEKISCH est persécuté, ses membres fréquemment arrêtés, sa revue est interdite en décembre 1934. L’un de ses biographes, Sebastien HAFFNER, dira de lui qu’il « resta au sein du IIIeme Reich, quatre ans durant, le dernier ennemi connu et ouvertement déclaré de Hitler ». Car le vieux leader prussien n’abdiqua jamais. Jusqu’en 1937, son mouvement « WIDERSTAND », reconstitué dans la clandestinité, anime un réseau intellectuel et politique d’opposition intérieure au IIIeme Reich. NIEKISCH, qui a poursuivi au grand jour jusqu’en 1937 son activité éditoriale (un courage unique !), reste le seul opposant ouvertement déclaré et actif au régime nazi. Il est finalement arrêté avec nombre de ses militants le 22 mars 1937. Emprisonné, condamné deux ans plus tard par un tribunal d’exception avec 70 membres du cercle « WIDERSTAND » dont DREXEL et TRÖGER, NIEKISCH sortira par miracle, presque aveugle et paralytique, des geôles nazies en 1945.
Le vieux lutteur participera encore à la naissance de la RDA et, déçu par l’évolution du nouveau régime, finira sa vie en RFA dans un exil intellectuel hautain, n’ayant jamais renoncé à aucune de ses idées.
Cfr. Luc MICHEL, L’ALTERNATIVE NATIONAL-COMMUNISTE, MYTHES ET REALITES DU NATIONAL-BOLCHEVISME 1918-1993, Editions Machiavel, Bruxelles, 2e édition, 1995. Traductions en Anglais, Italien, Espagnol et Portuguais.
 
(4) ) Cfr. Luc MICHEL, PCN-INFO/ GEOPOLITIQUE/
POUTINE POUR LA GRANDE-EUROPE « DE L’ATLANTIQUE AU PACIFIQUE »
 
Cfr. aussi Luc MICHEL, sur EODE THINK TANK/
GEOPOLITIQUE / THESES SUR LA « SECONDE EUROPE » UNIFIEE PAR MOSCOU
Au début des Années 80, THIRIART fonde avec José QUADRADO COSTA et moi-même l’Ecole de géopolitique « euro-soviétique » où nous prônions une unification continentale de Vladivostok à Reykjavik sur le thème de « l’Empire euro-soviétique » et sur base de critères géopolitiques. Mes « Thèses sur la Seconde Europe » sont la continuation, actualisée, de nos positions géopolitiques des Années ’80.
Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (II) : L’ECOLE EURO-SOVIETIQUE DE GEOPOLITIQUE (1982-1991), Ibid.
 
(5) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOIDEOLOGY – RUSSIA’S EURASIAN IDENTITY (II):
‘RUSSIA’S FOREIGN POLICY. HISTORICAL BACKGROUND’ (LAVROV)
 
(6) Voir sur PCN-TV :
LUC MICHEL & FABRICE BEAUR: NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE. VERS L’INTEGRATION GEOECONOMIQUE DE L’AXE EURASIE-AFRIQUE
 
(7) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOPOLITIQUE RETROSPECTIVE : LES GUERRES DES USA SONT DES GUERRES CONTRE LA ‘GRANDE-EUROPE’ ET POUR LA DOMINATION DE L’EURASIE AU XXIe SIECLE. OU COMMENT LES POLITICIENS DE L’UE ET DE L’OTAN FONT CES GUERRES CONTRE LES INTERETS VITAUX DE LEURS PEUPLES …
(LES GUERRES DE YOUGOSLAVIE III)
 
(8) La Géopolitique comme science, naît aux États-Unis avec des gens comme Mahan. Elle domine et elle n’a jamais cessé de dominer la politique internationale américaine jusqu’à Brzezinski. Et Brzezinski a encore été jusqu’à sa mort en 2017 le conseiller géopolitique d’Obama. Ce qui explique d’ailleurs que les Africains ont très mal appréhendé Obama, qui n’est pas un « président noir », qui est un président américain évidemment, le produit du Système américain.
Disciple de Henry Kissinger, souvent qualifié de « Richelieu américain » pour sa politique cynique et réaliste, Brzezinski donne, lui, les conditions de la puissance américaine, destinées à assurer une domination planétaire durable. C’est la théorisation géopolitique de l’impérialisme américain pour le XXIe siècle. Dans ses théories on trouve un curieux mélange de cynisme, de brutalité et de faux moralisme. C’est la traduction au XXIeme siècle de la « manifest destiny ». Les USA ont une mission à accomplir. Ce qui est bon pour eux est bon pour le monde. Et le « libre commerce » assurera la paix mondiale. Chez Brzezinski cela frise parfois la caricature, les plus brutales théories géopolitiques voisinant avec des réflexions idéalisantes sur la paix et le bonheur des peuples. Typique de l’Américanisme, l’idéologie yankee …
Le grand théoricien de l’impérialisme américain au XXIeme siècle est Zbigniew Brzezinski dont le domaine est la géostratégie et la géopolitique et qui publie « The Grand Chessboard » en 1997, titré « Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde » pour son édition française. Disciple de Henry Kissinger et adepte de la « real politique » comme lui, Brzezinski, d’origine polonaise, était expert au Center for Strategic and International Studies (Washington DC) et professeur à l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Il fut conseiller du président des Etats-Unis de 1977 à 1981(décédé il y a peu et toujours l’un des conseillers d’Obama jusque la fin).
La réflexion de Brzezinski est centrée sur les conditions géopolitiques de la puissance américaine et de son contrôle sur l’Eurasie, le « grand échiquier » où Washington doit éliminer tout rival potentiel ou réel.
On sait que Huntington n’était pas le créateur du concept des « guerres civilisationnelles » emprunté à un professeur marocain. De même, Brzezinski s’inspire largement des Théories de Jean Thiriart. D’origine belge, Thiriart est méconnu en Europe occidentale où l’impasse a été faite sur ses thèses. Il n’en va pas de même eu Russie où il inspire aussi bien les théories géopolitiques et économiques des nationaux-communistes de Ziouganov que les concepteurs des thèses eurasistes mises à l’honneur par le président Poutine. Le manuel d’instruction géopolitique pour les officiers russes lui consacre un long chapitre élogieux. Au début des Années 80, Thiriart fonde, avec José Cuadrado Costa et Luc MICHEL, l’école « euro-soviétique » où il prône une unification continentale de Vladivostok à Reykjavik sur le thème de « l’Empire euro-soviétique » et sur base de critères géopolitiques. Le grand quotidien flamand de Bruxelles, ‘De Standaard’ a dit de lui qu’il « était le belge préféré de Poutine ». Théoricien de l’Europe unitaire, Thiriart a été largement étudié aux Etats-Unis, où des institutions universitaires comme le Hoover Institute ou l’Ambassador College (Pasadena) disposent de fonds d’archives le concernant.
Ce sont ses thèses anti-américaines « retournées » que reprend largement Brzezinski, définissant au bénéfice des USA ce que Thiriart concevait pour l’unité continentale eurasienne. Le succès médiatique des emprunts de Huntington ou de Brzezinski comparé au silence pesant qui entoure en Occident des théoriciens comme Thiriart s’explique par le monopole médiatique américain. A l’antique « ex Oriente lux » a visiblement succédé un « Ex America lux ».
 
(9) Cfr. Luc MICHEL, “La Russie c’est aussi l’Europe”, in CONSCIENCE EUROPEENNE, review, N°6, décembre 1983, Charleroi.
Et : Luc MICHEL, « PCN … européen jusqu’à Vladivostok », interview au quotidien socialiste « LE PEUPLE », Charleroi, 14 et 15 septembre 1985.
 
(10) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
CONTRADICTIONS INTERNES AU SEIN DES BRICS ET DE L’ORGANISATION DE COOPERATION DE SHANGHAI (II):
L’ATTRACTION FATALE DE L’INDE POUR WASHINGTON ET TEL-AVIV
Et GEOPOLITIQUE DE L’OCEAN INDIEN (II) :
EN INDE MACRON POISSON-PILOTE DE LA POLITIQUE ANTI-CHINOISE DES USA DE TRUMP
 
(Sources : The Monocle Minute – Le Temps – Interfax – PCN-Info – Le Quotidien du Peuple – EODE Think Tank)
 
 
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
 
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
________________
 
* Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :
PAGE OFFICIELLE III – GEOPOLITIQUE
* EODE :
WEBSITE http://www.eode.org/   
LM.GEOPOL - Pékin sommet obor II (2019 04 26) FR (2) LM.GEOPOL - Pékin sommet obor II (2019 04 26) FR (3) LM.GEOPOL - Pékin sommet obor II (2019 04 26) FR (4)

PAS DE COMENTAIRES