LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 12 08/
Série III/2020-1297

« Le « Sputnik V » russe, un vaccin teinté de géopolitique »
– AFP, ce jour.

« En annonçant mardi avoir développé le « premier » vaccin contre la Covid-19, baptisé Spoutnik V, la Russie entend se positionner en tête de cette compétition planétaire aux enjeux financiers considérables »
– Futura-Sciences (12 août 2020).

Le président Vladimir Poutine en personne s’est fait dès août le VRP du « Sputnik V », premier vaccin anti-Covid enregistré dans le monde, « témoignant des efforts russes d’en faire aussi un atout géopolitique » (commente l’AFP) : « la Russie s’est attirée une pluie de critiques, des scientifiques occidentaux qualifiant l’annonce de prématurée, celle-ci étant intervenue avant même les essais cliniques de masse (phase 3) et la publication de résultats scientifiques. La communauté internationale, surtout occidentale, y a aussi vu la volonté de Moscou d’étendre son influence dans le monde ».

COVID-19 : OU EN SONT LES VACCINS DANS LE MONDE ?

Dans son Point daté du 31 juillet dernier, l’OMS recense 26 « candidats vaccins » dans le monde, évalués dans des essais cliniques sur l’Homme (contre 11 à la mi-juin). La plupart de ces essais en sont encore au stade de phase I (qui vise avant tout à évaluer la sécurité du produit), ou de phase II (où l’on explore déjà la question de l’efficacité). Seuls cinq sont au stade le plus avancé de phase III, où l’efficacité est mesurée sur des milliers de volontaires : celui développé par l’Allemand BioNTech et l’Américain Pfizer, ceux de la biotech américaine Moderna, des laboratoires chinois Sinopharm et Sinovac, et le projet mené par l’université d’Oxford en coopération avec le Britannique AstraZeneca.

Le vaccin russe est développé par le Centre de recherches en épidémiologie et microbiologie Nikolaï Gamaleïa, avec le ministère russe de la Défense. Le fonds souverain russe impliqué dans son développement assure que la phase III des essais cliniques a commencé dès la mi-août 2020. Et, selon les autorités médicales russes, « enseignants et personnels médicaux commenceront à être vaccinés dès le mois d’août, avant une mise en circulation le 1er janvier 2021 dans la population ».

QUI SONT LES INVENTEURS DU VACCIN RUSSE ?

* Le Fonds d’investissement direct russe (RDIF) :
est le fonds souverain russe créé en 2011 pour réaliser des co-investissements en actions, principalement en Russie, aux côtés d’investisseurs financiers et stratégiques internationaux réputés. Le RDIF « agit comme un catalyseur des investissements directs dans l’économie russe ». La société de gestion de RDIF est basée à Moscou. Actuellement, le RDIF a l’expérience de la mise en œuvre conjointe réussie de plus de 80 projets avec des partenaires étrangers totalisant plus de 1 900 milliards de RUB et couvrant 95% des régions de la Fédération de Russie. Les sociétés du portefeuille du RDIF emploient plus de 800 000 personnes et génèrent des revenus qui représentent plus de 6% du PIB de la Russie. Le RDIF a établi des partenariats stratégiques conjoints avec des co-investisseurs internationaux de premier plan de plus de 18 pays pour un total de plus de 40 milliards de dollars. Vous trouverez de plus amples informations sur rdif.ru

* Le Centre national de recherche Gamaleya pour l’épidémiologie et la microbiologie du ministère de la Santé de la Fédération de Russie :
est l’un des plus anciens centres de recherche de Russie, qui a célébré son 100e anniversaire en 1991. Les principaux objectifs de recherche du centre sont les problèmes fondamentaux de l’épidémiologie, microbiologie médicale et moléculaire et immunologie infectieuse. Plus d’informations peuvent être trouvées sur gamaleya.org

MOSCOU A MIS EN AVANT DES PARTENARIATS INTERNATIONAUX

Au moment où les firmes occidentales du « Big Pharma » font des bénéfices pharamineux avec la Pandémie du Covid-19 (allez voir les bénéfices du français Sanofi au premier semestre 2020), la position russe contraste. Car dans la foulée de l’annonce de Vladimir Poutine, affirmant que sa propre fille s’était fait inoculer une dose expérimentale, Moscou a mis en avant des partenariats internationaux pour les essais cliniques (Bélarus, Venezuela, Inde) et la production (Inde, Brésil, Chine, Corée du Sud) du vaccin.

« Spoutnik V possède un avantage non négligeable. Basé sur deux adénovirus modifiés, une technologie vaccinale moins fragile que celle choisie par Pfizer (Ndla : le vaccin américain), il n’aura pas besoin d’être stocké à -80 °C », commente Futura-Sciences. « Le vaccin suscite aussi l’intérêt d’autres pays, selon le communiqué de presse, 50 se seraient montrés intéressés pour un total d’1,2 milliard de doses commandées. La Russie semble avoir trouvé un terrain d’entente avec une firme pharmaceutique sud-coréenne pour produire son vaccin à hauteur de 150 millions de doses par an ».

Après les hydrocarbures, les armes, l’énergie atomique, Moscou aimerait ajouter le vaccin à son arsenal d’influence économique et diplomatique et s’assurer une part du marché des pays en développement.

LA RUSSIE EST DE RETOUR

Mais ce premier vaccin symbolise aussi le leitmotiv de la politique du maître du Kremlin depuis deux décennies: la Russie est de retour. « C’est une manière pour lui de montrer que le pays est capable de (…) faire partie de l’élite scientifique mondiale, de faire même mieux que les pays développés », estime sur l’AFP la politologue Tatiana Stanovaïa, fondatrice du centre d’analyse R.Politik. En 1991, après la fin de l’URSS et du Comecon (marché commun des pays communistes), la Russie s’est en effet retrouvée presque sans industrie pharmaceutique. Longtemps dépendant des laboratoires occidentaux, le pays a depuis mis en place un important effort de rattrapage par un programme de substitution des importations.

« Les vaccins produits en Russie sont souvent des vaccins étrangers, alors que là il s’agit d’un des premiers conçus exclusivement en Russie, c’est une fierté nationale », indique à l’AFP Jean de Gliniasty, spécialiste de la Russie à l’IRIS. « Cela symbolise le retour de la Russie dans la cour des grands en matière pharmaceutique. Ils vont essayer d’en tirer le maximum de retombées sur le plan du soft power », ajoute cet ancien ambassadeur de France à Moscou.

LE NOM CHOISI POUR LE VACCIN ANNONCE LA COULEUR :
LE « SPUTNIK V » RAPPELLE UNE PROUESSE SCIENTIFIQUE RUSSE ET UN REVERS HISTORIQUE POUR LE RIVAL AMERICAIN

Hommage au premier satellite du monde, lancé par l’URSS en 1957, le « Sputnik V » rappelle une prouesse scientifique russe et un revers historique pour le rival américain. Et si Moscou voudrait néanmoins coopérer avec l’Occident (comme le montre un partenariat avec AstraZeneca), ce sont surtout les pays avec lesquels la Russie entretient déjà des relations positives qui répondent présents.

Au-delà de la géopolitique, la Russie veut aller vite pour son propre bien: afin d’éviter un deuxième confinement et d’asphyxier l’économie, elle mise sur le vaccin pour sortir de la crise. En nouant des partenariats, Moscou cherche à remplir un vrai besoin: celui d’élargir ses capacités de production. Si la Russie a annoncé que 1,2 milliard de doses du vaccin lui ont été pré-commandées dans le monde, sa capacité de production propre est réduite. Les autorités ont en effet indiqué que deux millions de doses seraient produites dans le pays d’ici fin 2020, alors que le pays compte près de 145 millions d’habitants et que deux doses sont nécessaires par patient. Fin octobre, le président a reconnu que le pays était confronté à des problèmes de production et a dit être à cet effet « prêt à coopérer avec nos collègues scientifiques plus étroitement qu’auparavant ».

La Russie a ainsi conclu un accord avec un groupe indien, qui s’est engagé à produire plus de 100 millions de doses par an. C’est sur ce terrain que Moscou pourrait innover, selon Nathalie Ernoult, co-directrice de l’Observatoire de la santé mondiale de l’IRIS: « Si la Russie fait de véritables transferts de technologie, donne la formule pour pouvoir produire le vaccin, ça répondrait à un appétit d’un certain nombre de pays d’aller vers l’autonomie ».

ANNEXE/ LE COMMUNIQUE RUSSE :
“THE FIRST INTERIM DATA ANALYSIS OF THE SPUTNIK V VACCINE AGAINST COVID-19 PHASE III CLINICAL TRIALS IN THE RUSSIAN FEDERATION DEMONSTRATED 92% EFFICACY”

Moscow, 11.11.2020 – The National Research Center for Epidemiology and Microbiology named after N.F. Gamaleya of the Ministry of Health of the Russian Federation (Gamaleya Center) and the Russian Direct Investment Fund (RDIF, Russia’s sovereign wealth fund), announce that the Sputnik V vaccine, the world’s first registered vaccine against coronavirus (registered on the 11th of August under the emergency use authorization mechanism) created on the well-studied platform of human adenoviral vectors, demonstrated high efficacy. The confirmation is based on the first interim data from the largest double-blind, randomized, placebo-controlled Phase III clinical trials in Russia involving 40,000 volunteers.
The trials evaluated efficacy among over 16,000 volunteers who received the vaccine or placebo 21 days after the first injection. As a result of a statistical analysis of 20 confirmed cases of coronavirus, the case split between vaccinated individuals and those who received the placebo indicates that the Sputnik V vaccine had an efficacy rate of 92% after the second dose.

Separately, in September the vaccine was first administered to a group of volunteers from the “red zones” of Russian hospitals. The observation of additional 10,000 vaccinated volunteers representing medics and other high-risk groups under the civil use of the vaccine out of clinical trials also confirmed the vaccine’s efficacy rate of over 90 percent.
The data received will be published by Gamaleya Center researchers in one of the world’s leading peer-reviewed medical academic journals following an independent valuation of the data by leading epidemiology experts. Following the completion of Phase III clinical trials of the Sputnik V vaccine, Gamaleya Center will provide access to the full clinical trial report.
As of November 11, as part of the clinical trials in Russia’s 29 medical centers, more than 20,000 volunteers were vaccinated with first dose and over 16,000 volunteers with the first and the second dose of the vaccine.

In addition, as of November 11, no unexpected adverse events were identified as part of the research. Some of those vaccinated had short-term minor adverse events such as pain at the injection site, flu-like syndrome including fever, weakness, fatigue, and headache.
During the clinical trials, the safety of the vaccine is constantly being monitored; information is analysed by the Independent Monitoring Committee comprising of leading Russian scientists. Collection, quality control and data processing is conducted in line with ICH GCP standards and involving active participation of Moscow’s Health Department and Crocus Medical, the contract research organization (CRO).
Observation of study participants will continue for six months after which the final report will be presented. Currently Sputnik V Phase III clinical trials are approved and are undergoing in Belarus, the UAE, Venezuela and other countries, as well as Phase II-III in India. A separate detailed study of the vaccine’s safety and immunogenicity for elderly people is being conducted.
The research data will be provided by RDIF to the national regulators of countries interested in purchasing the Russian vaccine in order to streamline the registration process.

* Mikhail Murashko, Minister of Health of the Russian Federation:
“The use of the vaccine and the results of clinical trials demonstrate that it is an efficient solution to stop the spread of coronavirus infection, а preventive healthcare tool, and this is the most successful path to defeat the pandemic.”

* Alexander Gintsburg, Gamaleya Center Director:
“The publication of the interim results of the post-registration clinical trials that convincingly demonstrate Sputnik V vaccine’s efficacy gives way to mass vaccination in Russia against COVID-19 in the coming weeks. Thanks to the production scale up at new manufacturing sites, Sputnik V vaccine will soon be available for a wider population. This will break the current trend and lead to an eventual decrease in COVID-19 infection rates, first in Russia, then globally.”

* Denis Logunov, Gamaleya Center Deputy Director:
“Positive interim results of Phase III give reasons to expect a successful outcome of Sputnik V clinical trials. We will continue to process and analyse all the data and look to the future with optimism, expecting that results of our work will help end the pandemic sooner.”

* Kirill Dmitriev, CEO, Russian Direct Investment Fund:
“Sputnik V is the first registered vaccine against COVID-19 in the world, the vaccine is based on safe and effective platform of human adenoviral vectors. More and more countries are recognizing the human adenoviral vector platform and plan to include these vaccines, as the most studied and known, in their respective national vaccine portfolio. I would also like to stress the importance of international cooperation and close partnership among vaccine-developing states. Vaccines should be above politics. The world needs a diversified portfolio of high-quality vaccines with Sputnik V, based on the well-tested human adenoviral vector platform, being an important element of it.”

The safety of vaccines based on human adenoviruses was confirmed in more than 75 international publications and more than 250 clinical trials conducted during the past two decades (while the history of use of human adenoviruses in vaccine development started in 1953). Adenovirus vectors are genetically modified viruses of the regular flu that cannot reproduce in a human body. When Sputnik V vaccine is used, the coronavirus itself does not enter the body as the vaccine only contains genetic information about part of its outer protein coat, the so called « spikes » forming its crown. This completely eliminates the possibility of getting infected as a result of vaccination while also causing the body’s stable immune response.
On September 4, The Lancet, one of world’s leading medical journals, published a research paper on the results of Phase I and Phase II clinical trials of the vaccine that showed no serious adverse events and an effective immune response of those vaccinated.
Requests for more than 1.2 billion doses of Sputnik V vaccine came from over 50 countries. The vaccine supplies for the global market will be produced by RDIF’s international partners in India, Brazil, China, South Korea and other countries. The existing RDIF contracts with international partners enable the production of 500 million doses of the Sputnik V vaccine outside Russia annually. RDIF is now considering additional requests from a number of countries and companies to further increase its foreign production capacities.

On August 11, the Sputnik V vaccine developed by the Gamaleya Center was registered by Russia’s Health Ministry and became the world’s first registered vaccine against COVID-19. Detailed information on the Sputnik V vaccine, its human adenoviral vectors technological platform, and other details are available at sputnikvaccine.com

(Sources : AFP – Interfax – Futura-Sciences – EODE Think Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
________________

* Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :
WEBSITE http://www.lucmichel.net/ 
PAGE OFFICIELLE III – GEOPOLITIQUE
https://www.facebook.com/Pcn.luc.Michel.3.Geopolitique/ 
TWITTER https://twitter.com/LucMichelPCN
LUC-MICHEL-TV https://vimeo.com/lucmicheltv
* EODE :
EODE-TV https://vimeo.com/eodetv
WEBSITE http://www.eode.org/ 
LINKEDIN https://www.linkedin.com/in/luc-michel-eode-600661163/

LM.GEOPOL - III-2020-1297 vaccin russe (2020 12 08) FR (2)

PAS DE COMENTAIRES