LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2019 08 08

« Poutine, au pouvoir depuis 20 ans, est devenu une sorte de marque (…) Quand Vladimir Poutine est nommé Premier ministre, beaucoup pensent que le peu connu patron des services de renseignements compte poursuivre les réformes démocratiques des années post-soviétiques, tout en restaurant l’ordre. Vingt ans plus tard, il a installé un pouvoir sans partage et semble déterminé à le conserver »
– Le Point (8 août 2019).

« Quand Vladimir Poutine est nommé Premier ministre, beaucoup pensent que le peu connu patron des services de renseignements compte poursuivre les réformes », dites « démocratiques » par les occidentaux des années postsoviétiques, tout en restaurant l’ordre. Vingt ans plus tard, il a restauré l’Etat russe et semble déterminé à le préserver. Ces dernières semaines, le refus des autorités de laisser l’opposition compradore pro-occidentale continuer à déstabiliser, en particulier dans plusieurs grandes villes, Moscou en tête, laissent peu de doutes. L’ancien agent du KGB de 66 ans est populaire pour avoir restauré la place de son pays sur la scène internationale et ramené la stabilité …

UN PARCOURS AU SERVICE DE L’ETAT RUSSE

* Boris Eltsine annonce le 9 août 1999 qu’il nomme le directeur du FSB, l’héritier du KGB soviétique, à la tête du gouvernement. Les commentateurs voient en lui un représentant des services de sécurité capable de mettre fin à instabilité politique et aux troubles dans le Caucause. Mais aussi un efficace homme d’Etat ayant entamé sa carrière auprès du très libéral maire de Saint-Pétersbourg Anatoli Sobtchak et choisi par le clan Eltsine pour maintenir la Russie sur la voie de l’économie de marché. Affaibli, le président d’alors, qui démissionnera le 31 décembre suivant au profit de son dauphin, explique à la télévision que Vladimir Poutine sera à même de « consolider la société » et « garantir la continuation des réformes ».

* A ses débuts, le Premier ministre Poutine se montre relativement tolérant et disposé à de bonnes relations avec les Occidentaux. Il cultive cependant l’image d’un dur et lance la deuxième guerre de Tchétchénie, socle de sa popularité qui lui permettra d’être élu président en 2000 avec 53 % des voix.

* Grâce à une manne pétrolière abondante, sa première décennie au pouvoir est marquée par une remontée du niveau de vie des Russes et un retour de l’Etat affaibli après la chute de l’URSS vec une reprise en main des médias contrôlés par d’ambitieux oligarques. Qu’il chass du pouvoir !

* « Le Poutine d’aujourd’hui n’est pas celui de 1999-2000: de libéral, il est devenu conservateur », estime le politologue Konstantin Kalatchev. Selon l’expert, « cette évolution a été déclenchée par sa déception envers les Occidentaux ». Un tournant a eu lieu en 2004 avec la « Révolution orange » qui aboutit à l’élection en Ukraine d’un président pro-occidental et que le Kremlin considère comme une ingérence occidentale dans son pré carré. En 2007, Poutine prononce à Munich un dur réquisitoire contre les Etats-Unis, resté dans les mémoires. Depuis, les crises se multiplient: guerre en Géorgie en 2008 provoquée par le régime pro-atlantiste de Tbilissi, intervention occidentale en Libye en 2011 vécue comme une trahison par Moscou qui soutient désormais Bachar al-Assad en Syrie, crise ukrainienne de 2014 avec l’annexion de la Crimée puis le lancement d’un conflit dans l’Est entre forces de Kiev et séparatistes prorusses.

* A partir des Années 2006, Poutine impose le « Néoeurasisme » (né à Bruxelles au début des Années ‘1980) (1) comme idéologie officieuse de l’Etat russe.

* Sur le plan intérieur, cela se traduit par la défense des valeurs traditionnelles conservatrices prônées par l’Eglise orthodoxe, en opposition avec une forme de « décadence » occidentale, et le renforceùment de l’ordre et de la stabilité.

POUTINE VU DES USA :
« RUSSIE, 2030, POUTINE TOUJOURS AU KREMLIN ? »

« Un think tank américain brosse un portrait de ce que serait la Russie en 2030. Parmi les hypothèses privilégiées : celle d’un Poutine encore président », commente Le Point (Paris).
« C’est un scénario évoqué sans ironie », précise Le Point : « En mars 2030, Vladimir Poutine pourrait à nouveau être élu président (…) Dans un rapport de 170 pages, la Free Russia Foundation, un institut de réflexion basé à Washington, tente de dresser le portrait de la Russie dans une dizaine d’années. Et parmi les pistes étudiées, l’une envisage un retour au pouvoir de l’ancien officier du KGB, pour l’heure assuré de garder son fauteuil jusqu’en 2024 ».

Empêché par la Constitution d’enchaîner trois mandats consécutifs, Poutine réapparaîtrait à l’issue d’un échange de postes avec l’un de ses fidèles. Comme en 2012, lorsqu’il a repris la présidence au très loyal Dmitri Medvedev, actuellement Premier ministre. À cet horizon, Poutine aurait 78 ans, certes deux ans de plus que Leonid Brejnev à sa mort, mais, après tout, c’est l’âge auquel le démocrate Joe Biden se lancera en 2020 dans la course à la présidentielle américaine. « Même si l’âge joue un rôle, on ne doit pas écarter une telle prévision », mentionne le rapport. Une hypothèse renforcée par l’obéissance dont font preuve les cercles du pouvoir. « L’élite est aujourd’hui bien plus faible qu’elle ne l’était il y a 20 ans et elle dépend financièrement de Poutine », est-il noté.

« UN CHANGEMENT DE REGIME SEMBLE EXCLU »

Dès lors, « un changement de régime semble exclu ». Selon les auteurs, « Quant aux « libéraux » présents au sein de l’administration (Ndla : libéraux, issus des années Eltsine, et patriotes forment l’ossature du régime) et ouverts aux réformes, ils subissent des « purges » régulières (…) En raison de leur isolement, il est difficilement imaginable qu’ils puissent renverser le pouvoir ».

Si Poutine se maintient aux commandes, il dirigera une économie affaiblie. Et plus que jamais dépendante des ventes de gaz et de pétrole, sachant que la part du revenu des hydrocarbures dans le budget fédéral a déjà bondi de 25 % à 40 % entre 2000 et 2017. Or, mauvaise nouvelle : rien ne laisse présager une flambée des tarifs pétroliers, si utile pour remplir les caisses de l’État. Il faudrait que le prix du baril se maintienne au-delà de 100 dollars pour que le pays renoue durablement avec la croissance. Les raisons de la baisse ? D’abord une abondance de l’offre liée au boom du pétrole de schiste aux Etats-Unis, qui dominent le Nouveau marché des hydrocarbures (2). Au point que les exportations américaines devraient dépasser celles de la Russie d’ici à 2023. Ensuite, l’essor des énergies propres et notamment des véhicules électriques. Enfin, la Russie souffrira d’un problème structurel. Face à l’épuisement de sa production en Sibérie occidentale, elle devra investir lourdement dans l’extraction de ses matières premières sur des territoires moins accessibles comme l’Arctique, la Sibérie orientale ou l’offshore. Une situation que viendra assombrir l’avenir d’une autre ressource : le charbon, également en déclin, et dont la Russie est le troisième exportateur mondial.

« À l’horizon 2030, la Russie pourrait aussi afficher un autre profil géopolitique », une « proximité de plus en plus forte avec le voisin chinois ». Le rapport précise que « les investissements chinois en Russie ont été multipliés par sept au cours des dix dernières années. Quant au volume des exportations, il a été multiplié par vingt-deux depuis 1996. En face, Moscou joue la carte des hydrocarbures. La part de ses exportations de pétrole vers la Chine pourrait ainsi grimper de 23 % à 35 % d’ici 2025. De quoi accentuer l’arrimage du pays au marché chinois ».

LES DEFIS GEOPOLITIQUES

Reste une interrogation : comment évolueront les ambitions géopolitiques de la Russie ? Le rapport précise que pour des raisons financières « un scénario selon lequel Poutine démarrerait un conflit international majeur est hautement improbable (…) En revanche, le chef du Kremlin a les moyens de mener des interventions à faible échelle et de courte durée ».

« Parmi les cibles potentielles : la Biélorussie, une ancienne république soviétique » proche de Moscou. Minsk étant liée à Moscou dans une Union étatique bicéphale. Et le président Lukashenko ayant arrêté le processus de transition pro-occidental (3) en 1996 et ayant établi une économie « post-soviétique ». Depuis des années, la Russie plaide pour une union plus étroite des deux pays. Autre territoire en ligne de mire : le Kazakhstan. « Les autorités russes suivent de près les guerres de succession à venir dans ce pays vaste comme cinq fois la France. Si les nouveaux dirigeants décidaient de tourner le dos au grand frère russe, Poutine pourrait opter pour des solutions radicales, il ne peut pas se permettre de perdre un nouvel allié au profit de l’Occident ».

Enfin la Question ukrainienne reste ouverte. Rappelons le poids géopolitique de Kiev : avec l’Ukraine la Russie est un empire, sans elle elle perd ce statut …

NOTES ET RENVOIS :

(1) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (I) :
LES CONCEPTIONS GEOPOLITIQUES DE JEAN THIRIART, LE THEORICIEN DE LA ‘NOUVELLE ROME’
sur http://www.lucmichel.net/2018/03/28/luc-michels-geopolitical-daily-geoideologie-aux-origines-du-neoeurasisme-i-les-conceptions-geopolitiques-de-jean-thiriart-le-theoricien-de-la-nouvelle-rome/
Et sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
*GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (II) :
L’ECOLE EURO-SOVIETIQUE DE GEOPOLITIQUE (1982-1991)
sur http://www.lucmichel.net/2018/04/03/luc-michels-geopolitical-daily-geoideologie-aux-origines-du-neoeurasisme-ii-lecole-euro-sovietique-de-geopolitique-1982-1991/

(2) Tout le monde connait la chute du baril de pétrole, qui frappe durement non seulement la Russie, mais bon nombre d’état latino-américains et africains. Le Géopoliticien Luc MICHEL va donc parler de GEO-ECONOMIE. Il va notamment nous résumer les plus récentes analyses des spécialistes économistes et pétroliers, ceux du ‘Groupe Forbes’ notamment, qu’il partage.
Ou va le marché mondial du pétrole aujourd’hui ?
La maîtrise de ce marché qui semble être passée dans les mains américaines va-t-elle se maintenir ?
Et dans l’optique du géopoliticien, qui ne perd jamais de vue la Géopolitique mondiale, il va non seulement nous expliquer la « chute du prix du baril » et l’émergence d’un « nouveau marché mondial du pétrole », mais en anticiper les conséquences géopolitiques …
Géopolitique et géo-économie sont étroitement liées .
Quelle vont être les conséquences pour la Géopolitique mondiale de ce « nouveau marché du pétrole », encore impensable il y a cinq ans, dominé par les hydocarbures de schiste américain ?
* Voir sur PCN-TV/
GEOECONOMIE & GEOPOLITIQUE:
LUC MICHEL DECRYPTE LA CRISE DU PETROLE ET LES MUTATIONS DE SON ‘NOUVEAU MARCHE MONDIAL’
sur https://vimeo.com/208195737

(3) J’évoque ce « processus de transition » à propos de la Libye de Kadhafi.C’est effectivement le même processus qui a détruit la Jamahiriya libyenne de Kadhafi. Détruite sur un scénario qui rappelle étroitement la Yougoslavie et ce n’est pas un hasard.
La Libye aussi, depuis 2003, avait une aile libérale, opposée à celle des socialistes patriotes. Celle rassemblée derrière Saïf Al Islam, qui a amené libéraux et islamistes (comme le président du pseudo CNT Abdeljalil) au pouvoir. Il faut lire les pages révélatrices de Bernard-Henry Levy sur Saïf dans son livre d’auto-propagande personnelle « LA GUERRE SANS L’AIMER », où il pose la question qui choque : « comment celui qui était des nôtres (l’expression est de lui) a-t-il pu rejoindre son père ? »… Là le régime a aussi été déstabilisé et attaqué de l’intérieur. Avant que les bombes, les armées et les mercenaires de l’OTAN et des USA ne viennent finir le travail. J’ai vécu de l’intérieur cette prise de la Libye, aux côtés de nos camarades socialistes du MCR (dont je dirigeais le Réseau paneuropéen). J’ai vu comment les illusions de Tripoli sur la coexistence pacifique et l’économie globalisée ont permis aux libéraux libyens de se constituer en Cheval de Troie et de préparer l’assaut extérieur.

Sur le processus de transition, au Belarus, en Yougoslavie et en Libye notamment, j’ai donné une longue analyse intitulée “Le Modèle du Belarus comme alternative à la Globalisation”, à Minsk, le 5 mai 2011, à l’occasion de la Conférence internationale “THE PROSPECTS OF THE EASTERN PARTNERSHIP”. Elle a été filmée pour PCN-TV et est disponible sur son site :
Voir sur PCN-TV/
International conference “The prospects of the Eastern partnership” (Minsk 5.05.2011)/
Conférence de Luc MICHEL (PART.1 – 2 – 3),
sur “Le Modèle du Belarus comme alternative à la Globalisation”
http://www.dailymotion.com/video/xjjkaz
http://www.dailymotion.com/video/xjjlfo_the-prospects-of-the-eastern-partnership-conference-de-luc-michel-part-2_news

(Sources : AFP – Le Point –Interfax – Free Russia Foundation – EODE Think Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
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PAGE OFFICIELLE III – GEOPOLITIQUE
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