Karel Huybrechts pour
Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2023 03 05/ Série V/
avec PressvTV

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LUC MICHEL : ERDOGAN REELU MALGRE LES OCCIDENTAUX, OU VA LA TURQUIE ?
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En Turquie George Soros pariait sur la victoire de Kemal Kiliçdaroglu.

Le président élu sera confronté à de nombreux défis, dont la pire crise du coût de la vie de l’histoire de la Turquie, avec une inflation à des niveaux record, tandis que la livre turque perd de sa valeur.

Les citoyens turcs se sont rendus aux urnes pour le premier tour de scrutin le dimanche 28 mai afin de choisir leur futur président. Après qu’aucun des trois candidats à la présidence n’a été en mesure d’atteindre le seuil de 50 % plus un au premier tour, le président sortant Recep Tayyip Erdogan et le chef du principal parti d’opposition, Kemal Kiliçdaroglu sont passés au second tour.

Plus de 64 millions de personnes pouvaient voter avec 6 millions de jeunes qui avaient le droit de voter pour la première fois. Le taux de participation serait inférieur à celui du premier tour il y a deux semaines, qui était de 89 %. Kemal Kiliçdaroglu, arrivé deuxième au premier tour avec moins de 45 % des voix, est principalement soutenu par la jeunesse à qui il a promis plus de libertés dans le pays et la possibilité de bénéficier d’une meilleure économie.

Bien qu’il ait recueilli 49,5 % des voix et obtenu la majorité au Parlement au premier tour, le président Erdogan a raté de peu une victoire au premier tour. Cependant, au deuxième tour, le président sortant Erdogan a obtenu le soutien du candidat nationaliste, Sinan Ogan, arrivé troisième au premier tour.

Cette élection a été considérée comme la plus importante de la Turquie, car elle ne décide pas seulement qui gouvernera le pays pour les cinq prochaines années, mais définit également comment le pays sera gouverné, avec des citoyens inquiets pour l’économie et des migrants inquiets pour leur présence en Turquie.

Mais une chose est sûre, le président élu sera confronté à de nombreux défis, dont la pire crise du coût de la vie de l’histoire de la Turquie, avec une inflation à des niveaux record, tandis que la livre turque perd de sa valeur. Il ne faut pas oublier non plus la crise actuelle des réfugiés et les survivants du tremblement de terre dévastateur qui a secoué le sud de la Turquie.

« CES RESULTATS MONTRENT QUE LES DEMOCRATIES ILLIBERALES ONT DES MOYENS POUR RESTER AU POUVOIR », SELON UN SPECIALISTE DES RELATIONS INTERNATIONALES

Recep Tayyip Erdogan a été réélu président de la Turquie avec 52,2%, signe selon le géopolitologue Dominique Moïsi que la diffusion massive de sa propagande dans les médias a payé, face à un adversaire moins charismatique.

« Ces résultats montrent que les démocraties illibérales ont des moyens pour rester au pouvoir », réagit lundi 29 mai sur franceinfo Dominique Moïsi, géopolitologue, conseiller spécial à l’Institut Montaigne et spécialiste des relations internationales, au lendemain de la réélection du président Recep Tayyip Erdogan, le président sortant qui a obtenu 52,2 % des voix selon un décompte quasi définitif.

franceinfo : Quelle est votre première réaction après cette réélection du président Recep Tayyip Erdogan ?

Dominique Moïsi (sur franceinfo) :
« En Turquie, on a une société profondément divisée. Ces résultats montrent que les démocraties illlibérales ont des moyens pour rester au pouvoir. La capacité de propagande du régime en place a été infiniment supérieure à celle de cet opposant. On a déjà vu cela dans la Hongrie de Viktor Orban. Il se succède, lui aussi, à lui-même en monopolisant la presse et plus globalement les médias en sa faveur. En fait, la force d’Erdogan, surtout par rapport à son opposant, a été de dire, sur le plan international : « La Turquie, c’est moi ». Sa position est de dire : je suis indépendant pratiquement de tous, je ne dis pas si je suis membre de l’Otan, je ne dépends pas de l’Alliance américaine, je choisis quelles armes j’achète. Il y a toujours chez Erdogan une sorte de rêve néo-ottoman, c’est-à-dire qu’il considère être le descendant des grands sultans de l’Empire ottoman. Quand vous regardez les séries télévisées, ils mettent par exemple l’accent sur la grandeur de Mehmed II, l’homme qui a réussi à prendre Constantinople en 1453. Il y a vraiment cette volonté de se placer dans l’héritage de l’Empire ottoman. D’autant plus que le candidat de l’opposition n’était pas charismatique et n’avait pas de connaissance des dossiers internationaux. Mais pour les démocraties occidentales, la victoire d’Erdogan n’était pas le résultat attendu. Elles espéraient qu’un homme plus ouvert à l’Europe, plus fidèle dans ses alliances, succède à Erdogan. Ça n’a pas été le cas. Il faut vivre avec ce que l’on a. »


Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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