LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2020 08 18/
J’ai publié hier une analyse des événements du Belarus, vu sous l’angle de la Géopolitique, rappelant l’appartenance de Minsk à la sphère d’influence géopolitique russe :
* LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
REVOLUTION DE COULEUR A MINSK (I): BRUXELLES-VARSOVIE-VILNIUS OUBLIENT QUE LE BELARUS APPARTIENT A LA SPHERE D’INFLUENCE GEOPOLITIQUE RUSSE !
Cette analyse, qui a rencontré un grand succès, m’a valu de nombreuses questions. Tout d’abord sur mon analyse elle-même, ensuite sur la nature du Régime de Lukashenko et l’arrière-plan idéologique de la nouvelle révolution de couleur à Minsk, la première datant de 2002.
1-
SUIS-JE LE SEUL A CONSTATER L’APPARTENANCE DE MINSK A LA SPHERE D’INFLUENCE GEOPOLITIQUE RUSSE ?
Les hasards de l’actualité conduisent souvent à des analyses similaires au même moment. Deux chercheurs occidentaux ont développé pour ‘La Libre Belgique’ (Bruxelles, média de l’OTAN proche des réseaux, en particulier africains, de Sorös) quelques heures après moi, une analyse similaire (mais au ton hostile au président), sous le titre « Si la rue gagne en Biélorussie, la Russie interviendra militairement ». Que disent Noé Morin, spécialiste de la Russie, et Bryan Bille, expert en relations internationales :
Extrait : « C’est une des issues possibles à la crise qui frappe la Biélorussie. La Russie ne peut pas se permettre qu’un pays aussi proche et aussi stratégique que la Biélorussie échappe à sa sphère d’influence. L’intervention militaire ou paramilitaire de la Russie devient alors une certitude. De nombreux commentateurs ont relevé des similitudes entre les manifestations actuelles en Biélorussie et l’insurrection de Maïdan en Ukraine. En 2014, celle-ci avait entraîné la fuite du président ukrainien Viktor Ianoukovitch  (…) Pour comprendre les manifestations biélorusses, il faut comprendre que la Biélorussie est un État vassal du fait de sa situation – à la confluence des sphères russe et occidentale –, de son économie profondément dépendante des avantages commerciaux accordés par Moscou (produits énergétiques à bas coût) et de son appareil sécuritaire hérité de l’Union Soviétique. En tant que tel, la Biélorussie n’est pas souveraine car ses choix lui sont dictés par des parrains étrangers, russes majoritairement (…) Dernièrement, un nouvel acteur a fait son entrée dans les affaires de la république : la Chine. Pékin, qui est le troisième partenaire commercial de la Biélorussie et qui vient d’y implanter une zone économique spéciale, le parc industriel Great Stone dans la banlieue de Minsk, ne cache pas son ambition de faire de la Biélorussie son avant-poste pour la conquête des marchés balte et scandinave (…)
Un des cénarios qu’ils esquissent est que : « dans le sillage de l’Ukraine, le pays emprunte la voie des révolutions de couleur. Or, la Russie ne peut pas se permettre qu’un pays aussi proche et aussi stratégique que la Biélorussie échappe à sa sphère d’influence. L’intervention militaire ou paramilitaire de la Russie devient alors une certitude. L’histoire de la Biélorussie n’est pas simplement l’histoire d’un pays en crise (…) La Biélorussie est le reflet d’une recomposition des puissances, d’un pays qui oscille entre plusieurs pôles. Les manifestants de Minsk sont inconsciemment, indirectement, les forces du « grand jeu » qui fait et qui défait les empires. »
2- DERRIERE LES REVOLUTIONS DE COULEUR TENTEE CONTRE LUKASHENKO – LA PREMIERE EST DE 2002 – IL Y A LA DETESTATION PAR LES OCCIDENTAUX DE L’HOMME QUI A INVERSE LE ‘PROCESSUS DE TRANSITION’ ET INSTAURE LE ‘SOCIALISME POST-SOVIETIQUE’ …
Une révolution de couleur n’est pas seulement un scénario géopolitique de changement de régime en faveur des occidentaux. Il y a toujours un arrière-plan idéologique. Deux hommes ont arrêté le « processus de transition » à l’Est : le Yougoslave Milosevic à partir de 1988 à Belgrade et Lukashenko à Minsk en 1994.
Tous deux n’ont pas mené une résistance d’arrière-garde mais ont préparé le restauration de l’Etat russe, lui aussi confronté au « processus » et préparé les Années Poutine et le retour des « Etatistes » face aux libéraux à l’Est (1) (2). La destruction des IIe et IIIe Yougoslavie – pas plus que celle, connexe, de la Jamahiriya de Kadhafi en 2011 ou les assauts contre Minsk –  n’a pas reposé que sur les plans géopolitiques des USA dans la dernière phase de la Guerre froide. La Yougoslavie de Milosevic représentait aussi un défi et une expérience idéologiques insupportables  pour le Bloc américano-occidental (3) (comme le sera aussi la Jamahiryah de Kadhafi) (4) …
COMMENT ANALYSER LE « PROCESSUS DE TRANSITION » A L’EST ET EN LIBYE ?
Vaste sujet, que je vais essayer de vous synthétiser. Le « processus de transition » répond à un concept à la fois économique et politique. Qui est la notion centrale du passage des économies socialistes à l’économie libérale-capitaliste mondialisée. Ce processus d’ailleurs dépasse très largement l’économie pour concerner l’ensemble du passage de l’ancienne société à l’économie capitaliste et à l’état libéral. Ce libéralisme économique s’accompagne d’une libéralisation politique. Un processus global donc à la fois économique, politique, social et culturel. La « mise au pas » – pour employer le vocabulaire du IIIe Reich – d’une nation au diapason du monde libéral américanisé ! Partout à l’Est, ce processus a été réalisé. Sauf au Belarus, où le président Lukashenko l’a à partir de 1996 arrêté et inversé, maintenant l’Etat socialiste dit « post-soviétique ». Ce qui explique la haine de l’Occident pour l’homme d’état de Minsk. Et sauf en Yougoslavie jusqu’en 2000 et le renversement de Milosevic par un coup d’état rampant pro-occidental, la première des « révolutions de couleur ».
J’AI, PRECISEMENT A MINSK EN 2011, DEVELOPPE UNE ANALYSE APPROFONDIE SUR LE « PROCESSUS DE TRANSITION », AU BELARUS, EN YOUGOSLAVIE ET EN LIBYE NOTAMMENT :
* Cfr. International conference “The prospects of the Eastern partnership” – Minsk 5.05.2011 :
Conférence de Luc MICHEL (PART.1 – 2 – 3) reprise sur PCN-NCP-TV, sur “Le Modèle du Belarus comme alternative à la Globalisation”
* Voir aussi la Page spéciale de EODE pour la MINSK :
INTERNATIONAL CONFERENCE « THE PROSPECTS OF THE EASTERN PARTNERSHIP » :
Nombreuses videos et analyses sur le « processus de transition », mais aussi le « partenariat oriental » de l’UE
3-
LE ‘SOCIALISME POST-SOVIETIQUE’ DU BELARUS C’EST QUOI ?
Ajoutons que Lukashenko a aggravé son cas, puisqu’il a maintenu au Belarus, loin du libéralisme,  des structures économiques issues de l’URSS et organisé un « socialisme post-soviétique » (centré sur les anciens kolkhozes – Lukashenko dirigeait une ferme collective avant 1994) et qualifié de « socialisme agricole des laiteries ».
Le Socialisme n’est pas une vieille lune issue des XIXe et XXe siècles, mais la seule alternative au XXIe à la barbarie, la jungle de la Globalisation libérale.
J’ai longuement traité les thématiques du « Socialisme du XXIe siècle », notamment au Venezuela de Chavez et au Belarus de Lukashenko, pour l’ancienne Radio ‘Cameroon Voice’ (à partir de septembre 2014, la Radio, dont le fondateur est décédé, est récupérée par les Réseaux Sorös et devient un des organes de l’ennemi), pour l’émission « Sans détour: Après Chavez, où va la révolution Bolivarienne ? » :
* Ecoutez le Podcast sur :
PCN-TV (Compte Archives I sur YouTube) /
GEOPOLITIQUE & IDEOLOGIE /
ENTRETIEN DE LUC MICHEL AVEC RADIO CAMEROUN : APRES CHAVEZ, OU VA LA REVOLUTION BOLIVARIENNE ?
Dans ce Podcast, j’avais dressé un vaste tableau – géopolitique, idéologique, historique des expériences socialistes au XXIe siècle :
Belarus, Lukashenko, Syrie ba’athiste, Irak ba’athiste, Chine, Russie, Poutine, KPRF, Ziuganov, PCN, Libye, Iran. En particulier La dernière partie de l’émission était consacrée au « Socialisme du XXIe siècle ». Sujet que je traite depuis le début des Années 80. On me doit, bien avant les Années Chavez, l’expression de « Socialisme du XXIe siècle », dans une brochure sur le « Socialisme communautaire » de 1985.
Bien au-delà du Socialisme de Chavez, je parle longuement des problèmes internes des économies socialistes comparées, de leurs divers essais de réforme. Notamment Hongrie des Années 80 (le « socialisme du Goulash »), Belarus « post-soviétique » de Lukashenko, mais aussi « socialisme Jamahiryen » libyen, voie chinoise ou Cuba. Il évoque aussi « l’opposition fondamentale aujourd’hui » entre Etatisme/Economie dirigée et Globalisation/ultra-libéralisme.
Sujets abordés : Economies socialistes comparées, bureaucratie, globalisation, économie dirigée, idéologie étatiste, processus de transition, voie hongroise, voie chinoise, NEP soviétique, socialisme bolivarien, oligarques russes, Russie de Poutine…
NOTES ET RENVOIS :
(1) Voici mon analyse originale, toujours valable :
DE KADHAFI A POUTINE… LES LIBERAUX CONTRE L’ETAT RUSSE !
(2) Une décennie plus tard, voici le président Poutine qui se positionne en leader anti-libéral global et proclame « le libéralisme décadent et obsolète » :
Cfr. PUTIN’S INTERVIEW TO ‘FINANCIAL TIMES’
(3) Cfr. LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ GEOPOLITIQUE RETROSPECTIVE : LE DEFI DE LA YOUGOSLAVIE DE MILOSEVIC (LES GUERRES DE YOUGOSLAVIE II)
(4) C’est effectivement le même processus qui a détruit la Jamahiriya libyenne de Kadhafi. Détruite sur un scénario qui rappelle étroitement la Yougoslavie et ce n’est pas un hasard. La Libye aussi, depuis 2003, avait une aile libérale, opposée à celle des socialistes patriotes. Celle rassemblée derrière Saïf Al Islam(qui n’est PAS l’héritier de Kadhafi comme le racontent des escrocs politiques, y compris jusqu’aux plateaux de Afrique Média ou de Press TV), qui a amené libéraux et islamistes (comme le président du pseudo CNT Abdel Jalil) au pouvoir. Il faut lire les pages révélatrices de Bernard-Henry Levy sur Saïf dans son livre d’auto-propagande personnelle « LA GUERRE SANS L’AIMER », où il pose la question qui choque : « comment celui qui était des nôtres (l’expression est de lui) a-t-il pu rejoindre son père ? »… Là le régime a aussi été déstabilisé et attaqué de l’intérieur. Avant que les bombes, les armées et les mercenaires de l’OTAN et des USA ne viennent finir le travail. J’ai vécu de l’intérieur cette prise de la Libye, aux côtés de nos camarades socialistes du MCR. J’ai vu comment les illusions de Tripoli sur la coexistence pacifique et l’économie globalisée ont permis aux libéraux libyens de se constituer en Cheval de Troie et de préparer l’assaut extérieur.
Sources : La Libre Belgique – PCN-TV – Cameroon Voice – ELAC Website – EODE Think Tank)
Photo :
LM à Minsk, conférence en 2011.
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
(Vu de Moscou et Malabo) :
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