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# AUTOPSIE DU MOUVEMENT DES GILETS JAUNES
Robert Bibeau et Khider Mesloub
Editeur : L’Harmattan

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LE RÉSUMÉ DU VOLUME

Nous abordons tous les aspects de la révolte des Gilets jaunes en mettant l’accent sur la vision et l’action de la classe prolétarienne, distinguant ses attitudes, son comportement et ses activités de ceux de la classe petite-bourgeoise très active dans ce mouvement populiste qui, finalement, ne se sera jamais transformé en mouvement d’insurrection populaire. Notre objectif n’est pas de relater le fil des évènements. Notre objectif est de tirer des enseignements de ce mouvement de révolte populaire innovant, enseignements que la classe prolétarienne conservera comme enrichissement de sa conscience de classe et comme apprentissages à réutiliser lors des prochaines manches dans cette guerre à terminer entre le salariat prolétarisé et le grand capital financiarisé.

La révolte des Gilets jaunes le démontre, l’économie est le fondement et le ferment de tout mouvement sociologique, politique et idéologique. Cette vision matérialiste de l’économie politique et de la réalité sociale a été combattue par les intellectuels de gauche et de droite empêtrés dans leurs supputations superficielles de la conjoncture géopolitique, juridique, diplomatique, médiatique, idéologique, ethnique, sociologique et militaire, visant à occulter le fait que l’histoire de l’humanité est l’histoire de la lutte de classes.

La crise économique du capitalisme a donné naissance à de nombreux mouvements de révolte sociale (…) en France (Gilets jaunes), pour n’en citer que quelques-uns. Le Mouvement des Gilets jaunes présente, dans un contexte économique spécifique, plusieurs des caractéristiques sociologiques, politiques et idéologiques que l’on retrouve éparses dans l’un ou dans l’autre de ces mouvements. À propos de la Révolution Lénine écrivait: «La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et des mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement – sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible – et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs.»

UNE RÉVOLTE POPULISTE SPONTANÉE

La révolte populiste spontanée est le fait de classes et de fractions de classes, que l’éventuelle hégémonie de la classe prolétarienne sur le Mouvement permettra de transformer en insurrection populaire, puis en révolution prolétaire, encore faut-il que les conditions objectives et subjectives soient à maturité. Le Mouvement des Gilets jaunes a pris des formes inédites qui s’expliquent en partie, par sa composition de classe.

Mouvement de révolte populiste spontané, inorganisé et cohérent ;
Forte implication du prolétariat et de la petite bourgeoisie ;
Rejet de l’appareil d’État et de ses appendices, syndicats, ONG ;
Scepticisme vis-à-vis des partis de gauche et de droite (…) …

COMPOSITION DE CLASSE DU MOUVEMENT

Le groupe Robin Goodfellow a présenté un portrait de la composition sociale du mouvement. Ils écrivent: «Le mouvement des gilets jaunes a commencé à l’initiative de représentants de la petite bourgeoisie (classe moyenne) des régions dites «périurbaines» passionnés d’automobile ! La classe moyenne, au sens marxiste du terme, prédomine dans la direction du mouvement. Il en va de même, et c’est bien plus important, de l’alignement politique. Au-delà de la composition sociale de la direction du mouvement, le prolétariat se place sous la direction politique de la petite bourgeoise au sens générique du terme (classe moyenne et petite bourgeoisie capitaliste)»

LES DIX CARACTÉRISTIQUES ONT ÉTÉ SOURCE DE FRICTIONS ET DE TENSIONS ENTRE LES MILITANTS ISSUS DE LA BOURGEOISIE ET DE LA PETITE BOURGEOISIE ET CEUX ORIGINAIRES DE LA CLASSE OUVRIÈRE ET DU PROLÉTARIAT

Les dix caractéristiques ont été source de frictions et de tensions entre les militants issus de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie et ceux originaires de la classe ouvrière et du prolétariat, attestant de la vitalité et de l’ancrage populaire de ce mouvement spontané. Par ces luttes internes, chaque classe témoignait de ses origines sociales, de ses expériences et de ses tactiques de lutte, de ses revendications, de ses intérêts et de l’objectif stratégique ultime de son combat. Par leur engagement la moyenne bourgeoisie et les petits-bourgeois protestaient contre le sort qui leur est réservé sous la crise économique du capitalisme. Bourgeoisie et petite-bourgeoisie ne cherchaient nullement à déboulonner le système capitaliste, mais plutôt à utiliser la révolte des prolétaires (chair-à-manifester, chair à patron, chair-à-voter, avant d’être chair à canon) pour secouer le système économicopolitique (…) On peut caractériser l’engagement de la bourgeoisie comme un effort pour réformer le système capitaliste et ainsi le consolider. Le ras-le-bol de la bourgeoisie française marquait sa révolte inconsciente contre les lois économiques du mode de production capitaliste, exprimé par de futiles efforts pour faire tourner à l’envers les lois de la valorisation, de l’accumulation et de la concentration du capital. Pour chacune des caractéristiques que nous avons énumérées, la position de la petite-bourgeoisie militante évolua dans le sens du compromis et des accommodements avec le pouvoir étatique, d’où le fossé entre ce fragment de classe et les militants d’origine prolétarienne et ouvrière. Les revendications de la petite-bourgeoisie viseront le « repartage » du pouvoir politique par le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC) (voir les 42 revendications en annexe du volume).

Le prolétariat engagé dans le mouvement ne partageait pas les mêmes expériences de lutte ni ne poursuivait les mêmes objectifs tactiques et stratégiques que la bourgeoisie en révolte. Par ses revendications le salariat réclamait la valorisation de la force de travail : hausse des salaires, du SMIC, indexation des retraites, fin du travail détaché, davantage de CDI et des baisses d’impôts pour maintenir le pouvoir d’achat et la valeur marchande de la force de travail, soit une diminution de la portion du surtravail expropriée et la réduction de l’accumulation de la plus-value. Autant de revendications visant la revalorisation de la force de travail et le maintien du pouvoir d’achat.

Cette dichotomie entre la petite bourgeoisie et le prolétariat s’est manifestée non seulement au niveau des revendications, mais aussi au niveau des actions. La petite-bourgeoisie privilégiait les actions percutantes, mais sans grandes conséquences sur l’économie et les profits, telles que les manifestations-parades, ponctuées de «casses» urbaines futiles, les pétitions inutiles, les poursuites judiciaires ridicules, l’appel dérisoire aux institutions internationales, les conférences de presse, les appels à la mythique «opinion publique» et aux médias bourgeois. Les Gilets jaunes prolétariens, quant à eux, privilégiaient le blocage des rondpoints, la fermeture des ports, l’arrêt du transport des marchandises et des salariés, la grève générale et la paralysie de l’économie, autant d’actions qui attaquaient les profits des capitalistes, grands et petits.

APOLITISME BOURGEOIS ET CONSCIENCE DE CLASSE

Les intellectuels bourgeois ont dit des Gilets jaunes qu’ils étaient apolitiques du fait de leur refus de se laisser brider, enrégimenter et instrumentaliser par les vieilles formations politiques bourgeoises de gauche comme de droite. Par leur refus d’être instrumentalisés, les Gilets jaunes ont amorcé une nouvelle voie politique : la voie prolétarienne d’action n’ayant rien en commun avec la gauche classique organisée en groupuscules sectaires et dogmatiques. Le soulèvement populiste – prélude à l’insurrection populaire; prologue à la révolution prolétarienne – ne s’ordonne pas. Notre tâche révolutionnaire n’est pas d’amorcer le soulèvement, mais de l’orienter stratégiquement.

CONSCIENCE DE CLASSE PROLÉTARIENNE

À propos de la conscience de classe et de son incidence sur le mouvement populaire spontané, Kropotkine écrit ceci à la suite de la Révolution russe de 1918 : « La révolution que nous avons vécue est la somme totale, non pas des efforts individuels séparés, mais c’est un phénomène naturel, indépendant de la volonté humaine, similaire à un de ces typhons qui se lève soudainement sur les côtes de l’Asie orientale. Des milliers de causes, parmi lesquelles le travail d’individus séparés et même de parties entières n’ont été que des grains de sable, chaque petit souffle de vent local a contribué à former le grand phénomène naturel, la grande catastrophe qui soit renouvèlera ou détruira, voire les deux, détruira et reconstruira. »

Selon Kropotkine, la conscience de classe révolutionnaire n’est pas apportée de l’extérieur, mais elle jaillit au sein même de la classe en révolte. La révolte de classe est intrinsèque à l’existence même de la classe dans ses contradictions et sa lutte contre la nature pour lui arracher ressources, moyens de production et biens de consommation, et dans son combat social inévitable contre la classe capitaliste exploiteuse, qui, elle aussi, mène son combat contre la nature et contre la classe prolétarienne afin de la forcer à valoriser le capital, et ainsi assurer l’accumulation capitaliste et la reproduction de l’espèce humaine (…)

RÉFORMISME OU RÉVOLUTION, SOCIALISME BOURGEOIS OU COMMUNISME PROLÉTARIEN?

Au XXIe siècle, ce que la gauche appelle la «Révolution socialiste» est un anachronisme des siècles derniers (XIXe et XXe siècles), l’époque héroïque des mouvements syndicaux progressistes et des organisations politiques de la gauche réformiste et revendicatrice, qui a eu pour mission historique d’arracher des concessions démocratiques, des réformes sociales, de meilleures conditions d’exploitation de la force de travail et la décolonisation des populations vivant sous l’oppression directe du féodalisme et des puissances colonialistes, afin de les faire accéder au capitalisme. Pour les salariés, les limites de ces conquêtes sont aujourd’hui atteintes, tout comme sont atteintes les limites économiques et géographiques de l’expansion du mode de production capitaliste (…) Sous le mode de production capitaliste, la guerre de classe se résume à ceci : chaque classe sociale se bat pour accroitre sa portion de la valeur produite par la force de travail salarié, génératrice de plus-value. (…)

Ce faisant, le grand capital accapare une part grandissante des budgets de l’État, au détriment du petit capital national, grevant ainsi les marchés qui dépendent des clientèles populaires aux allocations sociales compressées par les politiques d’austérité. Et ainsi va la spirale infernale du capital en débandade. (…) Au commencement d’un mouvement de résistance contre les agressions du capital et de son État, il est normal que la petite-bourgeoisie et le prolétariat à travers ou par-delà leurs organisations de collaboration de classe (syndicats subventionnés, ONG stipendiées, partis et organisations politiques électoralistes) organisent la résistance selon des principes et des méthodes de combat éculés : manifestations de types processions, jérémiades, gesticulations et pétitions bidon, votations de «protestation», jusqu’à ce que les manifestants du weekend se rendent compte de l’inefficacité de leurs actions, car elles ne pénalisent que la populace et la bourgeoisie marchande. (…) Néanmoins, le 10 décembre, le gouvernement, par ses minimes concessions, a brisé le «Front uni» de la moyenne bourgeoisie, de la petite bourgeoisie et du prolétariat qui encore une fois a été floué.

FRONT UNI INTERCLASSES OU FRONT UNI PROLÉTARIEN ?

La question du «Front uni interclasses», que nous différencions du « Front uni prolétarien », n’est pas une question subjective ou métaphysique. Comme toute autre question stratégique et tactique, c’est d’abord un dilemme économique. Qui contrôle les cordons de la bourse dirige l’orchestre social. N’attendez pas de la moyenne bourgeoisie d’affaires qu’elle se sacrifie pour le salut de la petite-bourgeoisie ou du prolétariat. À la première occasion, elle trahira le soi-disant Front uni pour préserver ses avantages, même s’ils paraissent bancals. (…)

L’ORGANISATION RÉVOLUTIONNAIRE: FRUIT DE LA RÉVOLUTION EN MARCHE

L’évolution du Mouvement nous renseigne sur cette orientation inédite, illustrée par le rejet radical de l’appareil d’État, de ses appendices organisationnels syndicaux, ONG et partis politiques. De l’expérience des gilets jaunes il faut déduire que le soulèvement populiste spontané sera pris en charge par le prolétariat révolutionnaire, cette «avant-garde» qui aura germé dans le giron de la guerre de classe prolongée et non de l’appel d’intellectuels gauchisants. Le parti révolutionnaire de classe ne préexiste pas au mouvement révolutionnaire, il surgit spontanément comme la cristallisation d’une lente fermentation des divers groupes et associations militantes. L’action insurrectionnelle transformera le mouvement populiste spontané en une insurrection populaire organisée, visant non plus à réformer, mais à détruire le système, son appareil d’État bourgeois, et à renverser le mode de production capitaliste, pour appeler à la construction du nouveau mode de production communiste prolétarien. (…)

La conscience de la classe révolutionnaire, ainsi que ses organisations révolutionnaires, ne sont pas des éléments préconstitués, enfermés dans un cocon qu’il suffirait d’extirper. La conscience de classe ne peut être apportée de l’extérieur de la classe comme une vérité révélée – cette conception thomiste relève de la mystique religieuse. La conscience de classe est un construit – une production de classe, au même titre qu’une œuvre d’art, un objet à la fois concret (l’idée matérialisée dans un projet de société en progrès) et abstrait (les rapports sociaux de production) issu de l’activité de la classe aspirant à l’émancipation, non pas comme un désir mystique – théologique – mais comme une nécessité impérative (…) De ces principes, il découle que ce sont les conditions économiques et sociales objectives qui provoqueront le mouvement insurrectionnel spontané. Ce n’est pas la classe qui crée le mouvement insurrectionnel, c’est le mouvement insurrectionnel spontané qui consolide la classe, à commencer par ses éléments les plus militants engagés dans le mouvement. (…) la dictature du prolétariat n’est pas une loi d’airain qu’impose une organisation centralisée sur la classe révolutionnaire spontanée et sur la société transformée en goulag social.

À l’étape révolutionnaire du mouvement, la spontanéité s’estompe, le niveau de conscience de la classe murit, puis s’affermit dans et par le processus révolutionnaire, favorisant ainsi la consolidation du projet révolutionnaire global. De ceci, il découle que l’insurrection populaire n’est pas la Révolution prolétarienne, elle en est la prémisse nécessaire à la fois objective et subjective. Chaque révolte populaire, quel que soit le pays où elle se produit, est une vague lancée à l’assaut du pouvoir bourgeois. Vague qui, souvent, vient mourir aux pieds de la citadelle étatique du grand capital. La Commune fut un coup de tonnerre – un défi – que la classe prolétarienne parisienne, encore embryonnaire, lança au pouvoir étatique bourgeois en pleine expansion. À cette époque, l’immaturité évidente des conditions objectives et subjectives de la révolution prolétarienne mondiale (l’immaturité de la classe révolutionnaire) entraina la défaite inévitable de cette insurrection populaire.

* Voir aussi les analyses de Luc MICHEL :
Sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
GEOIDEOLOGIE : LES ‘GILETS JAUNES’ PREMIÈRE REVOLTE POPULAIRE CONTRE LA GLOBALISATION MADE IN USA
sur http://www.eode.org/luc-michels-geopolitical-daily-geoideologie-les-gilets-jaunes-premiere-revolte-populaire-contre-la-globalisation-made-in-usa/

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