A quelques jours d’un congrès très attendu, le verrouillage de l’information sur l’événement est impressionnant. A chaque question, tout le monde chargé de l’organisation du rendez-vous de ce weekend à Ngozi affiche un sourire neutre. Avec une réponse invariable : « Il y aura de grosses surprises ! »

Malgré tout, après des semaines de contacts et de sondage à gauche à droite au sein des proches des décideurs du parti, Ikiriho est à mesure de donner les premiers contours d’un congrès qui s’annonce décisif.

Témoignage il y a une semaine d’un sénateur influent du CNDD-FDD : « Personne n’est dupe parmi nous. Nous savons que les capitales occidentales poussent le CNARED à rester uni en vue de 2020. L’objectif, disent-elles, est de démilitariser la politique burundaise pour éviter la mauvaise gouvernance. En réalité, elles se sont rendues compte qu’avec l’influence des généraux qu’elles détestent tant, certains calculs de changement de régime en s’appuyant sur un mauvais voisinage sont irréalisables. Il leur faut donc augmenter le nombre de politiciens civils et sans passé du maquis, facilement manipulables, qui ont peur du canon. On a vu la même opération en Angola, en Afrique du Sud, en Algérie, etc. »
Leur scénario est d’autant plus suivi que l’Union Européenne et les USA comptent sur le départ de Nkurunziza en 2020. Lui qui l’a promis à deux reprises, en mai 2015 et en août 2015. « Nkurunziza a cette capacité d’unir le parti. Son départ sera l’occasion rêvée d’opérer des récupérations au sein du CNDD-FDD, en s’appuyant sur des appétits de succession insatisfaites. A l’image des frondeurs de 2015. »

Une analyse partagée par un important mobilisateur du CNDD-FDD opérant entre Muramvya, Gitega et le Mugamba: « Les parrains des manifestations de 2015 vont beaucoup investir dans le CNARED pour brouiller les cartes. Puis à l’approche de 2020, tous les efforts vont se porter sur Rwasa. Les diplomates européens et américains savent que c’est lui le vrai opposant, capable de prendre une partie de l’électorat hutu majoritairement derrière le Cndd-Fdd. Il aura beaucoup d’argent en 2020 pour sa campagne. A côté, les anciens bailleurs vont poursuivre la politique de refus de l’aide aux institutions gouvernementales. Ils pensent appauvrir ainsi le Cndd-Fdd sur les quatre prochaines années, et le priver de moyens pour la campagne électorale de 2020. »

Le Congrès de Ngozi va donc installer l’équipe chargée de se préparer au choc de 2020.

Deux messages importants devraient être livrés ce weekend: premièrement, la modernisation des structures du parti. Des organes vont disparaître, d’autres vont être installés. Lesquels ? Personne ne peut le dire.
Ce qui est sûr, le règlement d’ordre intérieur du CNDD-FDD devrait être modifié dès ce samedi 18 juin 2016.

Le deuxième message sera lancé dimanche 19 juin, avec l’élection de la nouvelle direction du parti. Normalement, les instances actuelles du CNDD-FDD avaient mandat jusqu’en mars 2017. Mais il y a urgence face à la pression électorale de 2020. « Nous avons besoin d’organes qui suivent la vie du parti au jour le jour », témoigne un haut cadre du parti à l’aigle, faisant référence entre autres à l’actuel numéro Pascal Nyabenda accaparé par ses fonctions de Président de l’Assemblée Nationale.
Avec l’élection de la nouvelle direction du parti, « le CNDD-FDD veut souligner qu’une transition pacifique est possible, même dans des moments tendus comme ceux que nous vivons », glisse un Commissaire du parti entre deux appels téléphoniques.

Reste la question que tout le monde se pose: qui va conduire le CNDD-FDD à la bataille électorale de 2020 ?

(Source : ikiriho.org, 15 juin 2016)

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