LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE-BOOKS/
Avec Afrique-Media-Livre/
supplément livre au Quotidien géopolitique/ Geopolitical Daily de Luc MICHEL/
2020 08 15/

« Telle une étoile massive en fin de vie, la « supernova » ottomane a bouleversé son environnement. A un siècle de distance, elle continue d’illuminer (ou d’assombrir, selon le point de vue) le paysage régional et la nébuleuse d’Orient qui lui a succédé demeure des plus instables. D’une question d’Orient à une autre, l’histoire que nous raconte avec passion Yves Ternon n’est, à bien des égards, pas terminée »
– Marc Goutelier (Les Editions du Félin).

« Turquie: 100 ans après, Recep Tayyip Erdogan exploite toujours le ‘syndrome de Sèvres’ » titrait ce 10 août ‘Le Soir’ (Bruxelles), rappelant que pour le « nouveau sultan », Sèvres est toujours d’actualité : « Il y a un siècle, le 10 août 1920, le pouvoir ottoman était contraint de signer le traité de Sèvres, qui organisait le dépeçage de l’empire au sortir de la Première Guerre mondiale. Ce traité ne sera jamais appliqué, mais le souvenir de l’humiliation de Sèvres reste vivace chez une partie des Turcs ».

Le président Erdogan exploite ce ressentiment. La Turquie est essentiellement animée par un revanchisme sur la défaite ottomane de 1918 dans la Première guerre mondiale et le Traité de Sèvres (1) qui a consacré son démembrement. C’est cela qui anime dès les Années ’20 le « pantouranisme » (récupéré par Erdogan avec son alliance de 2017 avec les « loups gris » du MHP) (2) et le néo-ottomanisme du Régime AKP (3) : « L’Empire ottoman, entré en guerre à reculons aux côtés de l’Allemagne, est l’un des grands perdants de la Première Guerre mondiale. Obligé de se soumettre à l’occupation alliée, il a en fait cessé d’exister comme Etat indépendant. « Les territoires ottomans étaient l’un des principaux enjeux de la guerre », rappelle Mehmet Alkan, président de la Fondation d’histoire à Istanbul. « A la fin du conflit, les Etats vainqueurs se sont logiquement empressés de se partager ces territoires. » L’armistice signé le 30 octobre 1918 en rade de Moudros, en Grèce, puis, surtout, le traité de Sèvres, du 10 août 1920, consacrent le démantèlement de l’empire. « Imaginez un tout petit pays centré sur l’actuelle capitale, Ankara, sans aucun accès à la mer, dont 99 % du territoire ne serait constitué que de terres agricoles, sans espoir d’industrialisation », décrit l’historien. « C’était ça, la Turquie de Sèvres » (…) »

Le livre d’Yves Ternon est le guide indispensable pour comprendre la grande majorité des conflits contemporains (Syrie, Irak, Balkans, Maghreb ou encore Kurdes, Arméniens, Arabes ou Turcs etc.), tous héritiers de la chute de l’Empire ottoman.

LM

# L’EMPIRE OTTOMAN – LE DECLIN, LA CHUTE, L’EFFACEMENT
Auteur : Yves Ternon
Editions du Félin
Pages: 520
ISBN: 978-2-86645-898-0

Pendant six siècles la maison d’Osman imposa sa loi à des dizaines de peuples et de nations. A son apogée, au XVIe siècle, l’Empire ottoman s’étendait sur trois continents. Puis il amorça son déclin. Ce déclin nous en payons toujours le prix géopolitique en 2020 ! Les sultans ne pouvaient moderniser l’empire en préservant les règles théologiques sur lesquelles il reposait. L’Empire ottoman subit les pressions divergentes des puissances européennes. La Russie – l’ennemi historique, la 3e Rome qui est l’héritière directe de Constantinople, la seconde Rome (4) – convoitait ses territoires. L’Angleterre, qui sera bientôt celle du premier « Grand Jeu », tenait à la préserver pour assurer sa route des Indes. Au XIXe siècle, miné par l’éveil des nationalismes, l’empire commença à se démembrer et perdit ses possessions européennes et africaines. En rêvant de reconstituer un ensemble turc asiatique, les Jeunes-Turcs (ceux d’Enver Pacha) (5) précipitèrent son effondrement qui se produisit après la Première Guerre mondiale.

Alors Attaturk vint, un anti-Erdogan !
La révolution kémaliste préserva l’empire d’une désintégration. Sur ses ruines, Mustafa Kemal édifia une République turque laïque et moderne. Sur ses ruines, Mustafa Kemal édifia une République turque laïque et moderne. Il effaça les traces de cette théocratie, transforma les institutions et les mentalités et introduisit les éléments de la civilisation occidentale, tout en procédant à une homogénéisation ethnique et en réécrivant l’histoire pour la modeler à sa vision.

Yves Ternon est historien. Il a consacré l’essentiel de ses travaux à l’histoire des génocides du XXe siècle. Il est l’auteur de nombreux livres, en particulier Les Arméniens. Histoire d’un génocide (Seuil, 1996), L’Etat criminel, les génocides au XXe siècle (Seuil, 1995), L’Innocence des victimes au siècle des génocides (Desclée De Brouwer, 2001) ou encore Eclats de Voix (éditions du Félin, 2006).

UNE HISTOIRE PAS TERMINEE :
« LA TURQUIE D’ERDOGAN N’A PAS FAIT LE DEUIL DE L’EMPIRE »

L’Empire ottoman fut un vaste ensemble multiethnique et multiconfessionnel. La Turquie n’est pas la seule héritière de cet empire. Aujourd’hui, plus de vingt Etats ont, dans leur histoire, un passé ottoman. En restituant à chacun la part de ce passé qui lui revient, ce livre contribue à apaiser des forces irrédentistes et des passions nationalistes toujours vives. Il fournit une grille de lecture nouvelle à l’histoire des Balkans et du Proche-Orient. « De la Syrie à la Libye, le projet « néo-ottoman » d’Erdogan (6) titrait récemment ‘Le Monde’ ; c’est dire l’intérêt qui s’attache à une étude renouvelée de ce que représenta l’Empire ottoman et des traces laissées par sa chute en 1918.

Le spectre de l’Empire défunt semble hanter encore les hommes, les cartes, les dirigeants. Chaque jour, qu’il s’agisse des mouvements d’Ankara en Irak, en Syrie et plus récemment, – avec quel éclat – en Libye et en Méditerranée orientale, on voit que la Turquie d’Erdogan n’a pas fait le deuil de l’Empire. Le nouveau « sultan » ne reçoit-il pas les dignitaires étrangers dans son immense palais, entouré d’une garde d’honneur revêtue d’uniformes et d’armures turcs des siècles d’or de l’Empire ottoman ? Des noms de grands sultans sont attribués à des ouvrages monumentaux. L’osmanli, la langue de l’administration ottomane, écrite dans sa variante de l’alphabet arabe, a fait son retour dans l’enseignement. Istanbul a célébré avec ferveur le 29 mai, le 567e anniversaire de la conquête de Constantinople par le sultan Mehmet II, dit le « Conquérant ». Pour la première fois depuis quatre-vingt-sept ans, un imam a récité une sourate du Coran à l’intérieur de la basilique Sainte-Sophie. Erdogan évoquait constamment l’idée de transformer la basilique en mosquée, ce qu’elle a été de 1453 à 1935, tandis que Kemal Attatürk en avait fait en musée, ce qui n’était pas vu d’un bon œil par l’élite laïque du pays et encore moins par la Grèce, qui rappelle que « Sainte Sophie est un monument mondial du Patrimoine mondial culturel ».

Certes, Recep Tayyip Erdogan ne cherche pas à éliminer toute trace de l’idéologie kémaliste, comme on l’a souvent écrit, mais plutôt à en intégrer la dimension nationaliste, si chère au peuple turc, certain de son passé mythique dans une histoire ottomane pluriséculaire. À son apogée, cet Empire, dont les ascendances turques le reliaient aux empires nomades nés dans l’immensité des steppes d’Asie centrale au Moyen- Âge, s’étendait des plaines de Pannonie, en Hongrie, aux Montagnes du Yémen, et des contreforts de l’Atlas à ceux du Caucase, en passant par le Golfe, lac ottoman, dont s’est saisie Albion pour sécuriser la voie de son empire des Indes. C’est cette histoire que trace avec profondeur Yves Ternon, mais son regard porte bien au-delà.

On sait bien que telle une étoile massive, en fin de vie, comme l’écrit Marc Goutelier dans sa lumineuse préface, la « supernova » ottomane a bouleversé son environnement. La disparition de l’Empire a généré un vide qui n’a jamais pu être durablement comblé. Les États successeurs, Liban, Syrie, Irak…, se sont montrés trop faibles, et surtout trop hostiles les uns envers les autres pour pouvoir assurer eux-mêmes une cohérence de leur environnement régional. Français et surtout Britanniques, qui se voulaient les nouveaux maîtres des lieux, tombeurs de la « Sublime Porte », n’ont pas été en mesure d’imposer leur influence, devenue très contestée après 1945. N’est-ce pas au sujet de la Turquie et de la Grèce, qui s’étaient affrontés à propos des ruines de l’Empire ottoman, que Londres a passé le flambeau de la défense du monde occidental à Washington, en 1947 ? Cependant, les États-Unis, pris dans la politique globale d’affrontement avec l’URSS et fondant leur politique sur les deux piliers Iranien et saoudien, n’ont pas perçu les subtilités des équilibres régionaux et locaux. Autre disparition, loin d’être sans conséquences, celle du califat en 1924. Ce fut l’étendard de l’islam durant quatre siècles, et sa brusque disparition a créé un vide dans lequel se sont engouffrés les Frères musulmans, créés quelques années plus tard, en 1928 dans une Égypte sous occupation britannique. Daech, né sur les ruines de l’Irak post-2003, ne s’est-il pas approprié le titre de sultan pour profiter du désarroi des populations privées de toute affiliation ?

« LE TRAUMATISME DU DEPEÇAGE IMPERIAL »

La Turquie n’a donc pas fait son deuil de l’Empire, est-ce cela qui la rapproche, en apparence et en apparence seulement, de la Russie (7) ? tel n’est nullement le propos d’Yves Ternon, mais son ouvrage pousse le lecteur à s’interroger. En effet, les deux pays ont ressenti dans leur chair le traumatisme du dépeçage impérial. Tous deux s’interrogent sur leur identité, qui n’est ni européenne, ni totalement asiatique, mais eurasiatique. Tous deux, pense-t-on, se comportent en citadelles assiégées, se méfiant de leurs voisins – pour la Turquie ce sont Grecs et Arabes. Voilà l’un des mérites de l’ouvrage d’Yves Ternon, qui éclaire sur les origines d’une multiplicité de crises de notre époque.

Les dernières années de l’Empire ottoman et celles qui suivent, font d’ailleurs l’objet d’une attention particulière de l’auteur. Et pour cause : les événements de cette période ont en grande partie modelé la Turquie, mais aussi le Moyen-Orient, les Balkans et dans une grande mesure l’Afrique du Nord tels que nous les connaissons aujourd’hui. Sur les terres de l’ancien monde ottoman, facteurs identitaires et ingérences des puissances avaient joué un rôle moteur dans la désagrégation de l’Empire. Ils continuent, à ce jour, d’y alimenter violence et conflits. On ne s’étonnera donc pas que près de deux cents pages soient consacrées aux dernières années de l’Empire ottoman, de la paix des alliés de Moudros à Sèvres, de l’apparition de Mustapha Kemal au sort des minorités chrétiennes d’Asie Mineure, passant par sa paix de Lausanne. Une cinquième et longue partie est consacrée à la République d’Atatürk ; le rayonnement de la Turquie atteint alors une sorte d’apogée. Le roi Édouard VIII lui rend visite en 1936, la première d’un souverain britannique en Turquie. Reza Shah, qui avait pris le pouvoir en 1929 et l’avait érigé en modèle, avait été accueilli triomphalement en 1934, ébauchant une entente asiatique entre la Turquie, la Perse et l’Afghanistan, qui, si elle s’était perpétuée et consolidée, aurait évité bien des déboires. La question d’Orient, qui avait tant animé les chancelleries à compter de la guerre de Crimée, de l’ « homme malade » de l’Europe, n’est pas morte.

Que d’héritages a-t-elle laissé ; le génocide arménien, non reconnu par Ankara, la question kurde, le Kosovo, un des derniers territoires balkaniques à quitter le giron ottoman, la Bosnie, toujours minée par des tensions inter communautaires, Chypre, ou encore l’île d’Aphrodite, toujours occupée. Que l’on observe la récente et forte poussée turque en Libye, cette ex-régence de Tripoli, ultime fragment africain de l’Empire ottoman en Afrique, qui s’ajoute aux réseaux de coopération avec l’Afrique, les actions en direction des Balkans et la présence turque en Syrie et en Irak. L’histoire de l’Empire ottoman n’est pas totalement terminée.
( source : http://www.lelitteraire.com/?p=62207)

REGARD SUR « L’EMPIRE OTTOMAN D’HIER ET PEUT-ETRE D’AUJOURD’HUI »

« L’ouvrage permet de comprendre les ressorts de la politique néoottomane du gouvernement turc actuel qui s’appuie sur la nostalgie de l’Empire des sultans, sa récupération propagandiste et ses héritages géopolitiques (pensons à la Libye). L’histoire nous montre qu’on est passé d’un ottomanisme à un nationalisme turc, et qu’on arrive à une synthèse des deux. Mais que ce soit l’un ou l’autre, on remarque que les minorités, sur­tout chrétiennes, sont toujours les victimes de cette histoire, entre dhimmitude, enlèvements, massacres et génocide. Là aussi, la modernité dont se revendiquaient les Jeunes Turcs – et le modèle révolutionnaire français, point sur lequel l’auteur aurait peut-être davantage dû insister – a conduit à une radicalisation des rapports politiques ».

NOTES ET RENVOIS (LM) :

(1) Le Traité de Sèvres (1920) est le jumeau oriental du Traité de Versailles. Il sera révisé par le Traité de Lausanne en 1923. Le traité de Sèvres est signé entre l’Empire ottoman et ses ennemis de la Première Guerre mondiale le 10 août 1920 dans les Hauts-de-Seine. L’Entente, victorieuse, impose alors ses conditions et achève le démembrement de l’Empire qui perd les quatre cinquièmes de son territoire :
Fin 1918, les troupes alliées occupent Constantinople, la capitale de l’Empire, ainsi que de nombreux territoires ottomans : les forces britanniques contrôlent la Mésopotamie et une bonne partie de la Syrie, la France occupe la Cilicie, les Italiens le sud-ouest de l’Anatolie et l’armée grecque se déploie en Thrace orientale et à Smyrne. L’avenir de la région est dorénavant largement entre les mains des puissances occidentales. Après plusieurs rencontres et conférences, les Alliés finissent par s’entendre sur les conditions de paix avec l’Empire lors de la conférence de San Remo, en Italie, en avril 1920. Un traité de paix est signé à Sèvres, en France, par le Sultan Mehmet VI (1861-1926), dernier sultan ottoman, qui choisit de coopérer avec les Alliés. Les conditions du traité sont pourtant humiliantes pour un des plus grands empires de l’histoire moderne. Si les Ottomans conservent Constantinople et le nord de l’Anatolie, leur souveraineté est dorénavant fortement limitée.
* Comme convenu à San Remo, les provinces arabes de l’Empire sont placées sous tutelle britannique en Palestine et en Irak, ou française en Syrie. La Grèce obtient, pour sa part, la Thrace orientale et la région de Smyrne. Cette dernière région fait cependant l’objet d’une clause particulière : elle est placée pendant cinq ans sous administration grecque et sous souveraineté ottomane. Au terme de cette période, les populations, grecques et turques, devront choisir, par référendum, leur pays de rattachement.
* Par ailleurs, les Arméniens revendiquent une « grande Arménie » allant de la mer Noire à la mer Méditerranée et du Caucase à la Cilicie. Le traité de Sèvres prévoit finalement la formation d’un Etat indépendant plus restreint, comprenant les terres arméniennes russes et le Nord-est de l’Anatolie.
* Le principe d’un Kurdistan indépendant est également retenu par les Alliés. Le Levant paye encore aujourd’hui les promesses non tenues faites aux kurdes ! La délimitation de son territoire pose cependant de nombreux problèmes. Les Alliés s’entendent finalement sur la constitution d’un territoire autonome, compris dans la zone ottomane, au sud-ouest de l’Anatolie, comprenant environs 20 % des régions peuplées par les Kurdes. Son indépendance devait être « considérée ultérieurement par la Société des Nations ».
* En outre, les détroits du Bosphore et des Dardanelles doivent être démilitarisés, neutralisés et gérés par une Commission internationale des détroits où sont représentés la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Japon, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et la Turquie. Leurs accès seront entièrement libres en cas de guerre comme en cas de paix et sont contrôlés. Ce qui est encore aujourd’hui leur statrut international.
* Les finances et l’administration turques sont placées sous contrôle anglo-franco-italien. Les droits des minorités sont protégés. La Turquie est aussi sommée de livrer sa flotte, de réduire son armée à 15 000 hommes et 35 000 gendarmes. Le traité de Sèvres est donc d’une grande sévérité et limite fortement la souveraineté turque.
Si le sultan se résigne, après deux mois de discussion, à signer le traité de Sèvres, il est considéré comme inadmissible par les nationalistes, dirigés par Mustafa Kemal. Ce héros de la guerre, qui mène, à partir de l’Anatolie, une lutte acharnée contre le gouvernement de Constantinople et contre les puissances occupantes depuis juin 1919, le rejette immédiatement. La sévérité des clauses du traité de Sèvres l’aide alors à rallier une bonne partie de la population au mouvement. La Turquie en alors en pleine guerre civile et en pleine guerre contre la Grèce. Les Alliés ont négligé l’importance du mouvement national turc. Ils s’aperçoivent très vite de leur incapacité à faire appliquer le traité qui ne sera finalement jamais ratifié. Dès l’automne 1920 et au fur et à mesure des victoires turques, certaines puissances appellent à une révision du traité. Une conférence se tient à Londres en février 1921 dans ce but, sans grands résultats. Le traité de Sèvres est finalement remplacé, le 24 juillet 1923, par le traité de paix de Lausanne qui marque définitivement la naissance de la République de Turquie indépendante s’étendant de la Thrace orientale à l’Asie mineure

(2) Les « Loups gris » (Bozkurtlar en turc) est une organisation armée turque ultranationaliste. Le mouvement est décrit comme néo-fasciste, anti-communiste, anti-grec, anti-kurde, anti-arménien, homophobe et antisémite. Il entretient des relations très étroites avec le Parti d’action nationaliste (MHP), qu’il décrit comme sa branche paramilitaire. Le président turc Recep Tayyip Erdogan aura tout fait pour gagner leur faveur: élever le ton contre l’Europe, durcir la répression des milieux pro-kurdes et relancer le débat sur la peine de mort. Les ultra-nationalistes du MHP – le Parti d’action nationaliste – sont au centre de l’attention depuis qu’Erdogan s’est joint à eux pour mettre en œuvre une révision constitutionnelle qui a considérablement renforcé ses pouvoirs, un texte soumis au référendum, que le MHP a aidé à gagner. Le rapprochement entre Erdogan et Bahçeli, le leader du MHP, peut surprendre. Les deux hommes, qui partagent un style politique viril, ont échangé des mots très durs dans le passé. Erdogan, qui complimente maintenant son vieil ennemi, a fait un geste symbolique en visitant la tombe du fondateur du MHP, Alparslan Türkes, pour commémorer le 20e anniversaire de sa mort. Pour aller encore plus loin, le Premier ministre Binali Yildirim a porté la main forte aux Loups gris, une faction ultranationaliste associée dans le passé à de nombreux assassinats politiques visant des militants kurdes ou de gauche. Le défi pour Erdogan est de «convaincre les nationalistes fascistes qu’il est le premier des loups gris». La voie à suivre est étroite pour M. Erdogan, qui doit donner une garantie à cet électorat sans aliéner totalement les conservateurs kurdes, une frange non négligeable de ceux qui votent traditionnellement pour l’AKP.

(3) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
LA TURQUIE NEO-OTTOMANE D’ERDOGAN DECRYPTEE.
LE MEILLEUR ALLIE DU PROJET AMÉRICAIN DIT DU ‘GRAND MOYEN ORIENT’
sur http://www.lucmichel.net/2018/07/01/luc-michels-geopolitical-daily-les-emissions-qui-completent-lanalyse-la-turquie-neo-ottomane-derdogan-decryptee-ii-le-meilleur-allie-du-projet-americain-dit-du/

(4) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
LE SOI-DISANT ‘RAPPROCHEMENT RUSSO-TURC’(II) : COMMENT LES PROJETS GEOPOLITIQUES NEOEURASISTE RUSSE ET TURC (INTEGRATION DANS L’UE OU PANTOURANISME) SONT ANTAGONISTES !?
http://www.lucmichel.net/2017/11/08/luc-michels-geopolitical-daily-le-soi-disant-rapprochement-russo-turcii-comment-les-projets-geopolitiques-neoeurasiste-russe-et-turc-integration-dans-lue-ou/

(5) Aux sources du Pantouranisme (ou « Panturquisme ») : l’échec des « Jeunes Turcs » d’Enver Pacha et la défaite de l’Empire ottoman en 1918 …
Il est Membre du Comité Union et Progrès (CUP), aussi appelé Mouvement Jeune-Turc. Ce mouvement, qui naît et se développe dans les écoles supérieures militaires de Constantinople, prône le retour à la constitution ottomane de 1876 abolie par le sultan Abdulhamid II et critique la politique servile de ce dernier à l’égard des occidentaux. En 1908 éclate la révolution jeune-turque à Salonique et Enver devient très rapidement un des leaders du mouvement qui parvient à renverser le sultan et installer la seconde ère constitutionnelle de l’Empire Ottoman. Très proche de l’Allemagne où il a étudié et où il retourne très régulièrement, il est l’un des artisans du rapprochement germano-ottoman et de la réforme de l’armée turque sur le modèle allemand.
Devant la défaite des jeunes-turcs aux élections de 1912 au profit de l’Union Libérale et encouragé par le discrédit du nouveau gouvernement à la suite de la crise des Balkans, Enver décide de prendre le pouvoir par la force. Il prend violemment d’assaut la Sublime Porte, le siège du gouvernement turc, et installe un triumvirat dont il fait partie à la tête de l’Empire. Il est de fait le seul maître du pays, n’accorde que très peu d’intérêt au Parlement et exécute ses opposants politique. Auréolé de ses victoires en Tripolitaine (guerre Italie-Empire ottoman) et en Bulgarie (guerres balkaniques), juste avant la première guerre mondiale, lié politiquement à une Allemagne qu’il admire (c’est l’époque des grands projets géopolitiques de l’Allemagne de Guillaume II au Proche-Orient), Enver choisit naturellement l’alliance des puissances centrales lorsque le premier conflit mondiale éclate.
A la fin de la guerre, poursuivi pour le génocide arménien, Enver prend la fuite en l’Allemagne puis en Asie Centrale où il essaie de faire renaître son rêve de toujours : le Panturquisme (ou Pantouranisme). Il récupère un Courant politique visant à la réunion de tous les peuples finno-ougriens et turcophones, dont l’inventeur est Ziya Gögalp (1875-1924), un intellectuel turc à l’origine d’une doctrine, le « pantouranisme », qui prône le regroupement au sein d’une entité politique commune de tous les individus de race et langue turques qui vivent « du Bosphore au Baïkal ». En s’appuyant sur les turcophones d’Asie Centrale il tente d’établir un Turkestan indépendant en s’alliant avec l’URSS contre des rebelles locaux, puis en se retournant contre les soviétiques. Il meurt le 4 août 1922 dans une bataille contre l’Armée Rouge dans l’actuel Tadjikistan, après quelques succès militaires. En 1996 sa dépouille est rapportée à Istanbul, où elle repose depuis.
Contrairemant à ce qu’avancent les eurasistes russes de droite, le Pantouranisme n’est pas une « version turque de l’Eurasisme », mais un projet géopolitique opposé, celui d’un empire turc en Asie centrale et au Caucase qui empêcherait par son existence même toute unification eurasiatique. Le combat d’Enver Pacha perdu contre les bolchéviques qui entendaient restaurer de facto l’empire russe (selon la vision de Staline qui annonce déjà la « Troisième Rome nationale-bolchévique » de la fin des Années 20) s’inscrit dans l’opposition fondamentale entre les deux projets géopolitiques. Les rêveries ésotériques et mystiques orientales, dont les eurasistes russes de droite ont encombré la géopolitique néoeurasiste, celle de Thiriart, expliquent cette incompréhension fondamentale du Pantouranisme.

(6) Voir LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
‘LES OTTOMANS SONT DE RETOUR’: LES AMBITIONS GEOPOLITIQUES DE LA TURQUIE D’ERDOGAN VUES D’ISRAEL
http://www.lucmichel.net/2020/01/28/luc-michels-geopolitical-daily-les-ottomans-sont-de-retour-les-ambitions-geopolitiques-de-la-turquie-derdogan-vues-disrael/
Et LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
QUE PENSE VRAIMENT ERDOGAN ? COMMENT L’EUROPE DECOUVRE UN PEU TARD LES AMBITIONS GEOPOLITIQUES NEO-OTTOMANES …
http://www.lucmichel.net/2018/05/02/luc-michels-geopolitical-daily-que-pense-vraiment-erdogan-comment-leurope-decouvre-un-peu-tard-les-ambitions-geopolitiques-neo-ottomanes/

(7) Cfr. Luc MICHEL, EODE THINK TANK/
GEOPOLITIQUE/ QUEL SOI-DISANT ‘RAPPROCHEMENT TURCO-RUSSE’ ? ERDOGAN REUSSIT SON COUP DE POKER OPPORTUNISTE !
http://www.lucmichel.net/2016/08/24/eode-think-tank-geopolitique-quel-soi-disant-rapprochement-turco-russe-erdogan-reussit-son-coup-de-poker-opportuniste/

(Sources : Editions du Félin – Le Littéraire – EODE Think Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
Supplément livre au Quotidien géopolitique/ Geopolitical Daily de Luc MICHEL

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LM.GEOPOL.LIVRES - Empire ottoman (2020 08 15) FR 2 LM.GEOPOL.LIVRES - Empire ottoman (2020 08 15) FR 3

Turkish President Recep Tayyip Erdogan walks between the honor guards wearing historic Turkish warriors costumes before a ceremony for his Palestinian counterpart Mahmoud Abbas at his new presidential palace in Ankara, Turkey, Monday, Jan. 12, 2015. Abbas is in Turkey for a state visit.(AP Photo/Adem Altan, Pool)
Turkish President Recep Tayyip Erdogan walks between the honor guards wearing historic Turkish warriors costumes before a ceremony for his Palestinian counterpart Mahmoud Abbas at his new presidential palace in Ankara, Turkey, Monday, Jan. 12, 2015. Abbas is in Turkey for a state visit.(AP Photo/Adem Altan, Pool)

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