LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 08 17/
Les États-Unis et l’OTAN tentent une «révolution de couleur» pour renverser le gouvernement de Biélorussie, le seul État ex-soviétique qui a encore des politiques socialistes et un contrôle étatique sur l’économie ! Le fer de lance de cette offensive géopolitique n’est pas l’OTAN, mais l’Union dite « Européenne », plus que jamais le bras politique de l’OTAN ! Mais Bruxelles et les pays pro-américains de la « nouvelle Europe » (dixit Colin Powel), le hardcore géopolitique de la Russophobie – Varsovie (la bête noire de Poutine) (1), Vilnius et Riga – se trompent d’époque. Nous ne sommes plus en 2000-2008, le temps rêvé par l’UE du « partenariat oriental » (2), mais en 2020. Et le Bélarus appartient sans conteste à la shère d’influence géopolitique de moscou !
I-
UNE VAGUE DE « REVOLUTIONS DE COULEUR » CONTRE LE PRESIDENT LUKASHENKO
De 2000 à 2005 une série de « révolutions de couleur » a installé des régimes pro-américains ou tenté de le faire (3) : Serbie (le coup d’essai réussi en 2000) – Belarus (où Lukashenko, précisément, a arrêté tous les coups d’état occidentaux) – Géorgie – Ukraine « orangiste » – Kyrgistan …
Dès 2005, le Liban voit « la révolution du Cèdre ». Qui a repris en cet été 2020 … Depuis 2005, une seconde vague a été tentée en Eurasie et exportée au Proche-Orient et en Amérique Latine : Russie (où Poutine les a stoppées, notamment en 2011-2012) – Belarus (en permanence) – Mais aussi au Venezuela (à trois reprises, dont l’actuelle) et au Liban.
Et un peu partout depuis 2011, le procédé bien rodé a été exporté au Proche-Orient par les mêmes maîtres d’œuvre et avec les mêmes spécialistes : Egypte, Tunisie, Maroc, Libye – où elle s’est immédiatement transformée en guerre civile -, Yemen, Algérie – où elle a échoué – et Syrie – où elle s’est aussi transformée en guerre civile (et ce n’est pas un hasard). Mais aussi à Hong-Kong (« révolution des paraplues »). Et en Afrique noire, le soi-disant « printemps africain » !
BELARUS : COMMENT LUKASHENKO A MIS EN ECHEC LES METHODES INSURRECTIONNELLES DE L’OCCIDENT DES 2002
A chaque élection, une révolution de couleur est tentée. La version locale de OTPOR (les tombeurs de Milosevic qui organisent depuis internationalement les activistes pro-occidentaux, pour le compte de la CIA) s’appelle ZBUR (Bison). Le président Lukashenko, fort d’un pouvoir populaire, appréhende le coup d’état de 2000 en Serbie. « Minsk n’est pas Belgrade » déclare-t-il dès 2002 ; Il prend des mesures, notamment l’organisation du Front Républicain de la Jeunesse du Bélarus, chargé de contrer les groupes de choc de l’OTAN dans la rue. Le malaise au sujet du Bélarus et de l’échec des tentatives de révolutions de couleur est palpable dans les médias de l’OTAN. Ainsi WIKIPEDIA a choisi, et c’est révélateur, de ne pas en parler du tout. Le président Poutine en Russie s’inspirera des contre-mesures du Bélarus, notamment en organisant en 2005 le « mouvement de la jeunesse démocratique et antifasciste russe » NASHI (Les Nôtres) pour tenir la Rue.
Le président Lukashenko « accuse l’opposition d’être « vendue » aux intérêts étrangers, et notamment américains ». Minsk a « réussi à chasser depuis plusieurs années toutes les ONG internationales, comme la fondation Soros » et les financements extérieurs sont difficiles. D’où le rôle joué par Varsovie et Vilnius dans l’encadrement de l’opposition compradore du Bélarus.
UNE NOUVELLE « REVOLUTION DE COULEUR » A MINSK A L’ETE 2020 (ANNONCEE PAR ‘STRATFOR’)
‘Stratfor’, «la CIA de l’ombre» (à la suite de certains critiques aux États-Unis) et plus sérieusement le Think Tank géopolitique du Lobby militaro-industriel US, admet vouloir instaurer un régime fantoche néolibéral occidental:
Quel est le scénario décrit par ‘Stratfor( juste AVANT l’élection ?
« Les conséquences probablement tumultueuses de la prochaine élection présidentielle en Biélorussie pourraient bouleverser considérablement l’équilibre des pouvoirs dans la région frontalière stratégique entre la Russie et l’Europe occidentale. Au milieu de la popularité croissante des mouvements d’opposition en Biélorussie, le résultat de l’élection présidentielle du 9 août dans le pays devrait être largement contesté. L’émergence probable de manifestations post-électorales jettera le doute sur l’emprise du président Alexander Lukashenko sur le pouvoir et pourrait ouvrir la porte à un éventuel changement de régime. L’importance de la Biélorussie pour la stratégie de sécurité extérieure de la Russie rendra Moscou extrêmement investi dans l’issue de toute lutte de pouvoir dans le pays, ce qui pourrait inciter la Russie à intervenir directement. »
II-
CE QUE NE VEULENT PAS VOIR LES MEDIAS DE l’OTAN ET LES POLITICIENS DE L’UE : MINSK APPARTIENT A LA SPHERE GEOPOLITIQUE DE MOSCOU !
La Biélorussie n’appartient pas à la sphère d’influence de Bruxelles, et encore moins à celle de l’OTAN. C’est ce que vient de rappeler le président Lukashenko …
Sous pression, le président bélarusse a agité ce samedi « le spectre d’une intervention russe » (dixit l’AFP), affirmant que « son homologue Vladimir Poutine lui avait assuré, lors d’un entretien téléphonique, son « aide » pour préserver la sécurité du Bélarus, une ex-république soviétique ».
Dimanche, le Kremlin s’est dit prêt à fournir une assistance militaire, si nécessaire, dans le cadre du traité d’Union liant les deux pays, et de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTCS) composée de six anciennes républiques soviétiques. Le dirigeant bélarusse a dit fort justement faire face à une « révolution de couleur » avec des « éléments d’interférence extérieure. »
LOUKACHENKO AFFIRME QUE POUTINE LUI A ASSURE UNE « AIDE » SECURITAIRE
« Nous nous sommes entendus avec lui (Vladimir Poutine): dès notre première demande, une aide complète sera fournie (par la Russie) pour assurer la sécurité du Bélarus », a affirmé M. Loukachenko, cité par l’agence publique ‘Belta’, après que les deux dirigeants se furent entretenus par téléphone. Le président bélarusse, confronté à la plus grande vague de protestation depuis son arrivée au pouvoir en 1994, a évoqué un accord militaire liant son pays à Moscou via l’Union de la Russie et du Bélarus, une alliance intergouvernementale, et l’Organisation du traité de sécurité collective (OTCS). « Quand il est question de la dimension militaire, nous avons un accord avec la Fédération russe dans le cadre de l’Union (de la Russie et du Bélarus) et de l’OTCS », a souligné A. Loukachenko. « C’est pour cela que j’ai eu aujourd’hui une conversation longue et approfondie avec le président russe sur la situation », a-t-il ajouté.
L’OTCS, LA CONTRE-OTAN
AU SEIN DE L’OCS
Autour de la Russie – avec notamment le Belarus du Président Lukashenko, mais aussi la Chine, toute aussi inquiète des prétentions de Washington en Eurasie – s’est reconstitué à partir des Années 2005-2006 un pôle de puissance, géopolitique, économique et militaire, qui dresse à nouveau sur l’Espace ex-soviétique une grande puissance (4) capable de rivaliser avec Washington et son bras armé militaire l’OTAN.
Voici les organismes transnationaux qui se constituent autour de Moscou
– Communauté économique eurasiatique (CEEA: Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizie, Ouzbékistan, Russie et Tadjikistan),
–  Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC de la Communauté des Etats indépendants, alliance militaire du type de l’Organisation du Traité de Varsovie),
– Organisation de coopération de Shanghai (OCS : Russie, Kazakhstan, Kirghizie, Chine, Tadjikistan et Ouzbékistan. Le Pakistan, l’Iran, l’Inde et la Mongolie y ont le statut d’observateur, la Chine et la Russie y jouent des rôles clés),
– Espace économique commun (EEU, Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizie et Tadjikistan),
– Union Economique et douanière eurasiatique (Russie, Belarus, Adzerbaïdjan).
une SECONDE EUROPE, une AUTRE EUROPE eurasiatique se dresse face à la Petite-Europe atlantiste de Bruxelles liée aux USA.
Plus personne ne conteste aujourd’hui cette thèse géopolitique, énoncée pour la première fois par Jean THIRIART, le père du « Néoeurasisme » dès 1964, selon laquelle « l’Europe va de l’Atlantique à Vladivostok ».
L’OTSC – « ce nouveau Pacte de Varsovie » (dixit le journal russe KOMMERSANT en 2005) – DEFINIT CLAIREMENT SA PLACE EN EUROPE. Ce bloc compte, parmi ses alliés potentiels, les pays d’Asie faisant partie des Six de Shanghai, avant tout la Chine, qui représente une force imposante dans la compétition avec l’OTAN.
LE BELARUS GLACIS MILITAIRE DE LA RUSSIE
Un accord militaire lie Minsk à Moscou via l’Union de la Russie et du Bélarus, une alliance intergouvernementale binationale, et l’Organisation du traité de sécurité collective (OTCS). Les armées russes et belarusses sont intégrées à divers niveaux, notamment la défense aérienne. Minsk constitue le glacis militaire de la Russie et lui donne un avantage stratégique en cas d’attaque aérienne ou par missiles des USA de l’OTAN, dont les éléments d’agression contre Moscou sont précisément déployés en Roumanie, en Pologne et dans les Pays baltes. Il faut être aveuglé par l’Atlantisme des politiciens de Bruxelles ou Varsovie, ou par la corruption des activistes de Minsk, pour s’imaginer que Poutine va laisser opérer un changement de régime pro-américain au Bélarus ! Ou laisser Minsk quitter l’Espace Eurasiatique pour Bruxelles. Les leçons de la Crimée n’ont visiblement pas été comprises à Bruxelles (5).
Dernier élément du Dossier, qui semble échapper aux adversaires de Lukashenko : l’OTCS en 2018 et 2019 a organisé des manoeuvres militaires conjointes, pour contrer une tentative de révolution de couleur dans un des pays membres …
NOTES ET RENVOIS :
(1) Sur l’opposition entre Poutine et Varsovie :
Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ DEBAT SUR LA SECONDE GUERRE MONDIALE ET GEOHISTOIRE (I) : POUTINE PUBLIE UNE IMPORTANTE TRIBUNE HISTORIQUE POUR DENONCER LE ‘REVISIONNISME OCCIDENTAL’
(2) Sur le « Partenariat oriental » de l’Union Européenne, consulter la Page spéciale de EODE pour la MINSK :
INTERNATIONAL CONFERENCE « THE PROSPECTS OF THE EASTERN PARTNERSHIP » :
Nombreuses videos et analyses sur
(3) Sur les « révolutions de couleur », voir :
PANAFRICOM/ ENQUETES SUR LA DESTABILISATION DE L’AFRIQUE (I) : DE LA YOUGOSLAVIE (2000) AU ‘PRINTEMPS AFRICAIN’ (2015-1018) : COMMENT S’ORGANISENT LES « REVOLUTIONS DE COULEUR » ?
Et : Luc MICHEL, PCN-INFO
PSEUDO REVOLUTIONS DE COULEUR ET SOI-DISANT PRINTEMPS ARABE : LES COUPS D’ETAT DES USA A L’EST ET EN ORIENT DECRYPTES
(4) Cfr. Luc MICHEL, EODE THINK TANK/ GEOPOLITIQUE / THESES SUR LA « SECONDE EUROPE » UNIFIEE PAR MOSCOU
(5) Voir sur EODE-TV SIMFEROPOL/
LUC MICHEL: REVOLUTION GEOPOLITIQUE EN CRIMEE
Et Luc MICHEL :
REVOLUTION GEOPOLITIQUE. LES ONZE JOURS QUI ONT CHANGE L’ORDRE POST-SOVIETIQUE : LA CRIMEE EST RUSSE !
(Sources : Stratfor – AFP – Belta – Kommersant – PCN-Info – Palestine Solidarité – EODE Think Tank)
Photo :
Luc MICHEL à Minsk devant le Palais du Peuple.
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
________________
* Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :
PAGE OFFICIELLE III – GEOPOLITIQUE
* EODE :
LM.GEOPOL - Minsk I (2020 08 17) FR (1) (1) LM.GEOPOL - Minsk I (2020 08 17) FR (2)) LM.GEOPOL - Minsk I (2020 08 17) FR (2)

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