LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 06 13/

« Mon pays est victime de deux guerres, militaire et économique, dirigées par les Etats-Unis »
– Fouad Ali (directeur des opérations de change
au sein de la Banque centrale de Syrie).

Ayant perdu sur les fronts militaires, Washington et son complice turc, indissociables en Syrie (à part pour les idiots utiles de la « Géopolitique de l’émotion) se sont lancés dans une guerre financière et économique impitoyable contre Damas. Qui vise aussi Téhéran. Et dans une mesure moindre le Liban. Et tourne autour d’une nouvelle loi américaine de sanctions, dite « César » …

I-
SYRIE ET IRAN :
LE CŒUR DE CIBLE

LES AUTORITES SYRIENNES VEILLENT DONC RIGOUREUSEMENT SUR LEURS RESERVES MONETAIRES

« Les forces de sécurité syriennes ont réussi à arrêter un négociant en devises étrangères et un manipulateur du taux de change, avec en sa possession des millions de dollars qu’il tentait de faire passer clandestinement à l’étranger via la Turquie », informe ‘PerspectivesMed’ (Maroc). Ce dernier pays qui cherche à affaiblir son voisin du sud n’hésite pas à jouer la carte US qui cherche, notamment via la «loi Cesar» a serrer la vis des sanctions contre Damas. Sanctions qui, du côté syrien, sont jugées « contre-productives » et « à même de se retourner contre ceux qui les ont décidé ». Le coup de filet réussi par les sécuritaires syriens a été rapporté par l’agence de presse ‘Times of Al-Sham’ qui a cité des sources anonymes et publié une photo montrant des paquets de dollars estimés à plus de 50 millions , et un post-it sur lequel est inscrite la date du mardi 9 juin 2020.

Fouad Ali, directeur des opérations de change au sein de la Banque centrale de Syrie, a assuré sur les ondes de ‘Sham FM’ que « son pays était victime de deux guerres, militaire et économique, dirigées par les Etats-Unis ». Il a fait référence aux propos tenus par le représentant américain pour la Syrie James Jeffrey et la volonté de Washington « d’asphyxier la Syrie en resserrant davantage l’étau des sanctions auxquelles Damas est soumise depuis des décades ». « Ce qui se passe en Syrie est une crise composée qui combine la chute de la livre due aussi au pillage du pétrole, et la mise à feu des champs de blé , pour porter atteinte à l’économie , auquel s’ajoutent les menaces de sanctions par les USA et la campagne menée par ces sites qui haussent le taux de change, incitant les manipulateurs des taux de change à se lancent dans des spéculations pour hausser la demande en dollars », a-t-il expliqué. F. Ali a déploré « les tentatives des négociants de monopoliser les produits alimentaires de première nécessité comme le sucre, le riz, le thé et les produits pharmaceutiques », assurant qu’ils « seront aussi pourchassés ».

À LA MI-JUIN, LES SANCTIONS AMERICAINES CONTRE LA SYRIE VONT S’INTENSIFIER, AVEC LA PROMULGATION DE LA « LOI CESAR »

À la mi-juin, les sanctions américaines contre la Syrie vont s’intensifier, avec la promulgation de la « loi César », qui vise à « poursuivre les individus, les groupes, les entreprises et les pays qui ont des échanges avec le gouvernement de Damas». Cette loi, prétendument nommée en l’honneur (sic) d’un officier déserteur de l’armée syrienne, est destinée à empêcher les entreprises et les pays d’avoir des relations diplomatiques avec la Syrie et de contribuer à la reconstruction, aux investissements et à la fourniture de pièces détachées pour les secteurs de l’énergie et de l’aviation en Syrie. Les sanctions touchent également la Banque centrale syrienne, en gelant les avoirs des personnes qui transigent avec la Syrie et en invalidant leur visa pour l’Amérique.

Les nouvelles sanctions des USA contre la Syrie n’ont aucune valeur morale puisque l’establishment américain se soucie peu des valeurs humaines et de l’abus de pouvoir. Le respect de l’administration US à sa propre constitution est sérieusement mise en doute au regard de la réaction des forces de sécurité contre les manifestants qui dénoncent la discrimination raciale généralisée et les violences policières à caractère raciste.

LE MODELE IRAKIEN

Dans les années 1990, les USA avaient imposé des sanctions contre l’Irak (pétrole contre nourriture) qui ont tué des centaines de milliers de citoyens irakiens, et des centaines de milliers d’enfants irakiens, sans que le régime de Saddam Hussein et son entourage en soient affectés. Dès lors, on peut dire qu’en règle générale, les sanctions américaines affectent principalement la population et non les dirigeants.

SWIFT CONTRE APEX

A Damas, il y a lieu de souligner que la menace que brandit Washington quant à la pertinence de « la Loi César » est minorée. « Elle se retournera contre ses promoteurs », laisse-t-on entendre. Car la Syrie n’est pas à une première salve de sanctions US près. D’autres avaient été déroulées à son encontre depuis des décades. Certes, des perturbations sont à craindre dans un premier temps sur le plan économique. Mais il faut croire que contre le système SWIFT, celui qui valide les transactions commerciales libellées en dollar, le système APEX pourrait servir de bouclier pour le commerce syrien. Que ce soit avec l’Iran, la Russie et la Chine, voire peut-être le Liban voisin qui survit à la pire crise économique qui l’asphyxie depuis l’indépendance, cette formule qui privilégie le recours aux monnaies locales pourrait s’avérer porteur.

En imposant de nouvelles sanctions étouffantes à la Syrie, les USA aident en fait le Levant à sortir de la sphère d’influence et de la présence américaines. Le basculement vers l’Est relève dès lors de l’impératif stratégique… Voilà pourquoi les sanctions se retourneront contre leurs promoteurs.

-II
LE LIBAN COMME DOMMAGE COLLATERAL

« À Beyrouth, le gouvernement ne peut adopter la loi César, s’y plier et fermer ses portes à la Syrie. Les seuls postes-frontière terrestres du Liban traversent en Syrie, Israël étant considéré comme un ennemi. Tout plan économique national visant à revitaliser l’important secteur agricole local en exportant des produits vers la Syrie, l’Irak ou d’autres pays du Golfe échouerait si la loi César entrait en vigueur ». Toute industrie régénérée ou tout échange commercial avec les pays du Moyen-Orient doit franchir la « porte syrienne ». Le gouvernement libanais actuel risque également de tomber s’il applique les sanctions américaines. Washington ne fournit aucun appui financier à l’économie libanaise en crise et n’a nullement l’intention d’offrir l’aide immédiate nécessaire pour la relever. Les USA, comme c’est devenu la norme, cherchent à imposer des sanctions et des conditions aux pays qu’ils ciblent, mais offrent peu en retour aux autres pays que cela affecte. Dans le cas du Liban, son déficit budgétaire frôle les 100 milliards de dollars après des décennies de corruption et de mauvaise gestion.

Le gouvernement du premier ministre Hassan Diab est, en théorie, un gouvernement technocratique et apolitique. Il ne voit pas les USA comme un ennemi, mais il ne suivra pas nécessairement les diktats américains, puisqu’il est proche de l’« Alliance du 8 mars » dont les membres qui ont le plus de poids ne sont pas amis des USA. Par conséquent, la seule solution pour ce gouvernement ou tout autre qui suivra consiste à se tourner vers l’est, c’est-à-dire vers la Chine, la Russie et l’Iran. Les USA vont probablement perdre le Liban, puisque ses alliés de l’« Alliance du 14 mars » sont devenus sans voix et impuissants. Il ne fait aucun doute que le parti chrétien au sein du groupe politique du « 8 mars » sera pris à parti et affecté par les sanctions des USA. Ce groupe possède des relations internationales à entretenir et à surveiller ainsi que des comptes bancaires à l’étranger. Quoi qu’il en soit, la loi César ne peut s’appliquer au Liban, peu importe les conséquences de la violation de ses dispositions.

-III
COMMENT ANKARA APPLIQUE DEJA LA ‘LOI CESAR’ EN SYRIE : LA TURQUIE FAIT CIRCULER SA LIVRE DANS DES REGIONS QU’ELLE OCCUPE

Dans un geste que les observateurs politiques considèrent comme étant la participation de la Turquie à la mise en œuvre de la loi « César », le Front al-Nosra (ex al Qaida en Syrie, parrainé par Erdogan) a commencé à commercer avec la livre turque dans les territoires occupés de la province d’Idlib. Selon la chaîne ‘Al-Mayadeen’, le soi-disant « gouvernement de salut » affilié à Hayat Tahrir al-Cham a annoncé le début des transactions avec la livre turque dans les territoires sous son contrôle dans la province syrienne d’Idlib sous prétexte d’une dévaluation de la lire syrienne. Les observateurs politiques estiment que cette décision est « une tentative de la Turquie de renforcer son influence en Syrie en établissant des liens économiques entre les régions occupées par les terroristes et Ankara et en participant au processus d’accélération de l’application de la loi César ».

Plus tôt, une source proche de Hayat Tahrir al-Cham avait révélé que le groupe terroriste avait « l’intention de mener ses transactions financières à l’intérieur de la Syrie avec la livre turque et de remplacer en fait la livre turque par la livre syrienne dans le commerce ».

(Sources : PerspectivesMed – Times of Al-Sham – Sham FM – Al-Mayadeen – EODE Think Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

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ELAC - RR 2020 - 002 (2)

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