Edité par Luc MICHEL
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2023 08 08/

Les manifestations contre la France font rage dans le Sahel

Plusieurs figures de la société civile tchadienne ont demandé dans un communiqué le retrait des troupes françaises du pays. La présence de contingents français a déjà été remise en cause dans plusieurs États africains.

La chute des dominos va-t-elle continuer pour Paris ? Déjà expulsées du Mali, du Burkina et bientôt du Niger, les forces françaises sont désormais chahutées au Tchad. La société civile semble en effet en ébullition et plusieurs personnalités ont signé un communiqué demandant le retrait des militaires sous trois mois.

Le document signé notamment par le président du parti RAJET, fustige la volonté de Paris de « s’accrocher à l’Afrique, telle une sangsue ». Les signataires demandent le démantèlement des bases françaises au Tchad, mais aussi l’annulation des « accords coloniaux » entre Paris et N’Djamena, ainsi que l’arrêt des « intimidations de la diplomatie française » à l’égard du gouvernement.

« Le peuple tchadien a pris conscience et a compris que la France n’apporte rien. La politique française n’apporte rien au Tchad. Le peuple tchadien n’est pas contre la France, mais nous sommes contre la politique française au Tchad », explique-t-il.

Les auteurs de l’appel s’opposent par ailleurs à une possible relocalisation des militaires français quittant le Niger. La question se pose en effet, alors que Emmanuel Macron a promis le retrait des 1500 soldats sur place « dans les semaines et les mois qui viennent ». Le Bénin a d’ores et déjà déclaré qu’il ne voulait pas accueillir de nouvelles bases françaises. La Mauritanie ne semble pas non plus un point de chute adéquat, a fait savoir le président Mohamed Ould Ghazouani.

Le retrait du Niger devrait donc mettre en péril la présence française dans la zone sahélienne. Le Tchad restant le dernier appui militaire pour Paris dans la région, explique Seidik Abba, président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (CIRES).

« L’action militaire française dans cette zone est compromise. La France reste présente au Tchad, frontalier du Niger, mais dont la capitale est à plus de deux heures de vol de Niamey », déclare-t-il ainsi.

Un contingent de 1000 soldats français est actuellement présent au Tchad, au titre habituel de la fameuse lutte contre le terrorisme au Sahel. N’Djamena a en outre accueilli le poste de commandement interarmées lors de l’opération Barkhane.

Au Niger, la pression du peuple contre les militaires français d’occupation continue d’augmenter.

Afin de célébrer leur 30e jour de protestation devant la base militaire française située à Niamey, les associations de la société civile qui soutiennent les autorités militaires du Niger ont organisé une manifestation imposante dimanche après-midi.

Après s’être rassemblés à la « Place Toumo », des milliers de personnes ont marché sur une distance de trois kilomètres pour arriver à la « Place de la résistance », anciennement connue sous le nom de rond-point Escadrille, située à proximité de la base militaire française.

La manifestation a été organisée par des organisations de la société civile qui soutiennent les autorités militaires qui ont pris le pouvoir lors du coup d’État du 26 juillet dernier. Les principales centrales syndicales ont également appelé leurs membres à y participer.

Lors de la 78e Assemblée générale des Nations unies qui s’est tenue à New York fin septembre, le ministre des Affaires étrangères du Niger, Yaou Bakary Sangaré, n’a pas pu s’exprimer. Cependant, il a profité d’une autre occasion pour expliquer le contenu de son discours qu’il avait prévu de donner à la tribune de l’ONU.

Il a accusé la France d’avoir agi de manière à l’empêcher d’intervenir et a affirmé que la lutte du peuple nigérien pour se libérer de l’influence française était définitive. Il a également déclaré que les autorités de transition étaient suffisamment convaincues pour mener cette lutte aux côtés du peuple.

Depuis le 2 septembre, des milliers de personnes manifestent quotidiennement devant la base militaire française de Niamey pour exiger le retrait de 1500 soldats français du Niger. Le 4 août, les autorités militaires nigériennes ont dénoncé plusieurs accords militaires avec la France et ont demandé le départ des soldats français présents sur leur territoire. Initialement, Paris avait refusé cette demande, arguant qu’elle ne reconnaissait pas la légitimité du pouvoir militaire de Niamey. Cependant, lors d’une interview télévisée le 24 septembre, le président français Emmanuel Macron a annoncé que les soldats français quitteront le Niger avant la fin de l’année.

Les rapports diplomatiques entre la France et le Niger, qui était autrefois sa colonie, sont devenus très tendus depuis le coup d’État militaire du 26 juillet dernier qui a renversé le président Mohamed Bazoum.

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